Mon titre est abusif : c’est avant tout des classes préparatoires littéraires, les khâgnes, que j’entends dire du mal ici, et réclamer leur suppression ; de l’École normale, seulement par contrecoup.
C’est une déclaration récente de Michel Bouchaud qui me met la plume à la main. Il est non seulement proviseur du lycée Louisle-Grand, mais encore président de l’association des proviseurs de lycée ayant des classes préparatoires aux grandes écoles ; c’est donc l’institution préparationnaire faite homme, et il a affirmé, le 9 avril 2015, dans un entretien sur la Toile, que « la prépa forme pour chaque étudiant un moment d’épanouissement intellectuel ». Je ne reste pas à ce point révulsé par l’expérience que j’en ai eue, que je ne puisse reconnaître à cette assertion sa part de vérité. Intellectuellement, alors que tout, de nos jours, dans la vie académique, pousse de plus en plus à l’hyper-spécialisation, je demeure convaincu que c’est une chance de continuer après le bac à cultiver deux ans durant toutes les matières littéraires du lycée. J’en ai personnellement retiré un bénéfice que je sens toujours : il m’arrive encore, trente ans après, d’acheter un livre pour en avoir entendu parler en khâgne. Je suis même tout prêt, dans l’éloge des bienfaits dispensés par la prépa, à aller plus loin que Bouchaud n’a eu l’audace de faire, car, le lecteur l’aura noté, s’il a bel et bien osé en parler comme d’un lieu d’épanouissement, il s’est en revanche gardé, pour des raisons que je me réserve de circonstancier plus à loisir, de prêter aux préparationnaires le même type d’éclosion sur le plan personnel…