En matière monétaire, la pensée de notre Prix Nobel d’économie m’a toujours paru plus proche de Milton Friedman que de Keynes : fixation d’une norme de croissance limitative de la masse monétaire, refus de toute transformation par les banques, cette double condition permettant d’éviter tant les dérapages inflationnistes que l’instabilité intrinsèque d’un système où l’on emprunte court pour prêter long.
L’explication tient beaucoup à ce qui ressemble à un détournement (). Maurice Allais imagine une reconstruction du système monétaire qui redonne à la seule Banque centrale le privilège de création de la monnaie. Comme certains affirment que cette réforme de structure a pour conséquence avantageuse et décisive de régler la question de la dette publique en permettant à l’État de s’endetter à taux zéro, sans autre inconvénient, je suis allé visiter les œuvres du grand économiste pour trouver l’origine d’un tel miracle. J’ai constaté deux choses :
premièrement, que ses thuriféraires lui attribuent des thèses qu’il n’a, en l’état, jamais soutenues. Sa pensée monétaire, pour laquelle j’ai une sympathie certaine, est ainsi reconstituée de façon plus qu’approximative ;
deuxièmement, que l’on peut être Prix Nobel d’économie et faire, par ignorance des faits, des erreurs de débutant. Cela ne porte pas sur l’architecture principale de la construction mais sur des ornements en apparence secondaires. Bien entendu c’est de ceux-là mêmes, qui sont erronés, que ses admirateurs se sont surtout emparés pour en tirer des conclusions illusoires…