Depuis les stimulantes réflexions de L’État culturel de Marc Fumaroli (1991), la question de la légitimité de l’action culturelle publique n’a cessé d’être posée en France, mais sans réelles conséquences à ce jour, le système étant à la fois très résistant et médiatiquement bien défendu. Dans ces colonnes, nous avons, plus modestement, regretté les errements de la politique patrimoniale, et la faiblesse, toujours sensible aujourd’hui, des crédits dévolus à l’entretien et à la restauration du patrimoine monumental, l’un des fleurons de la nation.
Mais les questions de légitimité politique et de budget ne doivent pas, dans leur importance capitale, dissimuler une troisième difficulté : le manque de sérieux. Ainsi, régulièrement, le ministère de la Culture, vaisseau amiral du système, est rattrapé par l’événementiel et « l’ire du temps ». Embarqué dans des opérations de communication ou de fêtes qui nourrissent de nombreux prébendiers, celui-ci est régulièrement amené à faire des déclarations fracassantes sur le « sens » de son action. Ces plaidoyers-justifications trahissent souvent une grande vacuité, mais parfois parlent plus du fond des choses. Aussi, par-delà leur côté un peu ridicule, il ne faut pas les considérer comme de simples nourritures pour la rubrique « Sans commentaire » de cette revue.
Un des derniers exemples en date est la déclaration du ministre actuel, Renaud Donnedieu de Vabres, accompagnant une soirée rock et électronique dans la nef du Grand Palais, dont on a fêté la restauration, cet automne, soirée organisée avec une radio de la bande FM…