La France, comme les autres grandes puissances militaires, a structuré depuis vingt ans les capacités commando de ses trois armées. Créé en 1992, le commandement des opérations spéciales (COS) constitue un état-major opérationnel interarmées chargé de planifier, coordonner et conduire les opérations spéciales. Il peut mobiliser à cet effet 3 000 militaires disposant en propre de moyens de commandement, de transmissions, de renseignement et de troisième dimension. L’opération Arès menée à partir de 2003 en Afghanistan a constitué une étape décisive, avec la constitution pour la première fois d’un groupement de forces spéciales déployant des capacités issues des différentes armes (terre, air et mer) pour contrecarrer le combat asymétrique que cherchaient à imposer les insurgés.
Depuis vingt ans, le COS a démontré ses savoir-faire pour gérer des crises mettant en jeu la sécurité de nos ressortissants ou pour faire la guerre « autrement » : en Afghanistan, mais aussi en Bosnie, en Côte-d’Ivoire, au Mali et dans d’autres pays. Comme le souligne le nouveau Livre blanc sur la défense et la sécurité nationale, « les forces spéciales se sont imposées comme une capacité de premier plan dans toutes les opérations récentes ». Cette montée en puissance, pour spectaculaire qu’elle soit, s’est faite de manière artisanale, en l’absence d’une véritable doctrine. Ce manque de formalisation traduit la réticence de l’institution militaire à figer une doctrine, alors que les forces spéciales doivent être un élément de flexibilité et de réactivité face à des menaces en constante évolution…