Il y a une dizaine d’années paraissait ce gros livre au titre curieux, parce que, traitant de la justice militaire au début de la guerre, dans les années 1914-1915, il adoptait d’emblée un titre polémique. Son auteur n’était pas un professionnel de l’antimilitarisme, puisque, saint-cyrien d’origine, il avait atteint le grade de général, enseigné la « tactique » à l’École supérieure de guerre, dirigé pendant un an le cours « Stratégie et histoire militaire » et terminé sa carrière comme chef du Service historique de l’armée de terre. C’est d’ailleurs là où le drame s’est noué, où l’occasion a fait le larron. Dans le cadre de ses fonctions, le général Bach découvre la masse considérable des dossiers des affaires jugées devant les conseils de guerre pendant les années 1914 et 1915. Il les dépouille ou les fait dépouiller par de nombreux collaborateurs. Comme beaucoup d’officiers, le général Bach aime l’histoire et rêve d’en faire. Or, nous sommes à un moment où les mutineries de 1917 dans l’armée française ont suscité de nombreuses publications, souvent non dépourvues d’arrière-pensées idéologiques, mais elles ont été aussi l’occasion de véritables travaux, comme ceux de Guy Pedroncini dont la première édition des Mutineries de 1917 est parue aux PUF en 1967. On comprend que le général Bach ait été intéressé, lorsqu’il a découvert ces archives. Il va de soi que la justice militaire ne s’était évidemment pas manifestée seulement en 1917, et un article sur la question aurait été parfaitement justifié…