On a beaucoup parlé du Monde lorsque a été publié le livre de Péan et Cohen mais, au-delà de l’intérêt suscité par le journal de la rue Claude-Bernard qui continue d’occuper une place à part dans la profession, s’est-on assez préoccupé des difficultés considérables que posent constamment à leurs responsables la collecte de l’information puis la production et la publication d’un quotidien ? L’occasion de le faire nous est offerte qu’on ne peut pas laisser passer, une sorte d’obligation morale imposant aux journalistes de s’interroger publiquement sur les pratiques d’une profession plutôt mal aimée de l’opinion publique mais nécessaire au bon fonctionnement d’une démocratie.
Le plus difficile dans un tel exercice est bien sûr d’identifier les problèmes, le premier et le plus évident étant de savoir dans quelle mesure les organes de la presse écrite se trouvent confrontés aux mêmes pesanteurs – financières, concurrentielles, morales – que les autres entreprises ; le second étant de savoir si les forces de frottement qui compliquent le jeu et peuvent le gâcher sont pour la presse d’une nature particulière, entraînant des réponses elles aussi particulières.
L’expérience en même temps que la connaissance des réalités économiques nous ont amplement montré que toutes les entreprises – quels que soient les secteurs auxquels elles appartiennent – ont chaque jour à supporter des pesanteurs qui partout usent les énergies et menacent les réputations. Il n’existe pas, on le sait, de machines sans frictions et la presse ne les a pas inventées…