Dans son film L’Ivresse du pouvoir, ouvertement inspiré de « l’affaire Elf », Claude Chabrol met en scène un juge d’instruction enquêtant sur les dérives d’un président d’une grande entreprise. Elle veut étendre son enquête aux dérives de l’entreprise elle-même. Un politicien, incarné par un acteur à l’accent corse prononcé et qui défend un « système » mal défini, y fait obstacle. Après moult péripéties, elle se trouve finalement dessaisie du dossier.
Contrairement à ce que raconte Claude Chabrol, « l’affaire Elf » fut une victoire pour la justice : c’est l’un des rares dossiers récents de grande délinquance en col blanc dont les coupables furent confondus et condamnés. Mais, avant de triompher, la mécanique judiciaire a beaucoup erré dans sa phase d’instruction. Elle a causé beaucoup de tort à la victime – Elf Aquitaine – et à quelques innocents, tel Roland Dumas, pris dans un maelström judiciaire et médiatique.
Pour mieux fonctionner, la justice française doit réformer ses méthodes d’instruction, c’est-à-dire redéfinir le rôle du juge d’instruction. À la suite de « l’affaire d’Outreau » une commission parlementaire y travaille et ce sera l’un des chantiers du gouvernement issu des élections de 2007.
Mais, avant d’en venir là, que fut réellement « l’affaire Elf » ?
Loïc Le Floch-Prigent est nommé président d’Elf-Aquitaine en juillet 1989. Il y reste jusqu’en août 1993.
En décembre 1993, la Commission des opérations de bourse déclenche une procédure judiciaire sur les comptes des entreprises textiles de Maurice Bidermann…