Tout a raté en 1963 quand l’hebdomadaire L’Express lança la candidature de Monsieur X dès le début de l’année pour l’élection présidentielle prévue pour décembre 1965. On découvre son nom : Gaston Defferre, maire de Marseille et président du groupe socialiste à l’Assemblée nationale. Celui-ci a une idée pour l’élection présidentielle : constituer une grande fédération du centre droit aux socialistes, en passant par les démocrates chrétiens et les radicaux (on se croirait en 2017 !). L’opération échoue comme le raconte Olivier Duhamel dans son livre Colette et Jacques : quand Joseph Fontanet (MRP) lançait : « Bien entendu il n’est pas question de toucher à l’enseignement privé », radicaux et socialistes bondissaient. Quand Guy Mollet (SFIO) disait : « Il nous faut fixer la liste des nationalisations indispensables », les modérés s’étranglaient. Résultat : Gaston Defferre renonce le 18 décembre 1963. Ce double dossier sera réglé plus tard par François Mitterrand. En 1984, il retire le projet de loi d’Alain Savary. C’est l’enterrement du service public unifié et laïque de l’éducation nationale (SPULEN). En 1988, il se prononcera pour le ni-ni pendant sa campagne électorale, ni nationalisations ni privatisations.
Tout commence ou recommence en 1965. Les Français doivent élire leur président de la République au suffrage universel depuis qu’ils l’ont décidé par le référendum du 28 septembre 1962. Le général de Gaulle a attendu la fin de la guerre d’Algérie pour obtenir des Français ce qu’il voulait sans doute dès 1958. Déjà en décembre de cette année il avait refusé que le président de la République soit élu par les députés et les sénateurs, réunis en congrès…