Il nous faut d’abord préciser ce que nous entendons par « social-démocratie » et « social-démocratisation ». Tous les partis socialistes nés dans des pays qui ont progressivement adopté la démocratie représentative et l’économie de marché ont eu à se situer par rapport à elles, alors que leur « code génétique » recelait une conception de l’action politique et du fonctionnement de l’économie qui ne s’inscrivait pas dans ces deux cadres quand elle ne les rejetait pas. Ce que nous nommons un parti social-démocrate est un parti socialiste qui, au cours de son histoire, a accepté de réinscrire sa doctrine et son action dans ces cadres institutionnel et économique.
Certains partis socialistes, en devenant communistes, n’ont jamais admis ce type d’évolution. Tous les autres en ont plus ou moins rapidement et plus ou moins profondément fait l’objet. D’une certaine manière, tous se sont engagés dans ce que nous nommons ici un processus de social-démocratisation. Aussi ne qualifierons-nous de partis sociaux-démocrates que ceux, parmi les partis socialistes, qui ont réussi leur social-démocratisation, c’est-à-dire qui ont clairement adopté dans leur doctrine et dans leur action les principes de la démocratie représentative et de l’économie de marché, et qui ont assumé d’être des partis de gouvernement dans de tels systèmes. L’idée centrale que je défendrai dans cet article est que le Parti socialiste français n’a pas rempli toutes les conditions retenues ci-avant pour être considéré comme un parti social-démocrate…