Débuté au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, le baby-boom a frappé les esprits. Beaucoup plus discret que celui des naissances, le boom des mariages a pourtant marqué tout aussi fortement les années d’après-guerre, jusqu’à constituer un âge d’or. Les jeunes gens d’alors se mariaient de plus en plus tôt, souvent pour « réparer une faute de jeunesse », la future épouse étant enceinte. Les contournements mêmes de l’institution matrimoniale témoignaient en fait de son triomphe.
Le milieu des années 1960 dans les pays du nord de l’Europe sonne la fin de cette période. Ce sera un peu plus tard en France, mais le mouvement va s’étendre rapidement à l’ensemble du monde occidental. Le recul du mariage et la montée du divorce signent ce qu’Irène Théry dénommera comme un « démariage ». C’est le temps de « la famille incertaine » selon l’expression de Louis Roussel. Un temps dans lequel nous vivons encore aujourd’hui.
En France, on estime qu’environ une personne sur trois ne se marie pas, restant ainsi définitivement célibataire, au sens juridique du terme, qui n’exclut pas de vivre ou d’avoir vécu un temps en couple sans pour autant se marier. Quarante ans plus tôt, cette même proportion était seulement d’un sur dix, voire un sur vingt. C’est dire que le non-mariage a gagné considérablement en importance, atteignant des niveaux qu’on n’avait jamais connus depuis qu’on peut chiffrer les comportements sociaux. Il y a toujours eu en Europe occidentale une fraction de population restant à l’écart du mariage, dont certains pour des raisons religieuses, mais jamais dans des proportions pareilles…