Couverture de COMMU_092

Article de revue

Le Web des troubles alimentaires. Un nouvel art de jeûner ?

Pages 111 à 123

Notes

  • [1]
    S. R. Brotsky et D. Giles, « Inside the “Pro-ana” Community : A Covert Online Participant Observation », Eating Disorders, 15 (2), 2007, p. 93-109 ; J. McCabe, « Resisting Alienation : The Social Construction of Internet Communities Supporting Eating Disorders », Communication Studies, 60 (1), 2009, p. 1-16.
  • [2]
    Si le terme « pro-ana » s’est imposé dans les médias et dans le débat public, il ne va pas sans poser plusieurs difficultés. Tout d’abord, en mettant l’accent sur l’anorexie, il gomme la diversité et la variété des troubles alimentaires mentionnés dans le DSM-5 (cinquième édition du Manuel diagnostique statistique) et dont les internautes sont atteints : boulimie mentale, hyperphagie, pica, autres troubles non spécifiés… La boulimie mentale est particulièrement présente dans les sites web considérés, ce qui devrait entraîner son inclusion dans la dénomination. De plus, le côté « pro » devrait être estompé, dans la mesure où les auteurs de ces sites web, accusés de prôner l’anorexie et d’en faire l’apologie, offrent en fait une assistance en ligne significative pour d’autres personnes atteintes des mêmes désordres et servent même d’intermédiaires dans l’accompagnement vers le traitement et le rétablissement. C’est en considération de ces éléments que nous privilégierons ici la dénomination « ana-mia » au lieu de « pro-ana ». Le cadre théorique de cet article a par ailleurs été développé dans le projet de recherche « La sociabilité “Ana-mia” : une approche des troubles alimentaires par les réseaux sociaux en ligne et hors ligne » (ANAMIA ANR-09-ALIA-001).
  • [3]
    S. Goldman, A. Booker et M. McDermott, « Mixing the Digital, Social, and Cultural : Learning, Identity, and Agency in Youth Participation », The John D. and Catherine T. MacArthur Foundation Series on Digital Media and Learning, 6, 2007, p. 185-206.
  • [4]
    Marie Bergström, « Sites de rencontres : nouveaux territoires sexuels, nouvelles frontières », Poli – Politique de l’image, n° 4, 2011, p. 99-112 (ici, p. 103).
  • [5]
    Sur la notion de « cacophonie alimentaire », voir Claude Fischler, L’Homnivore, Paris, Odile Jacob, 1993, p. 202-203.
  • [6]
    Franz Kafka, « Un artiste de la faim » (1922), in La Colonie pénitentiaire et autres récits, Paris, Gallimard, 2004, p. 188.
  • [7]
    Ibid., p. 200.
  • [8]
    Pour une synthèse générale de la littérature scientifique sur les sites ana-mia, cf. A. A. Casilli, P. Tubaro et P. Araya, « Ten Years of Ana. Lessons from a Transdisciplinary Body of Literature on Online Pro-Eating Disorder Websites », Social Science Information, vol. 51, n° 1, 2012, p. 121-139.
  • [9]
    G. Overbeke, « Pro-Anorexia Websites : Content, Impact, and Explanations of Popularity, Mind Matters », The Wesleyan Journal of Psychology, 3 (1), 2008, p. 49-62 ; M. K. Lapinski, « StarvingforPerfect.com : A Theoretically Based Content Analysis of Pro-Eating Disorder Web Sites », Health Communication, 20 (3), 2006, p. 243-253.
  • [10]
    L. Andrist, « Media Images, Body Dissatisfaction and Disordered Eating in Adolescent Women, MCN », The American Journal of Maternal / Child Nursing, 28 (2), 2003, p. 119-123.
  • [11]
    D. Ferreday, « Unspeakable Bodies : Erasure, Embodiment and the Pro-Ana Community », International Journal of Cultural Studies, 6 (3), 2003, p. 277-295 ; K. J. Ward, « “I Love You to the Bones” : Constructing the Anorexic Body in “Pro-Ana” Message Boards », Sociological Research Online, 12 (2), 2007.
  • [12]
    André Gunthert, « “Sans retouche”. Histoire d’un mythe photographique », Études photographiques, vol. 22, n° 1, 2008, http://etudesphotographiques.revues.org/index1004.html
  • [13]
    Je développe ce point dans A. A. Casilli « Être présent en ligne : culture et structure des réseaux sociaux d’Internet », Idées Économiques et Sociales, 169 (1), 2012, p. 16-29.
  • [14]
    Julia Velkovska et Valérie Beaudouin, « Constitution d’un espace de communication sur Internet (forums, pages personnelles, courrier électronique…) », Réseaux, n° 97, 1999, p. 131.
  • [15]
    D. C. Ransom, J. G. La Guardia, E. Z. Woody et J. L. Boyd, « Interpersonal Interactions on Online Forums Addressing Eating Concerns », International Journal of Eating Disorders, 43 (2), 2010, p. 161-170.
  • [16]
    J. Gavin, K. Rodman et H. Poyer, « The Presentation of “Pro-Anorexia” in Online Group Interactions », Qualitative Health Research, 18 (3), 2008, p. 325-333.
  • [17]
    S. Tierney, « Creating Communities in Cyberspace : Pro-Anorexia Web Sites and Social Capital », Journal of Psychiatric and Mental Health Nursing, 15 (4), 2008, p. 340-343.
  • [18]
    Pierre Bourdieu, « Le Capital social : notes provisoires », Actes de la recherche en sciences sociales, n° 3, 1980, p. 2.
  • [19]
    Antonio A. Casilli, Les Liaisons numériques. Vers une nouvelle sociabilité ?, Paris, Seuil, 2010.
  • [20]
    L. H. Martin, H. Gutman et P. H. Hutton (eds), Technologies of the Self : A Seminar with Michel Foucault, Amherst, University of Massachusetts Press, 1988.
  • [21]
    A. M. Bardone-Cone et K. M. Cass, « What Does Viewing a Pro-Anorexia Website Do ? An Experimental Examination of Website Exposure and Moderating Effects », International Journal of Eating Disorders, 40 (6), 2007, p. 537-548.
  • [22]
    Laurence Allard et Frédéric Vandenberghe, « Express yourself ! Les pages perso. Entre légitimation techno-politique de l’individualisme expressif et authenticité réflexive peer to peer », Réseaux, n° 117, 2003, p. 191-220 ; Dominique Cardon et Hélène Delaunay-Téterel, « La production de soi comme technique relationnelle. Un essai de typologie des blogs par leurs publics », Réseaux, n° 138, 2006, p. 15-71.
  • [23]
    En France : Assemblée nationale, proposition de loi de Mme Valérie Boyer visant à combattre l’incitation à l’anorexie, n° 781, déposée le 3 avril 2008 ; au Royaume-Uni : EDM 659 Anorexia Web Sites, UK Parliament, 3 février 2009.
  • [24]
    Antonio A. Casilli, « Usages numérique en santé : conflictualité épistémique et sociale dans les communautés de patients en ligne », in Claude-Marie Laedlein-Greilsammer (dir.), Internet : des promesses pour la santé ?, Actes des Journées 2011 Euro Cos Humanisme et Santé, Paris, Éditions de Santé, 2011, p. 181-191.
  • [25]
    G. Eysenbach, « Medicine 2.0 : Social Networking, Collaboration, Participation, Apomediation, and Openness », Journal of Medical Internet Research, 10, 3 (25 août 2008), e22.
  • [26]
    Voir à ce sujet A. A. Casilli, F. Pailler et P. Tubaro, “Online networks of eating-disorder websites: why censoring pro-ana might be a bad idea”, Perspectives in Public Health, 133 (2), 2013, p. 1-2.
  • [27]
    S. Riley, K. Rodham et J. Gavin, « Doing Weight : Pro-Ana and Recovery Identities in Cyberspace », Journal of Community & Applied Social Psychology, 19 (5), 2009, p. 348-359.
  • [28]
    Franz Kafka, « Un artiste de la faim », in La Colonie pénitentiaire et autres récits, op. cit., p. 188.

