L’événement planétaire durable et de forte intensité marque, envahit, frappe tous les pays, toutes les sociétés, toutes les classes. Il mondialise, sans exception de rang, place, richesse, profession ou religion. C’est bien là le premier événement réellement global, mondial, total : appelé Corona, il ne couronne rien, mais il révèle beaucoup. Il effraie, fatigue, provoque, ralentit, arrête, enferme, confine, instille le doute, procure le soulagement ou sécrète l’ennui. À défaut d’être harmonieux, tout au moins est-il impérieux.
Nous voilà logés à la même enseigne. Si des différences subsistent face au danger d’arrêt et de mort, on ne peut nier qu’elles sont secondaires à l’échelle de la catastrophe. L’ampleur du « plus rien comme avant » reste à voir, mais il est au moins plausible de songer à l’équivalent des plus grandes dépressions. Pour l’interpersonnel, ce serait plutôt à une sorte d’après-sida. Plus de poignées de main ni d’embrassades. Voici venu le temps de se voiler la face et de saluer en joignant les mains sur la poitrine.
Il est trop tôt pour dire si ce premier mondial non sportif est aussi le dernier en son genre, si le global et le local se dévoreront l’un ou l’autre, ou si un équilibre raisonnable sera atteint. Des raisons, bonnes ou mauvaises, poussent dans les directions les plus diverses. La mondialisation, qui n’est évidemment ni heureuse ni malheureuse en soi, se heurte à des quantités d’obstacles matériels, naturels, quantitatifs, qualitatifs, énergétiques, mentaux même…