Bonaparte, Premier consul, avait tiré l’oreille du petit Charles de Rémusat, qui, bien plus tard, après avoir été un opposant résolu à Napoléon III, négociera comme ministre des Affaires étrangères de Thiers la libération du territoire après la défaite de 1871. Entre-temps, Rémusat, très vite intégré à l’élite libérale parisienne durant la Restauration, siège au Palais-Bourbon sous Louis-Philippe, détient le portefeuille de l’intérieur au moment du retour des cendres, en 1840, avant de redevenir député sous la IIe République puis d’abandonner la vie politique après le 2 décembre. Par ailleurs, Rémusat, introduit tout jeune par ses origines familiales dans la haute société parisienne, en devient une figure marquante tout en poursuivant une carrière de journaliste et d’écrivain ; il collabore à de nombreux périodiques, du Globe à la Revue des deux mondes, publie des ouvrages de philosophie et d’histoire, compose même des chansons et s’essaye au théâtre ; dès 1847, il est élu à l’Académie française.
Ce n’est pas sans raison que, au début d’un long article nécrologique, publié précisément, en 1875, dans la Revue des deux mondes, son vieil ami Duvergier de Hauranne, lui-même historien et apologiste du libéralisme parlementaire, affirmait que, pour bien parler de Rémusat, « il faudrait avoir toutes ses aptitudes, être à la fois homme du monde et philosophe, érudit et moraliste, artiste et critique, homme politique et auteur dramatique ».
Pourtant, comblé de dons, Rémusat n’accéda jamais aux tout premiers rôles et tomba après sa mort dans un oubli relatif…