Dans tous les pays où l’écologie s’est structurée en mouvement d’opinion, deux projets, l’un réformiste, l’autre révolutionnaire, se sont affrontés et continuent de le faire. Cela vaut tout autant des fundis et des realos allemands, des deep ecologists et des shallow ecologists américains que des Verts confrontés aux divers partis réformistes européens. Mais il faut bien voir que ces oppositions s’enracinent, par-delà les contraintes de la politique, dans des divergences philosophiques, voire métaphysiques de fond portant sur la question de nos rapports avec l’univers naturel. En effet, l’opposition « réforme/révolution » est elle-même directement liée au clivage « droits de l’homme/droits de la nature ». Selon que l’on considère ou non la nature comme un sujet de droit, on adoptera, face au monde industriel moderne, une attitude différente par rapport à la question de savoir s’il suffit d’en corriger les effets pervers de façon réformiste ou s’il faut au contraire opérer un « demi-tour » révolutionnaire pour en stopper les méfaits réels ou supposés.
Lorsque j’ai publié Le Nouvel Ordre écologique, il y a plus de vingt-cinq ans, je le dis sans arrogance, j’étais le premier en France à introduire ces distinctions qui étaient encore complètement inconnues du public français. J’avais pour écrire ce livre passé des mois dans les bibliothèques allemandes, américaines et canadiennes pour réunir une documentation considérable que j’ai rapportée à Paris. J’ai traduit ensuite quantité de textes qui ne l’étaient pas encore, notamment les lois nazies sur la protection de la nature et des animaux, et je me souviens qu’au moment de la sortie d…