Fruit illégitime de la Réforme protestante et de la Contre-Réforme catholique, le jansénisme a connu l’infortune des orphelins ; le protestantisme deviendra la victime de la France monarchique « toute catholique » pendant que le catholicisme tridentin sera à son tour la cible préférée de la Révolution. Le jansénisme devra donc supporter seul tout le poids de cette parenté problématique. Trop protestant pour plaire à une monarchie qui a failli l’écraser, le jansénisme survivant a pourtant légué des restes encore trop catholiques à la Révolution. Cette dernière s’est empressée de désavouer de telles origines, préférant ne se reconnaître que des prédécesseurs « philosophiques » anticatholiques, voire antichrétiens. Ce désaveu n’a pas épargné l’historiographie de la Révolution, particulièrement en France, qu’elle soit libérale ou conservatrice, catholique ou anticléricale.
À l’occasion du bicentenaire de la Révolution française, une équipe internationale d’historiens et la Société des amis de Port-Royal ont mis sur pied un colloque sur les rapports entre le jansénisme et la Révolution. Tenu à Versailles au mois d’octobre 1989, ce colloque a réuni des spécialistes allemands, anglais, français, italiens, suisses et américains. Sous le titre Jansénisme et Révolution, les actes ont été mis au point par Catherine Maire et publiés dans un numéro des Chroniques de Port-Royal.
Une véritable moisson de travaux s’est ensuivie. Pour reprendre le sous-titre d’une de ces publications, nous connaissons davantage désormais « un autr…