En décembre 2003, environ neuf mois après le début de la guerre d’Irak à laquelle son mandat serait à jamais associé, on avait demandé à George W. Bush, alors président des États-Unis, si les décisions prises par son gouvernement étaient conformes au droit international. « Je ne sais pas ce que vous entendez par “droit international”. Je ferais mieux de consulter mon avocat », avait-il plaisanté. La désastreuse aventure militaire de Bush avait jeté une lumière vive sur l’importance des normes et des institutions internationales, mais aussi sur les conséquences qu’impliquait leur transgression. Malheureusement, il semblerait que nous ayons oublié cette leçon une fois de plus.
Depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, les Nations unies ont été la pierre angulaire d’un ordre international fondé sur des règles. Alors que beaucoup d’autres accords internationaux s’attaquent à des sujets précis tels que les armes chimiques, la guerre bactériologique ou encore la stabilité des régions, on a confié à l’ONU le rôle global de maintenir la paix et l’équilibre dans le monde. Si cette fonction a eu un poids réel, du moins pour un temps, c’est certes grâce au soutien des démocraties libérales, mais surtout grâce à l’engagement inébranlable des gouvernements américains successifs, aussi bien démocrates que républicains.
Il est vrai que les États-Unis ont longtemps conservé une attitude ambivalente à l’égard de certains aspects de l’ordre mondial, comme en atteste son refus de longue date d’intégrer la Cour pénale internationale…