Bien qu’il n’y ait pas à ce jour de hausse significative de l’indice des prix à la consommation, ni en France ni ailleurs dans le monde développé, la crainte d’un retour de l’inflation s’est installée dans les esprits. Et les marchés financiers commencent à prendre en compte cette éventualité.
En 2020, l’inflation est restée à l’étiage : 0,5 % en France, 0,3 % dans la zone euro et 1,2 % aux États-Unis. Cette année, si pleine de surprises par ailleurs, s’est inscrite dans la continuité de trois décennies pendant lesquelles l’inflation n’a cessé de reculer, entraînant dans son sillage les taux d’intérêt nominaux, certains entrant même en territoire négatif. On avait assisté dans les années 1990 au triomphe de la doctrine économique de stabilité prônée avec constance au cours de cette période. Politique assise sur le triptyque : maîtrise de la dépense publique (« désinflation compétitive » en France, critères de Maastricht en Europe, excédent budgétaire aux États-Unis avant les guerres d’Irak et d’Afghanistan), contrôle de la création monétaire par des Banques centrales indépendantes, concurrence mondialisée sur tous les marchés, celui des facteurs de production (travail et capital) comme celui des biens et des services.
Certes, cette réussite a sans doute eu comme contrepartie une instabilité croissante de la sphère financière, une inflation du prix des actifs suivie de loin en loin d’une violente correction. Les États et les banques centrales se sont vus contraints de voler au secours des acteurs bancaires et industriels fragilisés, redoutant que la contagion ne mine tout l’édifice…