François Bayrou a provoqué, la semaine dernière, à l’occasion du débat sur la motion de censure, l’une de ces colères homériques (héréditaires dans cette dynastie familiale) qui sont la marque de Jean-Louis Debré . Le président de l’Assemblée nationale, empourpré et suffoquant d’indignation, n’a pas supporté que l’orateur centriste tourne en dérision la « chambre d’enregistrement » qu’est devenu à ses yeux le Palais-Bourbon. Se départant de l’impartialité affichée qui le fait se montrer sévère avec les députés UMP, cordial avec les élus de gauche et cinglant avec des membres du gouvernement, Jean-Louis Debré a même, incorrection rarissime, interrompu avec véhémence le réquisitoire enflammé du président de l’UDF. Si le fils de Michel Debré (lequel rêvait d’enraciner en France un parlement rénové, corseté mais influent) a rompu ainsi avec les usages, c’est que le trait a fait mouche et, pire, qu’il résume toutes les craintes qu’éprouve au fond de lui le président de l’Assemblée nationale. Jean-Louis Debré s’est enflammé, non pas parce que François Bayrou avait tort et se montrait injuste mais au contraire parce qu’il avait raison et proclamait tout haut ce que lui-même redoute in petto. L’Assemblée nationale est devenue sous cette législature, plus que jamais, une chambre d’enregistrement impuissante et navrée que son président anime stoïquement, alors qu’elle a renoncé à toute ambition et à toute autonomie. Ce que Jean-Louis Debré n’a pas supporté, c’est que François Bayrou souligne cruellement qu’en croyant au pouvoir de l’Assemblée nationale l’ancien ministre de l’Intérieur ressemble furieusement à ce personnage de…