Couverture de COMLA_181

Article de revue

Entre sport, spectacle et tradition : la course de taureaux de Camargue

Pages 53 à 64

Notes

  • [1]
    Jean-Noël Pelen, « Le pays d’Arles : sentiment d’appartenance et représentations de l’identité », Terrain, 5, 1985.
  • [2]
    Dominique Wolton, Internet et après ? Une théorie critique des nouveaux médias, Flammarion, 1999.
  • [3]
    Le terme « la Bouvine » englobe tout ce qui a trait au taureau de Camargue, de son élevage aux spectacles dont il est le protagoniste. Il concerne également les hommes qui ont un rapport (professionnel ou passionnel) avec le taureau. On parle plus largement du « monde de la Bouvine ».
  • [4]
    Quelques statues de célèbres taureaux de courses camarguaises sont en effet édifiées à l’entrée des villes, par exemple, la statue du taureau nommé Goya a été placée en 2006 à l’entrée nord de Beaucaire. Les Saintes-Maries-de-la-Mer et Vauvert arborent également une statue de taureau à leur entrée. Des sépultures rendent aussi hommage aux taureaux les plus célèbres : la tombe du taureau nommé Le Sanglier, située au Cailar, en est un exemple.
  • [5]
    Une vingtaine d’entretiens semi-dirigés avec des acteurs du milieu des traditions taurines (organisateurs, raseteurs (sportifs), éleveurs, spectateurs, institutionnels et journalistes) nous ont permis de mettre en évidence cette frontière entre le Languedoc et la Provence. Chaque territoire comporte ses propres élevages et ses propres sportifs, qui sont recrutés par les organisateurs (clubs taurins, communes, organisateurs privés) du territoire concerné et supportés par les spectateurs locaux. Globalement, seuls les grands événements taurins et les championnats réunissent la Provence et le Languedoc : le Trophée des As, le Trophée de l’Avenir, La Cocarde d’Or…
  • [6]
    Une manade : troupeau taurin ou équestre (race espagnole ou race camarguaise pour les taureaux, ou chevaux de race Camargue). Il existe plus de 150 manades de taureaux en Camargue.
  • [7]
    Une abrivado : terme dérivé du verbe abrivar, qui signifie en occitan « accélérer ».
  • [8]
    Un encierro : d’origine ibérique pour son appellation, il consiste cependant en deux choses différentes en France et en Espagne. En effet, un encierro espagnol correspond à une abrivado camarguaise, tandis qu’en France, il s’agit de lâcher un taureau sur une place publique, sans encadrement de cavaliers ni de déplacement d’un point A à un point B.
  • [9]
    La Fédération française de la course camarguaise (FFCC) a été créée en 1975 sous l’impulsion du ministre de la Jeunesse et des Sports de l’époque, M. Pierre Mazeaud. Le 17 décembre 2004, la course camarguaise est agréée par le ministère des Sports. En 2013, 828 courses ont été organisées, mais 104 ont été annulées (généralement en raison d’intempéries). La course camarguaise a accueilli 286 125 spectateurs, mais le nombre réel de spectateurs serait 10 % plus important que celui décompté d’après les entrées déclarées à la FFCC (chiffres : FFCC).
  • [10]
    Robert Zaretsky, Cock and Bull Stories: Folco de Baroncelli and the Invention of the Camargue, Lincoln, University of Nebraska Press, 2004.
  • [11]
    Éric Delaperrière, La course camarguaise, Équinoxe, 2004.
  • [12]
    Annelyse Chevalier, « Les gardians de Camargue », Courrier du Parc, 56, 2007.
  • [13]
    Nadine Cardona, Frédéric Saumade, Au cœur de la Bouvino. Les origines de la culture tauromachique en Languedoc et Provence, conseil général de l’Hérault, 1990.
  • [14]
    Pierre Bourdieu, Les règles de l’art : genèse et structure du champ littéraire, Paris, Seuil, 1992 ; Howard S. Becker, Art Worlds, 25th Anniversary edition, Chicago, Northwestern University, 1982.
  • [15]
    Ibid.
  • [16]
    Les deux grands titres régionaux qui parlent de courses camarguaises sont Midi Libre et La Provence. Ces deux médias se partagent également l’organisation des grands championnats taurins : le « Trophée des As » et le « Trophée de l’Avenir ». Les émissions télévisées consacrées aux traditions camarguaises sont quant à elles assurées par la chaîne régionale TV Sud et notamment l’émission taurine Noir et Blanc.
  • [17]
    Georg Simmel, Le conflit, Éditions Circé, 1992.
  • [18]
    Antoine Hennion, La passion musicale, une sociologie de la médiation, Métallié, 1993.
  • [19]
    Daniel Jacobi, La communication scientifique ; discours, figures, modèles, Presses universitaires de Grenoble, 1999.
  • [20]
    Note méthodologique : une trentaine d’entretiens semi-dirigés avec des acteurs du champ soigneusement choisis ont été menés entre 2011 et 2014. Le panel des enquêtés est composé d’éleveurs, de sportifs, d’institutions, d’organisateurs, de journalistes venant de tout le territoire de la course camarguaise. Chaque retranscription a été analysée et mise en relation avec les autres afin d’obtenir les résultats concernant le champ. Des recherches ont également été menées dans les archives et les collections d’établissements variés : palais du Roure (Avignon), musée de la Camargue (Arles), médiathèque Ceccano (Avignon), la Fédération française de la course camarguaise (Nîmes), afin de saisir l’évolution des traditions taurines.
  • [21]
    Le célèbre écrivain Ernest Hemingway, avec son ouvrage Mort dans l’après-midi, paru en 1932, contribua à valoriser la corrida grâce à la retranscription de sa passion pour cet art tauromachique.
  • [22]
    Les œuvres de Pablo Picasso vouées à la corrida furent un fil conducteur dans la carrière de l’artiste cubiste. En tant qu’aficionado, il entraîna dans son sillage de nombreux intellectuels sur le sujet de la tauromachie ibérique : Georges Braque, René Char ou encore Jean Cocteau.