1

– Parce que j’en suis capable.
– Parce que je suis l’artiste de la faim.
– Parce que je le veux.
– Parce que je peux y arriver, je peux tout faire !
– Parce que les autres meurent de jalousie quand ils me regardent.
– Parce que chaque jour je me sens flambant neuf !
– Parce que je ne vais pas décrocher.
– Parce que je n’ai pas de temps à perdre avec la bouffe.
– Parce que je peux réaliser tout ce que je me propose de faire !
– Parce que j’ai la force de volonté.
– Parce que c’est ma vie.
– Parce que c’est mon choix.
– Parce que je veux être parfait.
(Anonyme, « Pourquoi je m’affame », s.l.n.d.)

2Depuis plusieurs années, des témoignages de personnes atteintes de troubles des conduites alimentaires prolifèrent sur le Web. Écrits sous couvert d’anonymat, ces textes à la syntaxe parfois approximative et au style immédiat se voient copiés sur de nombreux blogs ou pages personnelles par tout internaute voulant se les réapproprier. Ils circulent au sein d’une communauté d’usagers qualifiée de « pro-ana » (jargon pour « pro-anorexique ») [1] – mais qu’il serait plus exact de désigner par le terme plus compréhensif et moralement neutre de « ana-mia » [2]. Les adolescentes et les jeunes adultes membres de cette communauté affichent une posture proactive et une distance critique vis-à-vis de l’intermédiation médicale sur le corps et sur la santé. Leurs sites web sont utilisés comme des véhicules d’entraide, de rencontre avec d’autres personnes vivant avec des troubles alimentaires, ou bien de débat avec des personnes non atteintes. Particulièrement, ils documentent leurs méthodes pour s’affamer ou se faire vomir au travers de récits, vidéos, images évocatrices, photos de célébrités retouchées et amincies censées inspirer le désir de maigreur (thinspiration, en anglais).

3Ces contenus web illustrent ainsi une mise en présence des corps spécifique aux environnements numériques. La manifestation de l’identité et de l’agentivité y est éminemment déclarative et performative [3]. Sur Internet, le soi est dénommé, inscrit dans des narrations, ou représenté par des images et des traces. La présence des usagers dans les environnements d’interaction numérique « comporte ainsi un caractère performatif dans la mesure où nous devons supposer que l’interlocuteur est ce qu’il revendique être [4] ». Écritures de soi, descriptions de gestes et sensations, projections de modèles physiques au moyen de photos retouchées, avatars de puissance et de maîtrise sur son apparence et sa destinée, parangons de perfection face à un contexte alimentaire et sanitaire caractérisé par une cacophonie croissante des avis et des discours [5], ces représentations des usagers, de leurs activités, postures et sensibilités, laissent deviner le développement idiosyncrasique de tensions et de contraintes, ainsi qu’un répertoire de stratégies de présentation de soi, de ses goûts et de ses problématiques.

