La décentralisation engagée par le gouvernement Raffarin touche aux profondeurs de notre pays et c’est pour cela qu’elle est difficile. Elle vise à modifier l’organisation de structures dont l’origine est issue d’une tradition ancienne.
La construction du royaume de France fut longue, pénible et douloureuse. Il s’agissait de se battre contre des grands féodaux et contre des princes étrangers. Nos rois furent des chefs de guerre et l’administration de notre pays a été conçue, dès l’origine, avec une logique militaire, pour organiser une chaîne de commandement.
Dans le royaume carolingien, les seigneurs avaient réussi à se rendre maîtres de tout et ce sont les villes, encore fragiles, qui développèrent la liberté et la sécurité, sous l’influence des marchands et de leurs associations.
Au xie siècle, des chartes, des franchises et des coutumes furent rédigées à la suite de luttes, de négociations ou d’achats, pour instaurer çà et là un état de droit local. On disait alors que la ville rendait libre ; le serf y était émancipé, on y élisait des consuls, et on y levait des taxes. Avoir ses propres ressources était déjà une condition de liberté.
Un peu plus tard, afin de contenir la féodalité, les villes et la monarchie confortèrent leurs relations, tandis que des institutions régionales s’épanouissaient avec les États provinciaux qui avaient pour but de réduire la place des États généraux.
Les libertés locales ont d’abord été victimes des guerres. Les impôts furent quadruplés sous Richelieu pour financer la guerre de Trente Ans, accablant les campagnes et provoquant des révoltes, y compris parmi les nobles…