Un territoire restreint et une culture populaire originale

1Dans quatre départements du Sud-Est, le Gard, l’Hérault, les Bouches-du-Rhône et le Vaucluse, se déroulent chaque année des spectacles traditionnels dans lesquels la star est le taureau de Camargue. La Camargue, située au cœur du delta du Rhône, est réputée pour son exceptionnelle biodiversité. Espace singulier partagé entre eau salée et eau douce, réputé pour ses territoires préservés, la Camargue n’en a pas moins été aménagée et façonnée par la main de l’homme depuis des siècles. C’est dans cette zone en équilibre fragile que sont élevés les taureaux de Camargue, une espèce semi-sauvage aux origines mal connues. C’est là un symbole de la Camargue (les cornes du taureau sont l’emblème du parc naturel régional de Camargue). Ce qui est moins connu, ce sont les jeux populaires dont il est la vedette : ceux-ci constituent un événement très particulier, générateur de médiations multiples ; ils contribuent à l’émergence d’une forme culturelle spécifique dont cet article s’emploie à comprendre la portée symbolique et les enjeux.

2Par-delà les figures bien connues d’un folklore plus ou moins authentique qui mêle manades de chevaux et de taureaux, gardians et arlésiennes en costume traditionnel, farandoles et félibres – tout un héritage lié à la mémoire de Frédéric Mistral déployé pour le plaisir des nombreux touristes –, les spectacles taurins constituent un événement de communication majeur pour le territoire et son identité. Très populaires, ils ne drainent qu’un public exclusivement local. Durant toute la saison, du printemps à l’automne, de très nombreuses courses de taureaux sont organisées par des communes ou des associations dans les arènes des villes et des villages. Seuls les médias locaux (presse quotidienne régionale) s’y intéressent dans des pages spécialisées ; mais ces spectacles confirment leur importance année après année, attirant régulièrement un public local d’amateurs passionnés. Quelles sont les origines de ces spectacles populaires ? Quels en sont le sens et les enjeux ?

3Si on considère qu’une culture populaire est dotée d’un système de valeurs et qu’elle façonne son propre univers de sens, alors sans aucun doute, la course de taureaux du Sud-Est de la France en relève. La course camarguaise s’inscrit sans ambiguïté dans le domaine de la culture populaire tout en contribuant à maintenir l’identité de ce territoire [1]. Le caractère populaire des traditions taurines vient sans doute de leur origine agricole et rurale : « Les traditions sont un ensemble de manières, de penser, de faire ou d’agir, qui est un héritage du passé. Elles sont donc un produit passé mais qui a une actualité. » [2] Les jeux taurins ont pris forme pour divertir les ouvriers agricoles des grands domaines privés. En fait, le passage d’une culture agricole à une culture populaire et traditionnelle s’observe au fil de l’histoire de la Camargue. Cette dimension historique est primordiale lorsque l’on questionne les cultures taurines, tant pour justifier leurs caractéristiques que pour comprendre l’engouement qu’elles suscitent encore aujourd’hui.

