Si vous employez les mots : fédération, fédéralisme, décentralisation, girondisme, et si vous leur opposez les termes : jacobinisme, centralisation, unité, indivisibilité de la République, vous êtes sûrs de soulever, en France, l’adhésion ou la réprobation, l’inquiétude ou le scepticisme ; personne ne restera indifférent. C’est pourquoi cette fameuse opposition entre Jacobins et Girondins mérite, au départ, quelques mots d’explication.
Quand les députés girondins furent mis en accusation devant le Tribunal révolutionnaire, du 24 au 30 octobre 1793, ils furent accusés de « fédéralisme ». Étaient-ils vraiment fédéralistes ? Ils cherchaient à s’appuyer sur les départements, d’abord pour prévenir une insurrection parisienne, puis pour lutter contre la Convention montagnarde. François Buzot, en septembre 1792, avait proposé dans cet esprit de créer une garde départementale. De même, lui et ses amis, au printemps 1793, critiquèrent l’omnipotence de Paris et voulurent réunir les députés suppléants à Bourges. Pour ces raisons, ils furent accusés de porter atteinte à l’unité de la République. Quand, à partir de juin 1793, ils furent décrétés d’arrestation et pourchassés, ils lancèrent, de leurs refuges de province, des appels à la résistance des départements contre la Convention. On a alors parlé d’insurrection « fédéraliste ». Ils s’opposèrent en effet par les armes au pouvoir central à Caen, Nîmes, Marseille, Lyon, Bordeaux, en Franche-Comté. Mais leur résistance échoua et, mis hors la loi en juillet 1793, ils furent arrêtés ou contraints de fuir et de se dissimuler…