La place de l’éducation à l’intérieur des pays qu’on n’ose plus qualifier sans réserve de « chrétiens » mais qui continuent de s’enraciner dans l’héritage culturel du christianisme a quelque chose de remarquable. Non pas tant à cause du caractère central de l’éducation dans les sociétés européennes et assimilées – toute société humaine accorde une place centrale à l’éducation sous une forme ou sous une autre – mais à cause de la position stratégique que l’éducation occupe au sein même de la religion chrétienne et de l’extraordinaire créativité éducative et pédagogique qui a accompagné le christianisme tout au long de son histoire. Le christianisme en tant que civilisation, c’est-à-dire en tant qu’idéal culturel inscrit dans la réalité historique, est non seulement à l’origine du développement d’un ensemble complexe de conceptions, d’idées et de principes qui touchent autant les finalités et les contenus de l’enseignement que les méthodes pédagogiques, mais a aussi suscité directement la création d’un nombre impressionnant de réalisations pratiques et d’institutions d’enseignement que nous connaissons encore aujourd’hui malgré la laïcisation et la sécularisation de nos sociétés. Dans le domaine de l’éducation, le christianisme a constamment réalisé l’union de la théorie et de la pratique. Si l’on devait un moment faire abstraction des principes, des contenus, des méthodes et des institutions que le christianisme a directement proposés et développés en France, et en Europe, depuis deux mille ans, notre système éducatif actuel serait vidé d’une bonne partie de sa substance, et deviendrait vite méconnaissable…