L’UMP devait fêter ses dix ans en novembre 2012. Certes, les difficultés financières du parti n’auraient de toute façon pas permis de célébrer cet anniversaire avec tout le faste attendu ; mais il n’a tout simplement pas été fêté, gâché par les défaites électorales, présidentielle puis législatives, du printemps 2012 et par la crise profonde qu’a révélée la rivalité entre François Fillon et Jean-François Copé se déchirant en novembre-décembre 2012 pour succéder à Nicolas Sarkozy à la tête du parti. La belle image d’une droite partisane française enfin réunie, organisée, pouvant revendiquer le statut envié de premier parti de France et affichant sa modernisation et sa professionnalisation a volé en éclats. À la place a été publiquement exposé un parti déstabilisé non seulement par une crise d’autorité et de leadership mais par une crise de l’institution et de la communauté partisanes derrière laquelle se profilait, de surcroît, une controverse idéologique et stratégique autour de la question de la droitisation. Un an après l’anniversaire, la secousse amortie, quel bilan dresser des dix années d’existence de l’UMP et de cette année marquée par une forte déstabilisation ? Une telle évaluation exige de revenir au point de départ en analysant les conditions et les objectifs de la création en 2002 de ce nouveau parti afin de mesurer tant du point de vue de l’organisation que de son positionnement idéologique et stratégique comment l’UMP a transformé les droites partisanes.
L’UMP a été lancée le 23 avril 2002, le surlendemain du désormais célèbre 21 avril, premier tour de l’élection présidentielle ayant vu l’élimination de Lionel Jospin au profit de Jean-Marie Le Pen…