4Dans la mesure où les cultures numériques contemporaines s’inscrivent dans la continuité historique de nos représentations modernes, les performances en ligne du corps atteint de troubles alimentaires entrent en résonance, dans l’imaginaire autant que dans les pratiques, avec des structurations discursives préexistantes. Le refus de la prise alimentaire érigé en prétexte pour parler de ses ambitions personnelles, relations humaines, aspirations esthétiques, s’apparente alors idéalement à l’« art du jeûne » faisant l’objet du récit de Franz Kafka, « Ein Hungerkünstler » (1922). Sublimation en ligne du fantasme kafkaïen de la performance ininterrompue du jeûne, ces images de corps anorexiques et boulimiques renvoient également au risque d’une captation de sympathisants ou d’usagers non avertis, potentiellement exposés à ces contenus traumatisants. Souvent désignés par la presse généraliste sous le terme wannarexics, en anglais, raccourci de wannabe + anorexics, c’est-à-dire « ceux qui désirent devenir anorexiques » (ou « régimeuses » en français), ils participent à la performance des troubles alimentaires en ligne en apportant un élément que Kafka considérait capital : un public.

5

À cette époque, toute la ville s’occupait du jeûneur ; l’intérêt croissait de jour de jeûne en jour de jeûne ; chacun voulait voir le jeûneur au moins une fois par jour ; vers la fin, il y avait des abonnés qui restaient toute la journée assis devant la petite cage grillagée ; même la nuit, on organisait des visites qui, pour rehausser le spectacle, avaient lieu aux flambeaux ; quand le temps était beau, on portait la cage dehors et c’était alors surtout aux enfants qu’on allait montrer le jeûneur [6].

6La nature inévitable de l’exercice est un trait essentiel de la performance, autant pour les contributeurs de sites ana-mia que pour l’artiste de la faim. Personne ne peut ou ne doit contraindre le jeûneur à ne pas se nourrir. C’est pourquoi la présence de surveillants choisis parmi le public autour de sa cage est avant tout, selon Kafka, un élément du décor : une « formalité », mais aussi une « partie intégrante du spectacle ». De même, la vigilance des lurkers d’Internet, usagers passifs se limitant à regarder les images et vidéos ou à lire les discussions sur un forum sans participer à l’échange, circonscrit la performance. La difficulté principale de cette dernière, ce qui la rend « horriblement difficile » (« entsetzlich schwer »), n’est pas l’effort de jeûner en soi, mais celui de rendre visible ce qui en principe relève du domaine de l’invisible : la sensibilité intérieure du manque, du creux, de la faim qui ronge (ou de son double, le ballonnement coupable suivant le moindre « craquage » alimentaire). Pathétiques, les postures de l’artiste de la faim de Kafka, tantôt couché sur sa litière de paille, tantôt passant un bras à travers la grille « pour que l’on puisse tâter sa maigreur », prennent au contraire sur Internet la forme d’allures effrontées, montrant les aspects les plus extrêmes du quotidien des personnes atteintes de troubles alimentaires : les vomissements, les purges, la détresse psychologique, le conflit avec les pairs et les institutions (scolaire, familiale, médicale).

7Comme le suggère Kafka, même les plus jeunes parmi les spectateurs, les enfants, peuvent juger de la qualité de cette performance. Mais que le spectacle soit immédiatement lisible par son public n’implique pas nécessairement une adhésion inconditionnelle à la mise en scène de ce corps traversé par la compulsion de préformer l’intériorité.

8

Allez donc expliquer à quelqu’un ce qu’est l’art du jeûne ! À qui ne le comprend pas d’instinct, personne ne pourra l’expliquer [7].

9C’est justement sur ces deux questions – la lisibilité des diverses formes de la performance anorexique-boulimique en ligne, et celle du rapport du performeur à son public connecté – que nous devons nous pencher pour définir les contours du phénomène ana-mia.

Écritures et images du corps ana-mia dans le cadre de la participation en ligne

10Depuis la découverte de cette communauté d’usagers par les praticiens et les chercheurs en sciences de la santé à la fin des années 1990 [8], toute analyse consiste initialement à envisager le Web ana-mia sous l’angle d’une catégorisation de ses contenus : conseils pour maigrir, images susceptibles de déclencher des comportements à risque, ruses pour cacher la restriction ou le rejet alimentaire aux proches et aux familiers, récits autobiographiques, liens vers des fournisseurs de services de santé spécialisés (équipements, nutrition, prise en charge médicale) [9]. En particulier, les « pages perso » et les blogs, avec leur attention emphatique aux codes de communication de leurs auteurs, semblent s’accorder avec une vision très centrée sur les individus, leurs problèmes et leurs trajectoires.

