Nous avons la mémoire courte en matière d’énergie. Souvenons-nous. À la fin de 1998 – il y a moins de huit ans –, le pétrole ne valait que 10 $/baril et presque tous les grands experts vantaient les mérites de l’énergie fossile abondante et bon marché. Le nucléaire, ayant perdu sa compétitivité, était renvoyé aux oubliettes et la notion de sécurité d’approvisionnement jugée parfaitement ringarde. Or, en peu d’années, le décor s’est modifié du tout au tout. Le pétrole durablement installé à 60 $/baril, voire plus, et quelques difficultés d’approvisionnement – en gaz russe par exemple – ont commencé à transformer les mentalités. L’opinion publique évolue petit à petit devant le changement profond et irréversible qui est en cours : le passage de l’ère du pétrole abondant et bon marché à celle du pétrole rare et cher. Le roi pétrole devra progressivement être remplacé par d’autres sources d’énergie primaire. Les mécanismes d’adaptation seront d’autant plus brutaux que la prise de conscience aura été tardive. Des changements commencent à être perceptibles, mais nous sommes seulement au début d’une évolution qui promet d’être longue et quelque peu chaotique. Plus que jamais, dans le domaine énergétique, nous devons réfléchir et agir à long terme au heu de nous contenter de subir les événements.
Deux exemples permettront de comprendre à quel point l’ampleur du phénomène à venir est encore sous-estimée. Le premier concerne précisément la notion de sécurité d’approvisionnement qui, depuis peu, est à juste titre revenue sur le devant de la scène…