Chantal Delsol traite dans cet ouvrage le problème de l’organisation politique du genre humain. Elle y prend position contre l’État mondial et contre la justice internationale, visant le Tribunal pénal international et la tentative de « transformer la guerre en un acte de police mené par un État moral ».
L’auteur connaît les raisonnements justifiant l’idée d’une autorité mondiale. La fonction de l’autorité politique est de gérer un bien commun. Un bien commun mondial requiert donc une autorité universelle. Ce projet est en cohérence avec « l’élan vers l’universel » caractérisant la vie de l’esprit. Il faut qu’un droit international rende effectives une justice et une éthique universelles, sanctionne ce droit grâce à un Tribunal pénal international et, au besoin, l’impose par une action militaire, assimilable à une opération de police menée à la requête d’une autorité politique conçue d’abord comme morale. Telle est la conception contre laquelle se dresse Chantal Delsol. Elle invoque l’autorité de Kant, d’abord partisan de « l’État cosmopolitique universel, dessein suprême de la nature  », mais redoutant de lui à la fin « le despotisme le plus effroyable  ». Contre Habermas, l’auteur soutient que ces secondes pensées sont fondées sur des arguments « valables aujourd’hui et [qui] le seront probablement demain ». Chantal Delsol ne s’oppose pas au mondialisme politique au nom du nationalisme, mais au nom du libéralisme, et même d’un libéralisme en éthique, fondé sur un semi-scepticisme, qui n’admet pas « la certitude absolue qu’il n’existe qu’une seule bonne manière de vivre », croyance qui conduit, écrit-elle, à « la récusation de la diversité »…