De façon traditionnelle, la médecine hippocratique privilégie l’observation clinique de la maladie ; le rôle du médecin à cette époque est de formuler un pronostic et il apporte son concours par son savoir, son dévouement, le dialogue, la compréhension. Progressivement se constitue un savoir propre sur la maladie, sous forme d’observations reproductibles. Plus tard s’élabore la notion de dignité humaine avec les débats de la civilisation byzantine sur l’humanité de l’embryon, et même l’acquisition de l’âme. L’exercice de la charité se développe et conduit à la création des premiers hôpitaux, lieux d’accueil des souffrants. Les médecines arabe et perse formeront le lien de transmission de l’héritage, tandis que des innovations thérapeutiques pointent. Il se développe une scolastique médicale dans les universités en voie de création. La médecine évolue de manière irréversible vers un statut intellectuel et une puissance institutionnelle.
La médecine scientifique naît dans le courant du xviiie siècle, issue de la volonté d’agir sur le déroulement des phénomènes. En chirurgie notamment, les progrès seront permis en multipliant les associations des manifestations cliniques aux transformations structurelles du corps. On assiste à la création de la méthode anatomoclinique et à la naissance de la clinique résultant en une mise en équation de la maladie. Ce qui est mis en évidence c’est moins la personne malade que le fait pathologique indéfiniment reproductible chez tous les malades semblablemen…