L’histoire des universités françaises, jusque-là assez peu épique, a connu une brusque accélération à l’été 2007 avec le vote de la loi dite « liberté et responsabilité des universités » (la loi LRU dite encore « loi Pécresse »). On attend d’une véritable autonomie des universités une amélioration des performances en matière d’enseignement et de recherche, ce qui implique une meilleure gestion, une plus grande ouverture internationale, une plus grande attractivité pour les chercheurs et les étudiants ; en bref, une hausse substantielle de la valeur de leurs activités pour la société tout entière. Le vote de cette loi a soulevé de nombreuses objections et une contestation qui pourra renaître encore, tant que la grande majorité des acteurs du système universitaire n’aura pas réussi à se figurer, et en définitive trouvé, quelle y est sa place.
L’autonomie de gestion est la norme, avec des variantes, dans de nombreuses nations qui ont su développer des universités performantes. Le système de gestion centralisée par une tutelle administrative des universités françaises a semble-t-il vécu : c’est pour l’essentiel une bureaucratie caractérisée simultanément par une perte de contrôle et par l’immobilisme. L’interdiction d’innover et d’expérimenter, l’absence d’incitations à mettre en œuvre les changements valables pour la société, sont des défauts signalés de manière récurrente. Fidèles à l’héritage de l’Université impériale, les universités françaises ont jusqu’ici surtout ressemblé aux services extérieurs d’un « ministère en charge des opérations d’enseignement supérieur », où la recherche a beaucoup de mal à émerger en tant que priorité, sans par ailleurs que l’insertion des étudiants sur le marché du travail soit digne d’admiration…