La revendication pour le mariage homosexuel paraît être la dernière cause progressiste. Elle demeure un enjeu de convoitise à gauche, malgré les risques électoraux qu’elle fait courir. La plupart des autres causes qui agitent le monde militant – qu’il s’agisse de créer une taxe sur les déplacements de capitaux ou de protéger les espèces en voie de disparition – ont en commun une intention de préservation. Elles n’ignorent pas la prudence. On n’y rencontre pas l’affirmation flamboyante d’un droit, mais la tentative d’endiguer des menaces, par exemple en protégeant des écosystèmes fragiles ou des économies en voie de développement. Amortir le choc de la mondialisation, freiner ses effets dévastateurs, sauver ce qui peut l’être : telles sont les intentions sous-jacentes de ces luttes. Malgré les postures radicales, il ne s’agit pas d’appareiller vers un monde meilleur, mais de rendre celui-ci moins mauvais.
Dans le militantisme homosexuel au contraire, l’excitation liée à un monde meilleur n’a pas disparu, ni les ennemis qui empêchent de l’atteindre : en l’occurrence, la majorité hétérosexuelle. Malgré les efforts du législateur et la bonne volonté de la société civile, quelques activistes continuent de représenter les hétérosexuels comme des réactionnaires arc-boutés sur leurs privilèges. Ces privilèges sont désormais au nombre de deux : le droit de se marier et d’avoir des enfants. Après le PACS, qui fut une étape dans la voie du progrès, il s’agit d’arracher ces deux derniers bastions…