11Évidemment, la question de l’image du corps se pose avec une insistance toute particulière [10]. Qu’elle soit détournée à partir de la presse généraliste ou des répertoires de clichés sur Internet, ou autoproduite par les usagers se prenant en photo avec leurs smartphones, les sites web ana-mia regorgent de représentations de corps filiformes, de portraits de jeunes femmes et jeunes hommes témoignant de leurs attitudes contradictoires face à leur amaigrissement, vécu autant comme une aggravation de leur état de santé que comme un « progrès » dans leur quête pour une perfection physique inatteignable. Ces sites proposent alors une surenchère de gestes répétés, codifiés : exposition de ventres creux et d’épaules de plus en plus grêles, mains qui soulèvent les T-shirts pour montrer des côtes en relief et des hanches « en portemanteau », postures assises de dos ou allongées en boule sur le côté.

12Même statiques, ces représentations corporelles arrivent à transmettre des formes de dynamisme par la comparaison d’images prises à différents moments de la « progression » des individus atteints de troubles alimentaires. Même isolées, elles mettent en scène des interactions qui relèvent d’une véritable écriture dramatique du corps en ligne. L’exemple le plus marquant de cette construction discursive du corps des personnes atteintes de troubles alimentaires est sans doute représenté par les messages que les internautes « échangent » avec Ana et Mia, les personnifications respectivement de l’anorexie et de la boulimie mentales.

13

Alors tu as faim à cet instant ? Quand tu te sens vide, ça signifie que tu es vide de tout péché. Ne me montre pas que tu ne possèdes aucun contrôle de toi ! Ne me défie pas. Tu sais pertinemment que si tu manges tout de suite, tu te retrouves la tête dans les toilettes à vomir jusqu’à ce que tu voies du sang, de l’eau et que tu souffres atrocement à l’estomac ! Ne me laisse pas tomber, ne mange pas. Ta meilleure amie, Ana.
(Anonyme, « Lettre d’Ana », s.l.n.d.)

14

[La voix de Mia :] Tes doigts seront insérés dans ta gorge et avec beaucoup de douleur, la nourriture remontera dans ta bouche. Grosse vache, tu ne mérites que de la douleur !
(Anonyme, « Lettre de Mia », s.l.n.d.)

15En présentant la dénomination diagnostique commune comme antagoniste au sein d’un dispositif scénique en ligne, le souffrant arrive à exprimer un idéal performatif de l’écriture de son corps, un ensemble d’objectifs personnels, et finalement une identité positive [11].

16Les descriptions, les fiches personnelles d’un site d’échanges sur l’anorexie ou la boulimie renseignent aussi, brièvement, sur l’apparence et le style de chaque membre. C’est également le cas pour les usagers qui associent des portraits photo aux messages et aux commentaires qu’ils publient. Quoi qu’il en soit, les internautes ne cessent d’emmener leur corps dans l’échange, capturant ainsi son expressivité, sa sensibilité, sa réactivité. Par le biais de ces traces de présence corporelle, les membres de plates-formes consacrées aux troubles alimentaires se mettent en scène dans leur quotidien. Manière non seulement de raconter leur vie et d’intéresser les autres, mais aussi de gérer l’image qu’ils ou elles donnent d’eux-mêmes.

17Que les photos ou les vidéos mises en ligne soient réalistes ou fausses, peu importe, pourvu qu’elles expriment une présence. Les techniques de correction ou d’amélioration de l’image photographique, longtemps considérées comme taboues, se démocratisent à l’heure des logiciels de traitement. En manipulant la « substance même du photographique [12] » (au sens de ressemblance « photoréaliste » entre l’image et le sujet représenté), l’acteur de la performance en ligne pose, joue avec la lumière et le cadrage, adapte son comportement et ses gestes pour produire une certaine impression. Les internautes apprennent à gérer ces codes de mise en scène du corps, ce qui établit une très forte continuité entre les pratiques de gestion des traces corporelles sur les réseaux sociaux numériques et la « présentation de soi » étudiée, bien avant Internet, par la sociologie des cadres de l’expérience d’Erving Goffman [13]. Les interactions sociales, qu’elles soient ou non médiatées par des technologies de l’information et de la communication, peuvent être appréhendées comme des allers-retours incessants entre une scène (en l’occurrence les réseaux numériques, espaces de la monstration de soi) et des coulisses (lieux en principe inaccessibles au public, où l’acteur peut ne pas être ce qu’il dit être quand il est sur la scène). Ainsi, selon Julia Velkovska et Valérie Beaudouin, « les différentes composantes de l’espace communicationnel […] peuvent être interprétées comme constituant un cadre de participation, au sens de Goffman, c’est-à-dire comme délimitant l’accès des participants à un territoire commun et aux événements qui s’y produisent [14] ».

