En 1187, Esclarmonde, fille unique de dix-sept ans, refuse de se marier. Par un acte de foi authentique, elle contraint son père à construire dans son domaine une chapelle consacrée à la recluse sainte Agnès. Elle veut être emmurée dans la petite cellule qui y sera enchâssée. Après Le Cœur cousu, très remarqué, Carole Martinez réussit le prodige que toute œuvre d’art ambitionne : être à la fois exigeante et accessible. Style superbe, récit serré, unité de lieu (une cellule), épaisseur psychologique de l’héroïne (une martyre emmurée vive), le tout dans une atmosphère d’optimisme inattendue étant donné la gravité des thématiques abordées : l’aliénation, la maternité, la filiation, le rêve, la possessivité ... Peu d’écrivains contemporains savent ainsi suggérer le quotidien au moyen du mythe, aussi loin du roman à thèse que de la reconstitution historique poussive. (Du domaine des murmures, Carole Martinez, Gallimard, 2011, 208 p.)
Parodie du Lagarde et Michard, Le Jourde et Naulleau passe à la moulinette certains des auteurs phares du début du xxie siècle. Après avoir brocardé une critique littéraire scandaleusement paresseuse et stigmatisé les compromissions et collusions du milieu, les deux auteurs entendent réintroduire un peu d’esprit irrévérencieux dans le champ littéraire, devenu depuis quelques années bien convenu et bien respectueux. Avec brio et vacherie, ils traquent autofiction nombriliste et style ampoulé, croquant notamment le champion du cliché (Marc Lévy), le voleur de feu pompier et pompeux (Dominique de Villepin) et le génie des Carpathes sans génie (Philippe Sollers)…