En cet automne 2016, un vent mauvais souffle sur l’Europe. Le Brexit en a été l’illustration, plus que la cause. Après le référendum anglais, tout le monde s’accorde pour refonder l’Europe. Mais on ne guérira pas la famille si chacun de ses membres ne traite pas d’abord ses propres maladies nationales. Or tous nos pays rechutent d’un mal ancien que l’on croyait définitivement éradiqué : la haine est revenue partout dans le discours politique.
Le « vivre ensemble » est remis en cause partout, au sein même de la communauté nationale. Le mal premier vient de l’incapacité d’intégrer des populations d’origine étrangère, ou du refus de certains de cohabiter avec des compatriotes différents. La fièvre xénophobe frappe ainsi les pays sans chômage (Autriche, Royaume-Uni, Danemark), comme les pays sans immigrés (Tchéquie, Slovaquie), et même ceux qui étaient fiers de leur tradition d’ouverture et de tolérance (Pays-Bas, Suède). L’Autre, haï, le bouc émissaire, « ce pelé, ce galeux d’où vient tout le mal », est généralement le non-Européen, surtout depuis la grande vague migratoire de 2015. Mais, on l’a vu, c’est aussi le Polonais en Angleterre, le Castillan en Catalogne, le Rom et le musulman partout : on parle désormais des musulmans comme on parlait des Juifs dans toute l’Europe centrale en 1930, avant même l’arrivée d’Hitler au pouvoir.
Aucun sociologue, aucun historien, aucun politique n’a vu venir l’épidémie, ni n’en a encore trouvé l’explication, encore moins le remède…