« Aucune des maximes de la liquidité, à coup sûr, n’est plus antisociale que le fétichisme de la liquidité
… Les spéculateurs peuvent être inoffensifs, comme des bulles sur le flot régulier des affaires des entreprises. Mais la situation devient sérieuse lorsque les entreprises deviennent des bulles dans le tourbillon de la spéculation. Quand le développement du capital d’un pays devient un sous-produit des activités d’un casino, le travail risque d’être mal fait. »
Voilà ce que disait Keynes dans sa légendaire Théorie générale de l’emploi, de l’intérêt et de la monnaie de 1936. À l’époque, son avertissement parut donquichottesque : la sombre atmosphère du Wall Street d’après 1929 autorisait peu d’activités de type casino. Les milieux d’affaires s’occupaient des affaires, et les spéculateurs jouaient tout seuls à leur jeu. Mais nous avons à présent fait un virage à 180 degrés. La pyrotechnie spéculative à Wall Street a des répercussions sur les entreprises américaines et sur la société. Et malheureusement le résultat réalise les pires craintes de Keynes.
En effet :
– Les hold-ups d’entreprises sont devenus courants. Le modus operandi est inélégant mais efficace. En général, le raider agresseur confronte la direction de l’entreprise agressée à la menace suivante : « De l’argent ou votre poste ! » Ce à quoi la direction répond d’habitude : « Voici, prenez le portefeuille de mon employeur » – c’est-à-dire celui de tous les actionnaires hors l’agresseur. Il n’est pas étonnant que l’agresseur et la direction de l’agressée trouvent cet arrangement acceptable…