Dans l’article que l’on vient de lire, Matthieu Schlesinger propose que l’on revienne sur la révision constitutionnelle de 1962 et sur l’élection du président de la République au suffrage universel. Cette proposition a peu de chances d’être entendue. C’est le moins que l’on puisse dire. Les Français sont et restent favorables à ce mode d’élection. Peu de monde leur rappellerait aujourd’hui, pour les prémunir, l’élection de Louis-Napoléon Bonaparte à la présidence de la République. D’ailleurs, ceux qui détiennent sous la Ve République le pouvoir constituant, c’est-à-dire le Parlement et le Président, ne songent pas à cette réforme, et, s’ils y songeaient, ils se garderaient d’en parler. Pourtant, la question mérite d’être posée.
Pour deux raisons. En 2016, la plus ancienne et la plus puissante des démocraties, les États-Unis d’Amérique, a élu comme Président un homme profondément immoral, un menteur pathologique, un démagogue sans limite. Et, malgré les défaites qu’il a subies en 2020 et en novembre dernier, on redoute encore le rôle qu’il pourrait exercer. La preuve en est que, hors des États-Unis, où il conserve hélas des admirateurs, seul Vladimir Poutine le regrette.
Les Pères fondateurs de la Constitution américaine se méfiaient autant de la monarchie que du suffrage universel ; c’est la raison pour laquelle ils avaient prévu les checks and balances que nous connaissons. Ils avaient même prévu que le Président serait élu par un collège électoral, composé de grands électeurs élus dans chacun des États composant l’Union…