On s’attendrait à ce que le livre de François Fillon, ancien ministre de l’Éducation nationale et de la Recherche, auteur d’un projet de réforme de l’École, ressemble à une bonne copie d’étudiant. À quelques mois de l’examen final, l’auteur de La France peut supporter la vérité nous livre plutôt le corrigé-type du professeur, corrigé d’une dissertation que toute la classe politique s’acharne à rater depuis vingt-cinq ans.
S’il rappelle qu’il n’est pas un énarque mais un homme comme tout le monde, l’auteur semble pourtant maîtriser les cadences académiques que sont les rythmes ternaire et binaire. Le livre entremêle donc trois perspectives : celle du récit, celle du bilan et enfin celle du projet. Fauteur retrace son parcours politique, son expérience du pouvoir (celle d’un ministre comme celle d’un président de région) et ses déceptions, notamment lors de son éviction du gouvernement en mai 2005. Le récit conduit logiquement à une série de bilans : « la France est frappée de déprime », « les Français ne croient plus en leur système politique », les universités françaises sont parmi les dernières de la classe, le travail est dévalorisé. En matière de résultats économiques et scientifiques comme de mentalités (car l’« absolutisme intellectuel » des Français explique leur « penchant à la guerre civile »), les Trente Glorieuses ne sont plus qu’un lointain souvenir. Telle est sans doute la vérité que le titre de l’ouvrage promettait de révéler. Mais ce constat appelle sur la scène l’homme du moment et ses solutions : en effet, l’ouvrage se présente à la fois comme un manifeste pour une rénovation politique de la France, fruit de l’expérience personnelle de l’auteur, et comme une campagne promotionnelle en faveur de Nicolas Sarkozy don…