Etce sera justice, titre ambigu, sans doute à dessein. On peut entendre que justice a été rendue au sens positif, mais aussi que la décision de justice est tombée, s’impose sans pour autant rendre justice. L’auteur, Roger Errera, conseiller d’État honoraire, a fait toute sa carrière en service ordinaire à l’exception de trois années passées, deux à Londres et une sur la côte Est américaine, en qualité de visiting professor. Il est de très longue date un défenseur, passionné mais soucieux d’efficacité, donc pragmatique, des libertés, en particulier de celles des étrangers, et également d’une laïcité ferme sur les principes mais attentive aux minorités et aux évolutions culturelles. Membre six ans du Conseil supérieur de la magistrature, il a pu compléter au meilleur endroit sa connaissance du monde judiciaire.
Son projet n’est pas de faire du droit savant mais de contribuer à l’amélioration d’un service public qui marche mal. Or, la justice est une affaire de société. Pour dépouiller l’institution judiciaire de défauts internes et d’entraves externes, la mettre en accord avec les exigences de la culture démocratique d’aujourd’hui et de la valeur accordée à la personne humaine en tant que telle, il faut porter le débat en dehors des cercles feutrés de juristes et de politiques réunis dans un salon du Sénat. Il faut que nous, les profanes, comprenions les données, les contraintes, les lignes d’évolution. Quand une ministre lâche que la légitimité issue de l’élection est supérieure à la loi, c’est très grave et les citoyens devraient s’indigner…