Quand un ministre voulait être applaudi à bon compte, disait André Tardieu, il lui suffisait d’annoncer la « réforme administrative ». Poincaré en réalisa une, vigoureuse, en 1926 : qui oserait encore, comme il le fit, supprimer le tiers des sous-préfectures ?
Aujourd’hui, parler de réformer l’administration ou l’État expose au sarcasme, en tous les cas au scepticisme. Tant de tentatives annoncées à grand fracas depuis vingt-cinq ans se sont soldées, sinon par des échecs, du moins par des résultats peu convaincants.
En 1979, Jean-François Deniau se préoccupa surtout des droits des administrés. Entre 1986 et 1992, on parla de rénovation du service public et de déconcentration. En 1995 fut pompeusement mis en place un Commissariat à la réforme en veilleuse. Les esprits distingués placés à sa tête affichèrent une liste d’objectifs impressionnante : « clarifier les missions de l’État », « mieux prendre en compte les attentes des citoyens », « changer l’État central », « déléguer les responsabilités », « rénover la gestion publique ».
La gauche mit ce Commissariat à la réforme de l’État en veilleuse. Le gouvernement actuel, tout en revendiquant la réforme de l’État comme un objectif prioritaire, n’a jamais su exactement par quel bout la prendre. Sans doute pour montrer l’exemple de la simplification, le Commissariat fut divisé en trois délégations : l’une à la modernisation de l’administration, l’autre à sa simplification, la troisième à l’administration électronique, dont aucune n’a l’objectif clair de réduire les coûts…