La création de l’euro et de la Banque centrale européenne (BCE) consacre l’achèvement du processus d’unification européenne dans les domaines économique et monétaire. Mais elle ouvre aussi un chapitre entièrement neuf, et pose de nouveaux défis.
L’objectif de la présente conférence est d’expliquer tout cela à un auditoire washingtonien dont la multiplicité d’intérêts reflète les différentes dimensions de cette ville : c’est ici que les deux institutions jumelles créées à Bretton Woods, le FMI et la Banque mondiale, sont localisées, c’est ici que la Réserve fédérale américaine a son siège, c’est ici qu’un État fédéral a sa capitale ; et comme cet État est la plus grande puissance de la planète, Washington est la ville qui pèse le plus lourd dans les relations internationales. C’est à travers ces quatre dimensions que j’entends exposer successivement le fonctionnement de la BCE, et les problèmes spécifiques qu’elle doit affronter du fait que l’Union européenne, à la différence des États-Unis, est loin d’être un État fédéral.
Le traité de Rome, signé en 1957, se donnait pour objectif de créer un « marché commun » entre six pays européens, lequel était défini par l’instauration des « quatre libertés de circulation », celle des biens, des personnes, des services et des capitaux. Le traité créait également une structure institutionnelle chargée de constituer ce marché unifié et d’en superviser le fonctionnement.
Il est implicite, dans le traité de Rome, que le nouvel ordre économique créé par ce marché commun exigeait également un ordre monétaire…