En 2007, plusieurs professeurs de chirurgie, au sommet de leur carrière ou en pleine phase ascendante, ont quitté l’Assistance publique - Hôpitaux de Paris soit pour l’étranger, soit pour le secteur libéral à but lucratif. N’importe quelle entreprise de cette importance se serait à bon droit interrogée sur la raison de cette fuite. Apparemment, tel n’a pas été le cas, l’institution se limitant à porter sur les partants un regard analogue à celui du Parti socialiste sur les ministres de « l’ouverture » tout en instillant partout le leitmotiv de l’ardente obligation de reprendre des parts de marché au secteur libéral, et c’est bien la concurrence avec le secteur libéral qui fait problème. Si de brillants chirurgiens, assurés de faire carrière, quittent l’institution qui leur a assuré formation et notoriété, c’est sans doute qu’ils ne perçoivent plus cette dernière comme capable de leur donner les moyens d’exprimer leurs talents. Le déséquilibre entre secteur public et libéral ne fait que s’accentuer au fil du temps, tant sur le plan des rémunérations que sur celui de l’organisation.
L’Hôpital public est prisonnier du statut unique des praticiens hospitaliers qui implique une rémunération et une progression de carrière identiques quelle que soit la discipline exercée, du médecin de santé publique au réanimateur et au chirurgien, sans aucune prise en compte des différences de pénibilité et de responsabilité qui caractérisent les différentes activités. Les seuls compléments de rémunération proviennent des indemnités de garde qui ont le double inconvénient d’être limitées en volume du fait de la réglementation de la durée du travail et de ne pas être prises en compte dans le calcul des retraites…