Reconnaissance publique de la performance et construction du capital social

18La question de la vérité du corps mis en présence et en performance sur le Web par les internautes anorexiques et boulimiques ne se pose plus en termes de sa cohérence avec le corps hors ligne, « en coulisses », de l’usager. À regarder les photos ou les vidéos partagées sur les sites ana-mia, on est saisi par la sensation d’avoir affaire à des images où tous les détails sont authentiques mais où l’ensemble est néanmoins fictif. Tout est minutieusement construit : face à un miroir ou à une webcam, les détails sont soignés, les contenances codifiées à l’extrême, le cadrage ayant pour fonction de valoriser certaines parties du corps (bras, hanches, côtes). Entre photo-retouches et montages, la mise en scène est souvent tellement extravagante qu’elle finit par rendre méconnaissable la prétendue « vérité du corps » qu’elle était censée certifier et par livrer complètement le physique anorexique et boulimique à la mise en scène qui le structure et le justifie. L’image que l’internaute donne à voir de son corps se projette alors dans un futur de perfection (les modèles de beauté incarnés par les mannequins) ou se fige dans un présent fait d’efforts et de sacrifices (le corps jamais satisfaisant, toujours en transition, de la personne atteinte de troubles alimentaires), met en scène un corps « en puissance ».

19Ce dernier échappe aux catégorisations nosologiques individuelles et aux traits pathologiques personnels. La performance autour des troubles alimentaires se construit alors au fil des échanges entre usagers [15] ou au sein d’interactions de groupe [16].

20En revanche, sa validité est conditionnée à son adaptation au fonctionnement du cadre social dans lequel il s’inscrit. Constamment stigmatisés dans les médias, qui les qualifient d’« apologètes de l’anorexie », les usagers de sites de troubles alimentaires fournissent surtout un soutien émotif et un sens de proximité émotionnelle à des jeunes gens et à des adultes en détresse. Pour ce faire, et pour trier entre « souffrants », simples « régimeuses » et flâneurs animés par une curiosité morbide, ils doivent constamment demander des « preuves d’identité ». C’est justement au travers de récits, de photos certifiant des « progrès » dans le trouble ou dans la guérison, de témoignages vidéo, que les internautes attestent de leur appartenance à la communauté ana-mia. Ils envoient ces gages à leurs correspondants en ligne.

21De surcroît, dans un forum de discussion, chacune des photos, chacun des messages vaut moins pour sa représentation des pratiques et des postures de son auteur que pour son potentiel d’émulation, de comparaison, parfois de défis. Ainsi, les carnets alimentaires où les anorexiques répertorient jour après jour les moindres calories ingérées ne prennent leur signification que quand ils sont publiés en ligne, pour que d’autres puissent relancer à la baisse (encore moins de calories par jour) ou bien à la hausse (période de restrictions encore plus importante). La performance prend alors des allures d’exploit sportif, de recherche du record dans une catégorie définie d’activités physiques. La collectivité exerce une forme de contrôle et de validation des déclarations performatives des contributeurs de sites ana-mia (avoir ou ne pas avoir absorbé des aliments) – validation qui vise autant à vérifier la véridicité des déclarations qu’à empêcher que l’escalade dans la confrontation n’aboutisse à une issue fatale, à attester finalement d’un certain capital social de reconnaissance des performeurs au sein de la communauté anorexique ou boulimique d’appartenance [17].

22La notion de capital social, telle qu’elle a été développée par Pierre Bourdieu, s’articule avec celle d’habitus. C’est parce que l’usager a incorporé un ensemble d’habitudes, de réflexes, de gestes et d’aptitudes qu’il peut intégrer un certain milieu social (à savoir les communautés web liées aux troubles alimentaires). Ainsi, il arrive à posséder « un réseau durable de relations plus ou moins institutionnalisées d’interconnaissance et d’inter-reconnaissance [18] ». Les mises en présence performatives dans les sites web ana-mia sont le résultat d’un apprentissage actif de routines et de comportements documentés dans le groupe d’appartenance. Elles reflètent des structures sociales sous-jacentes et véhiculent les normes du corps en vigueur dans le groupement social en question. L’apprentissage, la confrontation avec les pairs et l’échange de connaissances – somme toute, les éléments d’une socialisation à part entière – deviennent primordiaux pour réussir à s’imposer dans ces environnements sociaux numériques.

23Les dispositifs de quantification de la performance des rôles et des hiérarchies d’acteurs en ligne construisent tout autant ces structures sociales. Le cas déjà traité plus en détail ailleurs [19] d’un forum de discussion anglophone dédié aux troubles alimentaires peut illustrer ce point. Lorsqu’une néophyte débarque, selon la coutume du forum elle se présente en publiant tout de suite un message contenant son nom, son diagnostic, son âge. Le message est complété par une fiche renseignant ses « stats » (« statistiques ») : taille, poids maximal, poids minimal, poids visé. La photo de son profil utilisateur (non personnalisée ou bien indiquant un apprentissage encore en cours des codes esthétiques de la communauté) s’accompagne d’un compteur du nombre de ses contributions au forum, lequel affiche cruellement « 1 ». Elle est donc classée parmi les nouveaux arrivés, que les « anciens » du forum doivent chaperonner. Aussitôt, une modératrice intervient, invitant la nouvelle utilisatrice à rejoindre un espace privé du forum situé à une autre adresse internet. La photo de son profil représente un mannequin blond, moulé par un maillot de bain noir élégant et austère. Le nombre faramineux des messages postés par ses soins sur le forum est le gage de son autorité et de sa fiabilité. Les rôles sont établis, la hiérarchie est claire : la néophyte se laisse conduire par la modératrice et on la retrouvera quelques jours après à la nouvelle adresse de la communauté en ligne.

