Voici que s’est ouverte, en 2004, une étrange célébration carillonnée : « l’année de la Chine » en France, censée marquer le quarantième anniversaire des rapports entre les deux pays. Cette célébration se déroule à l’insistance des deux gouvernements, sans guère de soutien populaire. Pourtant, en janvier 2004, un pic de délire a frappé Paris. En l’honneur du Nouvel An chinois, la tour Eiffel fut illuminée en rouge, la Chine populaire ayant décrété avec succès une sorte de monopole mondial sur cette couleur autrefois communiste, sans qu’on se souciât d’y voir pourquoi. Sur les Champs-Élysées se déroula un défilé sponsorisé par la municipalité de Pékin. Ce défilé était une lointaine revanche sur le bicentenaire de la Révolution française, le 14 juillet 1989, quand des opposants chinois fuyant la répression du soulèvement de Tiananmen avaient en ce même lieu battu tambour à la gloire des droits de l’homme. Plus incongru encore, la façade de l’hôtel Meurice fut, elle aussi, illuminée en rouge, au motif qu’y résidait la délégation du premier des hiérarques de Pékin, Hu Jintao, dans une capitale transformée en camp retranché pour cause de visite d’État. Pas plus que le public parisien, tenu à l’écart des déplacements officiels, le public chinois n’eut droit à une explication sur les raisons (ou les suggestions amicales de conseillers français) qui avaient poussé le chef nominal du régime de Pékin à occuper ainsi l’ancien siège de la Kommandantur allemande, durant l’Occupation.
Pour couronner le tout, le président de la République française, Jacques Chirac, décréta, à la surprise générale, que Taïwan, le seul espace chinois vivant plus ou moins sous une règle démocratique, n’avait aucunement le droit de conduire, sur son territoire peuplé de pas moins de 22 millions d’habitants (un tiers de la population française), u…