Dans les derniers jours du mois de mai 1831, le roi Louis-Philippe fut informé par le procureur général de la cour d’appel de Paris des intentions du conseiller de La Huproye, président de la chambre des mises en accusation, de renvoyer devant les assises l’ancienne maîtresse du duc de Bourbon, sous l’accusation d’assassinat. Le duc, dernier descendant des Condé décédé mystérieusement, était l’oncle de Louis-Philippe et la courtisane accusée d’assassinat avait noué avec le roi des liens d’intérêts tels qu’un procès public ne manquerait pas de provoquer un scandale qui éclabousserait le monarque. Aussi le procureur général Persil reçut-il pour mission de contrecarrer le projet du conseiller de La Huproye. Après avoir en vain tenté de convaincre le magistrat de modifier son opinion, Persil comprit qu’il n’y avait pas d’autre solution que de dessaisir La Huproye du dossier. L’entreprise était délicate car, neuf mois plus tôt, la Chambre des députés avait voté le principe de l’inamovibilité des magistrats du siège. La Huproye ne pouvait donc être déplacé sans son consentement. Mais la solution fut trouvée en vingt-quatre heures. Le 3 juin, le conseiller reçut à son domicile la visite surprise du procureur général en personne. Persil venait lui rappeler que son gendre sollicitait vainement depuis quelque temps sa nomination comme juge titulaire au tribunal de la Seine. Sa candidature, ajouta-t-il, pouvait être agréée sans tarder. Le garde des Sceaux n’y mettait qu’une condition : que La Huproye demande immédiatement sa mise à la retraite…