24En façonnant le tissu social des plates-formes web de personnes atteintes de troubles alimentaires, ces interactions destinées à définir des rôles et à aménager le capital social (en termes d’influence, de réputation, de crédibilité) donnent aussi un ordre et une continuité à ces communautés virtuelles, malgré le risque de dispersion des membres du fait des migrations fréquentes dues à la censure.

Par-delà l’art de jeûner : vocabulaire de citoyenneté et enjeux politiques

25Le sens de notre analyse est que, dans la mesure où les performances du corps dans les environnements sociaux du Web ana-mia visent à maximiser le capital social des usagers, la mise en présence de soi et de son apparence est une activité moins individuelle que groupale. Bien évidemment, adapter les images, projeter des aspirations, écrire le soi sur les réseaux sociaux rejoint idéalement autant l’art de jeûner kafkaïen que les « technologies du soi » foucaldiennes [20]. Au moyen de la mise en ligne d’images de corps amaigris, ou de récits d’anorexiques, se met en place un processus social réalisant dans le corps même sur lequel ces images et conseils alimentaires ont prétendument un effet [21] un travail de réflexion, de déchiffrement des désirs et des choix personnels et collectifs. Il ne s’agit pas seulement d’exprimer ce qu’on est ou ce qu’on veut être. En projetant les desiderata liés à sa présence physique, tout usager ana-mia forme un projet de soi qui se fait projet de corps – et, dans les réseaux, projet de nous. La présence ne jaillit pas exclusivement d’une narration individuelle : elle surgit du partage et de la conversation avec les autres. Si les recherches de la décennie passée portant sur les premières manifestations du Web social, tels les blogs ou les pages personnelles, ont privilégié tantôt les approches de l’« individualisme expressif », tantôt celles des « techniques relationnelles » reconduisant les interactions en ligne à des dynamiques intersubjectives [22], l’essor des grands médias sociaux des dernières années – Twitter, YouTube et Facebook – impose des approches moins micro-sociologiques et plus attentives aux dynamiques de co-construction et de négociation collective de la présence.

26Le caractère déclaratif et performatif de ces présences corporelles anorexiques et boulimiques sert finalement à mettre l’individu en harmonie avec son milieu social d’élection. La transformation que l’usager cherche à opérer sur lui-même rejoint les évolutions possibles de la communauté composée par les personnes avec lesquelles il interagit. C’est à ce moment-là que le langage même des communautés en ligne se radicalise, se charge de colorations politiques et ne se laisse plus exprimer que par un vocabulaire de citoyenneté : « choix », « liberté », « droit » d’être anorexique. Contre la mobilisation de ces catégories l’opinion publique et les décideurs politiques s’insurgent et depuis plusieurs années tentent d’instaurer des législations entravant la propagation des contenus émanant des cultures des usagers atteints de troubles alimentaires (voir les projets de loi français et britannique de 2008 et 2009) [23]. La performativité du corps en ligne devient alors un enjeu politique à part entière, au prisme duquel on peut lire les questionnements et les controverses qui traversent l’espace public contemporain. Parmi celles-ci, la « désintermédiation » des savoirs sur le corps et la liberté d’expression se dégagent de manière distincte et s’imposent en tant qu’axes de développement possible du phénomène ana-mia.

27Ce qui se joue dans les communautés d’anorexiques et de boulimiques en ligne est un nouveau partage de ressources techniques et sanitaires entre professionnels de santé et citoyens. La mise à disposition d’informations médicales libres d’accès a été saluée comme un outil inestimable de « capacitation » (empowerment) des patients et a considérablement redéfini les professions de santé durant la dernière décennie [24]. Les chercheurs ayant constaté la montée de la « désintermédiation » ou bien de l’« apomédiation » médicale [25] – c’est-à-dire la redéfinition progressive du rôle d’intermédiaires experts joué jusque-là par les professionnels de santé – ont aussi pointé l’autonomie des patients en tant qu’élément ambivalent de ces transformations récentes. Dans la mesure où les revendications d’autonomie lisibles en filigrane dans les échanges des sites web ana-mia présupposent l’application de technologies communicantes et de dispositifs mobiles au domaine de la biomédecine, se dessinent les contours d’un univers de pratiques sociales ayant pour fin le développement d’une subjectivité individuelle ou collective jouissant d’un degré accru d’indépendance matérielle, fonctionnelle et personnelle. Le contexte plus vaste du processus de démocratie sanitaire prônée en France notamment par la loi n° 2002-303 du 4 mars 2002 (insistant tout particulièrement sur l’« information des usagers du système de santé et l’expression de leur volonté ») semble renvoyer la notion d’autonomie à une généralisation du droit des citoyens à moduler les soins selon leurs propres exigences. Mais elle semble aussi introduire une liberté de choix qui expose ces mêmes citoyens à une prise de risque incontrôlée.

