Depuis une vingtaine d’années, les pratiques de recrutement s’appuient toujours davantage sur des outils numériques et depuis une dizaine d’années, sur les réseaux sociaux. Elles se sont diversifiées pour s’inscrire dans une triple dynamique de visibilité, d’attractivité et de sélectivité, qui touche autant les organisations que les individus, autrement dit les recruteurs comme les candidats, chacun désormais attentif à sa réputation. Si cette transformation accroît le niveau d’exigence concernant les informations diffusées et se traduit par de la transparence, elle peut induire une certaine opacité dans le traitement des données numériques. Les changements à l’œuvre mettent en jeu de nouvelles formes interactionnelles et conversationnelles qui interrogent autant le traitement informationnel que le cadre communicationnel. Ce numéro aborde donc la problématique du recrutement à l’aune des dispositifs numériques, tant du côté des employeurs que des candidats, et interroge les logiques de ces formes multiples de mise en visibilité.
En favorisant l’identification de l’organisation comme du candidat, les nouveaux modes de recrutement numériques peuvent être analysés sous le prisme des régulations sociales dans une dynamique culturelle. Ils peuvent tout autant être considérés comme les signes d’une amplification d’un discours, censé renforcer des formes de cohésion et de continuité dans une optique managériale. Si la relation candidat-employeur est par nature asymétrique, elle se traduit par un échange d’informations qui donne à voir une expérience, permet d’énoncer des valeurs et profile une carrière…