L’expression « art contemporain » ne désigne pas une pratique, une transformation de la matière, la magnifiant, lui donnant un sens par la forme, mais une idéologie fondée sur la rupture permanente, conférant à « l’œuvre » une fonction exclusivement dérisoire ou critique. Cette idéologie dans son essence interdit la main, l’art et la pensée. La finalité de cet art dit « contemporain » n’est pas de créer, d’exprimer un sentiment, une émotion, une vision ou une pensée du monde mais de le détruire. Ce monde est considéré mauvais, comme dans la pensée gnostique, et le détruire est un acte de purification.
Le changement de définition du mot « art » a aujourd’hui un demi-siècle. C’est autour des années soixante que, pour la première fois dans l’Histoire, le « non-art » devient la référence : un art officiel, à l’échelle de la planète. Certes, l’art dérisoire a toujours existé dans l’ombre de l’art, comme une polarité essentielle qui maintient sous tension cette activité mystérieuse. Il est le contre-pouvoir nécessaire de l’immense pouvoir de fascination de l’art.
Les jeux phonétiques et conceptuels mêlés d’images parodiques et de bruits, les mises en scène du « monde à l’envers », font partie de l’histoire de l’art et de la littérature, du théâtre et de la musique où ils font des incursions attendues : tour à tour farces du Moyen Age, jeux conceptuels rabelaisiens, comedia dell’arte, arts dits « incohérents », dadaïsme… La liste est longue et il n’existe aucune époque qui en soit dépourvue…