28C’est justement la gestion de ce risque au niveau collectif qui déplace le cadrage politique des contenus du Web ana-mia et les inscrit en conséquence dans la problématique de la liberté d’expression sur les nouveaux médias. Cette liberté est menacée par la multiplication de dispositifs de filtrage et de censure du Web mis en place autant par les gouvernements que par les acteurs privés. Les blogs et forums qui évoquent les troubles de l’alimentation, pourchassés depuis une décennie au prétexte qu’ils les promeuvent, ne disparaissent pas pour autant. Au contraire, ils continuent d’exister et de se renouveler : leurs réseaux se réorganisent pour devenir impénétrables, les sites pivots permettant de faire circuler l’information et de favoriser le développement de l’entre-soi [26]. Le filtrage et la censure ont donc pour effet paradoxal d’encourager davantage les échanges entre ceux qui souffrent de troubles de l’alimentation, de les confirmer dans leurs modalités spécifiques de performance du corps en ligne. Bien que cela puisse être interprété comme une conséquence somme toute positive, celle-ci ne se réalise qu’en coupant ces usagers du contact avec des sources informationnelles extérieures émanant de l’information biomédicale officielle. Au final, la censure entraîne à une « désintermédiation » médicale « sauvage », parce qu’elle empêche les acteurs mêmes de l’information et de la prévention en santé de faire entendre leurs voix et prive cette communauté en ligne de leurs messages. En excluant progressivement les discours orientés vers le traitement, pourtant très présents dans ces communautés web [27], la censure finit aussi par radicaliser les positions des usagers ana-mia et par les écarter des contextes de prise en charge et de suivi médical – ce qui revient à introduire une forme d’exclusion du droit d’accès aux soins.

29Notre analyse trouve sa conclusion là où le récit de Kafka commençait, en évoquant la possibilité de la fin du phénomène historiquement situé de la « performance de la faim ».

30

L’intérêt que l’on porte aux jeûneurs professionnels a beaucoup baissé au cours des dernières décennies. Alors qu’il était avantageux autrefois d’organiser pour son propre compte des spectacles de cette nature, cela est devenu aujourd’hui tout à fait impossible. C’étaient d’autres temps [28].

31Le dépassement de la culture ana-mia sur le Web ne peut passer par la simple interdiction de ses « performances de la faim », pour dérangeantes qu’elles soient pour la sensibilité mainstream. La censure ne fait que déplacer les performeurs (et leurs publics) sur d’autres sites, d’autres plates-formes, hébergés peut-être sur des serveurs dans d’autres pays qu’elle ne pourra pas atteindre. De plus, elle rend le spectacle plus radical, le consignant à une logique héroïque et romantique de persécution et de stigmatisation qui ajoute au côté enivrant, dangereux, de la performance. L’issue possible des logiques performatives propres à la communauté ana-mia se situe peut-être dans le désamorçage des éléments passionnels de ces dernières au profit de la création de relations de soutien et d’accompagnement entre les artistes modernes de la faim et leurs publics.


