Entre 1984 et 1999, la Turquie doit faire face à la lutte armée que mènent les guérilleros du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), organisation kurde d’inspiration maoïste et nationaliste. En février 1999, le chef du PKK, Abdullah Öcalan, est arrêté dans l’ambassade grecque au Kenya. Le parti kurde est décapité, la guérilla se replie dans les montagnes. Un calme trompeur gagne le Kurdistan turc, dont l’économie est sinistrée et la population fatiguée par quinze ans de guerre. Une situation de « ni guerre ni paix » s’installe au Kurdistan turc, statu quo qui ressemble déjà à une trêve. Nous rappellerons d’abord quelques éléments d’histoire et de sociologie concernant les Kurdes, et plus particulièrement ceux de Turquie. Nous présenterons ensuite les récentes évolutions du régime turc concernant la question kurde. Nous verrons enfin si, durant cette période d’accalmie, ces mesures ont été suivies d’effet dans le « Sud-Est anatolien ».
Écartelés entre quatre États du Proche-Orient – Turquie, Iran, Irak et Syrie –, l’Arménie et la Géorgie, les Kurdes, peuple indo-européen établi de longue date sur un territoire grand comme la France, descendent des Mèdes. En l’an –612, les Mèdes fondent un empire qui conquiert l’Assyrie et étend sa domination jusqu’à l’Iran et l’Anatolie centrale. Les nationalistes kurdes y voient le début de l’ère kurde. Aujourd’hui, les Kurdes ne comptent pas moins de trente-cinq millions de personnes : plus de vingt millions en Turquie, huit millions en Iran, cinq en Irak, presque deux en Syrie…