C’est un fait : à la campagne, tout le monde connaît telle ou telle famille dont les membres n’ont jamais durablement travaillé. Mais une ou deux anecdotes ne font pas une statistique. Il est légitime de se demander si, réellement, la perception d’aides sociales par un membre de la famille prédispose d’autres membres de cette famille à entrer dans un de nos nombreux dispositifs de solidarité. Si « culture » il y a, c’est que des facteurs non objectifs, indépendants des faits générateurs de l’éligibilité aux aides, induisent chez les proches des « habitués » du système une hausse des demandes de prestations.
La difficulté à mettre une telle culture en évidence est facile à comprendre : en moyenne, les risques couverts par la sécurité sociale s’héritent car le niveau d’éducation, l’état de santé, le chômage, la résidence dans des zones économiquement déprimées sont corrélés d’une génération à l’autre. Ainsi, si un parent en mauvaise santé et sans qualification éprouve des difficultés à vivre de ses revenus professionnels, il est malheureusement fréquent que son enfant soit en proie aux mêmes difficultés. Ce n’est pas la « culture de l’assistanat » qui est en cause, c’est la présence conjointe de facteurs contribuant objectivement à la pauvreté.
Pour mettre en lumière une quelconque culture de l’assistanat, il faudrait donc montrer qu’indépendamment de tous ces facteurs objectifs, le simple fait qu’un membre de la famille reçoive des prestations sociales augmente les chances qu’un autre membre de la famille en reçoive également…