Date de mise en ligne : 24/07/2013

https://doi.org/10.3917/commu.092.0111

Notes

  • [1]
    S. R. Brotsky et D. Giles, « Inside the “Pro-ana” Community : A Covert Online Participant Observation », Eating Disorders, 15 (2), 2007, p. 93-109 ; J. McCabe, « Resisting Alienation : The Social Construction of Internet Communities Supporting Eating Disorders », Communication Studies, 60 (1), 2009, p. 1-16.
  • [2]
    Si le terme « pro-ana » s’est imposé dans les médias et dans le débat public, il ne va pas sans poser plusieurs difficultés. Tout d’abord, en mettant l’accent sur l’anorexie, il gomme la diversité et la variété des troubles alimentaires mentionnés dans le DSM-5 (cinquième édition du Manuel diagnostique statistique) et dont les internautes sont atteints : boulimie mentale, hyperphagie, pica, autres troubles non spécifiés… La boulimie mentale est particulièrement présente dans les sites web considérés, ce qui devrait entraîner son inclusion dans la dénomination. De plus, le côté « pro » devrait être estompé, dans la mesure où les auteurs de ces sites web, accusés de prôner l’anorexie et d’en faire l’apologie, offrent en fait une assistance en ligne significative pour d’autres personnes atteintes des mêmes désordres et servent même d’intermédiaires dans l’accompagnement vers le traitement et le rétablissement. C’est en considération de ces éléments que nous privilégierons ici la dénomination « ana-mia » au lieu de « pro-ana ». Le cadre théorique de cet article a par ailleurs été développé dans le projet de recherche « La sociabilité “Ana-mia” : une approche des troubles alimentaires par les réseaux sociaux en ligne et hors ligne » (ANAMIA ANR-09-ALIA-001).
  • [3]
    S. Goldman, A. Booker et M. McDermott, « Mixing the Digital, Social, and Cultural : Learning, Identity, and Agency in Youth Participation », The John D. and Catherine T. MacArthur Foundation Series on Digital Media and Learning, 6, 2007, p. 185-206.
  • [4]
    Marie Bergström, « Sites de rencontres : nouveaux territoires sexuels, nouvelles frontières », Poli – Politique de l’image, n° 4, 2011, p. 99-112 (ici, p. 103).
  • [5]
    Sur la notion de « cacophonie alimentaire », voir Claude Fischler, L’Homnivore, Paris, Odile Jacob, 1993, p. 202-203.
  • [6]
    Franz Kafka, « Un artiste de la faim » (1922), in La Colonie pénitentiaire et autres récits, Paris, Gallimard, 2004, p. 188.
  • [7]
    Ibid., p. 200.
  • [8]
    Pour une synthèse générale de la littérature scientifique sur les sites ana-mia, cf. A. A. Casilli, P. Tubaro et P. Araya, « Ten Years of Ana. Lessons from a Transdisciplinary Body of Literature on Online Pro-Eating Disorder Websites », Social Science Information, vol. 51, n° 1, 2012, p. 121-139.
  • [9]
    G. Overbeke, « Pro-Anorexia Websites : Content, Impact, and Explanations of Popularity, Mind Matters », The Wesleyan Journal of Psychology, 3 (1), 2008, p. 49-62 ; M. K. Lapinski, « StarvingforPerfect.com : A Theoretically Based Content Analysis of Pro-Eating Disorder Web Sites », Health Communication, 20 (3), 2006, p. 243-253.
  • [10]
    L. Andrist, « Media Images, Body Dissatisfaction and Disordered Eating in Adolescent Women, MCN », The American Journal of Maternal / Child Nursing, 28 (2), 2003, p. 119-123.
  • [11]
    D. Ferreday, « Unspeakable Bodies : Erasure, Embodiment and the Pro-Ana Community », International Journal of Cultural Studies, 6 (3), 2003, p. 277-295 ; K. J. Ward, « “I Love You to the Bones” : Constructing the Anorexic Body in “Pro-Ana” Message Boards », Sociological Research Online, 12 (2), 2007.
  • [12]
    André Gunthert, « “Sans retouche”. Histoire d’un mythe photographique », Études photographiques, vol. 22, n° 1, 2008, http://etudesphotographiques.revues.org/index1004.html
  • [13]
    Je développe ce point dans A. A. Casilli « Être présent en ligne : culture et structure des réseaux sociaux d’Internet », Idées Économiques et Sociales, 169 (1), 2012, p. 16-29.
  • [14]
    Julia Velkovska et Valérie Beaudouin, « Constitution d’un espace de communication sur Internet (forums, pages personnelles, courrier électronique…) », Réseaux, n° 97, 1999, p. 131.
  • [15]
    D. C. Ransom, J. G. La Guardia, E. Z. Woody et J. L. Boyd, « Interpersonal Interactions on Online Forums Addressing Eating Concerns », International Journal of Eating Disorders, 43 (2), 2010, p. 161-170.
  • [16]
    J. Gavin, K. Rodman et H. Poyer, « The Presentation of “Pro-Anorexia” in Online Group Interactions », Qualitative Health Research, 18 (3), 2008, p. 325-333.
  • [17]
    S. Tierney, « Creating Communities in Cyberspace : Pro-Anorexia Web Sites and Social Capital », Journal of Psychiatric and Mental Health Nursing, 15 (4), 2008, p. 340-343.
  • [18]
    Pierre Bourdieu, « Le Capital social : notes provisoires », Actes de la recherche en sciences sociales, n° 3, 1980, p. 2.
  • [19]
    Antonio A. Casilli, Les Liaisons numériques. Vers une nouvelle sociabilité ?, Paris, Seuil, 2010.
  • [20]
    L. H. Martin, H. Gutman et P. H. Hutton (eds), Technologies of the Self : A Seminar with Michel Foucault, Amherst, University of Massachusetts Press, 1988.
  • [21]
    A. M. Bardone-Cone et K. M. Cass, « What Does Viewing a Pro-Anorexia Website Do ? An Experimental Examination of Website Exposure and Moderating Effects », International Journal of Eating Disorders, 40 (6), 2007, p. 537-548.
  • [22]
    Laurence Allard et Frédéric Vandenberghe, « Express yourself ! Les pages perso. Entre légitimation techno-politique de l’individualisme expressif et authenticité réflexive peer to peer », Réseaux, n° 117, 2003, p. 191-220 ; Dominique Cardon et Hélène Delaunay-Téterel, « La production de soi comme technique relationnelle. Un essai de typologie des blogs par leurs publics », Réseaux, n° 138, 2006, p. 15-71.
  • [23]
    En France : Assemblée nationale, proposition de loi de Mme Valérie Boyer visant à combattre l’incitation à l’anorexie, n° 781, déposée le 3 avril 2008 ; au Royaume-Uni : EDM 659 Anorexia Web Sites, UK Parliament, 3 février 2009.
  • [24]
    Antonio A. Casilli, « Usages numérique en santé : conflictualité épistémique et sociale dans les communautés de patients en ligne », in Claude-Marie Laedlein-Greilsammer (dir.), Internet : des promesses pour la santé ?, Actes des Journées 2011 Euro Cos Humanisme et Santé, Paris, Éditions de Santé, 2011, p. 181-191.
  • [25]
    G. Eysenbach, « Medicine 2.0 : Social Networking, Collaboration, Participation, Apomediation, and Openness », Journal of Medical Internet Research, 10, 3 (25 août 2008), e22.
  • [26]
    Voir à ce sujet A. A. Casilli, F. Pailler et P. Tubaro, “Online networks of eating-disorder websites: why censoring pro-ana might be a bad idea”, Perspectives in Public Health, 133 (2), 2013, p. 1-2.
  • [27]
    S. Riley, K. Rodham et J. Gavin, « Doing Weight : Pro-Ana and Recovery Identities in Cyberspace », Journal of Community & Applied Social Psychology, 19 (5), 2009, p. 348-359.
  • [28]
    Franz Kafka, « Un artiste de la faim », in La Colonie pénitentiaire et autres récits, op. cit., p. 188.

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