La question qui nous a été posée est celle d’un programme pour la France... Nous ne sommes pas convaincus que cette question soit pertinente, si l’on entend par programme la longue liste à la Prévert des mesures de toutes natures que l’on promet de mettre en œuvre si l’on est élu. Cette liste est généralement très touffue et hétéroclite car elle est surtout destinée à satisfaire les diverses clientèles dont on essaie de pêcher les voix. Attention de ne pas oublier les agriculteurs et les DOM-TOM, les retraités et les jeunes, les locataires et les propriétaires, les PME et l’artisanat, les banlieues et les centres-villes, etc. Un programme est souvent, en France, une série de revendications catégorielles, mâtinée de quelques déclarations de grands principes. Comme, en se présentant à l’élection, on demande de facto à obtenir le pouvoir législatif et réglementaire, le programme consiste d’abord en des promesses de nouvelles lois et de nouveaux règlements... et des promesses de modification voire de suppression de lois et de règlements existants. Bref, l’électeur est dans une situation de demandeur face au futur chef d’État, qui lui s’efforce d’apparaître avoir les mains pleines... alors que l’on devrait savoir depuis longtemps qu’il n’a plus de bras !
Le « programme » électoral illustre bien le phénomène de « capture » de l’État qui permet, sous couvert de recherche officielle et affichée de l’intérêt général, de défendre en fait une « rente » existante ou d’en obtenir une nouvelle…