Francophilie et identité tchèque (1848-1914) retrace ce que furent les débuts, les progrès, les effets et les épreuves de l’amitié qui s’établit entre les élites de nos deux pays et qui aida le peuple tchèque à prendre pleinement conscience de son identité.
Cette histoire d’une amitié souvent contrariée est l’œuvre de Stéphane Reznikow, normalien et agrégé qui enseigne aujourd’hui à l’Université Charles de Prague. Son travail – dont les 755 pages ne sont que le résumé d’une thèse de doctorat plus étoffée encore – témoigne d’un savoir si étendu et d’une telle ductilité d’esprit que l’on ne peut que le saluer.
J’ai été d’autant plus sensible aux mérites de ce livre que, durant la période dont il traite, les deux principaux artisans et mainteneurs de l’amitié franco-tchèque ont été, du côté français, dès avant la guerre de 1870, mon grand-père Louis Leger, et quelques années plus tard Ernest Denis, tous deux universitaires et inlassables apôtres de la cause tchèque. Ainsi ai-je revécu grâce à Stéphane Reznikow quelques souvenirs de ma lointaine jeunesse, retrouvé des physionomies un peu effacées dans ma mémoire, réentendu les propos de certains Tchèques – je pense à Jelinek et à Cenkov – qui, après avoir été les fidèles de mon grand-père, étaient reçus, après sa mort, lors de leurs passages à Paris, par ma grand-mère dans la vieille maison de Passy dont une amusante image est devenue l’une des illustrations de ce volume.
Français et Tchèques se sont longtemps ignorés dans les temps modernes…