Trois romans, très divers d’origine et de propos, mais tous de langue anglaise et ayant un professeur de littérature pour narrateur ou point de vue, viennent d’être traduits en français. Du plus léger au plus grave, de façon annexe ou centrale, chacun médite à sa manière sur un type d’enseignement qu’on pourrait qualifier d’anglo-saxon, celui-là même qui a beaucoup servi et sert parfois encore de modèle à nos réformateurs français. Disgrâce de J. M. Coetzee se situe en Afrique du Sud et, dans sa première partie, à l’université du Cap. Blue Angel – on aurait pu aussi traduire le titre en Ange Bleu, la référence au film de Sternberg étant, nous semble-il, aussi évidente en allemand qu’en anglais ou en français –, Blue Angel de Francine Prose se déroule presque entièrement sur un campus imaginaire de Nouvelle-Angleterre. Pensées secrètes de David Lodge a lui aussi un campus pour cadre, mais cette fois dans la maison mère, c’est-à-dire en Angleterre. Or, si différents soient-ils, nos trois exemples se rejoignent bien souvent dans le portrait qu’ils brossent de leur université. Les auteurs étant ou ayant été eux-mêmes professeurs, nous sommes en droit de penser qu’ils savent de quoi ils parlent. Avant d’envier ou d’imiter (mais peut-être est-il déjà trop tard) un système qui avait jusqu’ici pour principal mérite d’être différent du nôtre, récapitulons et analysons quelques critiques sur lesquelles ceux qui l’ont pratiqué semblent se rejoindre.
Tous suggèrent que, dans ces universités-là, la littérature n’est plus habilitée à fonder un apprentissage…