4Dans un paysage de carte postale, entre nature et culture, des enjeux économiques, touristiques et sociaux se jouent entre les divers acteurs sociaux camarguais. Que sont les traditions taurines de Camargue ? Où prennent-elles place et depuis combien de temps ? Comment se développe une culture populaire territorialisée ? Le système des traditions taurines s’organise selon un champ autonome composé d’acteurs s’associant dans un but commun : faire vivre et préserver leur culture taurine, mais à quel prix ? Spectacle séculaire, la course taurine a toujours fait intervenir une partie précaire de la population locale (travailleurs saisonniers immigrés aux débuts des traditions, puis sportifs d’origine italienne ou maghrébine en vedette dans les arènes). On peut d’ailleurs se demander aujourd’hui quelles chances a cette culture de survivre.

Des pratiques populaires territorialisées

5Pour analyser les médiations en jeu, il est d’abord nécessaire de situer les traditions taurines camarguaises. Nous l’avons vu, ces événements se déroulent en territoire languedocien et provençal. Représentations singulières, ils ont majoritairement lieu lors de fêtes de village ou de journées dédiées à la Bouvine [3]. Il est important de distinguer les traditions tauromachiques camarguaises, et particulièrement la course camarguaise (partie la plus importante de celles-ci), de la corrida, qui tient ses origines d’Espagne. Si ces deux cultures taurines partagent épisodiquement un même lieu – les amphithéâtres romains de Nîmes et d’Arles –, elles sont bien différentes dans leurs objectifs. En effet, en ce qui concerne les traditions populaires du delta rhodanien, il n’y a pas de mise à mort du taureau. Le taureau est admiré en piste pour son intelligence et sa vivacité. Ce dernier est une vedette suivie au fil des années (la carrière d’un taureau dure environ dix ans) et connue au point que, parfois, une statue peut être élevée pour célébrer sa gloire [4].

6Les manifestations taurines se déroulent durant la temporada, période s’étendant de mars à septembre. Cette période correspond à la saison taurine, mais aussi à la saison des fêtes de villages (fêtes en l’honneur du saint patron du village ou de la ville, fêtes liées à l’agriculture et aux récoltes ou célébrant un moment de l’année), qui suivent un calendrier strict. Ces rassemblements festifs séculaires, appelés « fêtes votives », sont spécifiques au Sud-Est de la France. Ainsi, les traditions taurines appartiennent à un cadre festif territorialisé. Le territoire prend toute son importance dans la mesure où les quatre départements accueillants les traditions taurines sont partagés entre le Languedoc-Roussillon et la Provence, deux aires rivales séparées par le Rhône. Cette limite marque plus qu’une frontière administrative ; les départements voisins ont chacun leur propre manière de vivre les traditions taurines et les fêtes. Les langues locales, occitan à l’ouest et provençal à l’est, symbolisent également ce partage entre deux territoires qui revendiquent chacun une culture taurine originale [5].

7Ces fêtes reposent sur un dispositif de communication complexe et précis. Les manifestations taurines prennent vie dans trois types de lieux : dans les prés (adjacents aux élevages), sur la place publique et dans les arènes. Les ferrades en constituent le point de départ. Il s’agit de marquer au fer rouge les jeunes taureaux du symbole de la manade à laquelle ils appartiennent et de leur numéro d’identification [6]. Ensuite, les courses de rue sont des événements gratuits ayant lieu sur la place publique. Parmi elles figurent l’abrivado et la bandido[7]. L’abrivado correspond à l’origine au parcours des taureaux encadrés par un groupe de gardians à cheval depuis leurs prés jusqu’aux arènes. Dès l’apparition des camions de transport pour le bétail, l’abrivado perd sa fonction d’accompagnement des bêtes mais symbolise toujours celle-ci, pour le plaisir des villageois. La bandido, quant à elle, prend également la forme d’un lâcher de taureaux encadrés par des gardians et symbolise le retour des bêtes jusqu’aux prés. Aujourd’hui, le terme bandido désigne ordinairement un lâcher de bêtes qui se déroule en fin de journée, pour rappeler le retour aux prés d’antan. On peut également compter l’encierro parmi les manifestations taurines de rue. En Camargue, l’encierro consiste à libérer des taureaux au milieu de barrières sur une grande place [8]. Les villageois peuvent alors s’y confronter librement sous les yeux de leurs pairs : on cherche à impressionner ses amis, à prouver sa bravoure. Enfin, la course camarguaise est la plus importante des traditions ; étant donné son caractère de spectacle populaire central, les autres traditions taurines l’encadrent, l’accompagnent. La course camarguaise prend place dans l’arène de la ville ou du village, le plus souvent le samedi ou le dimanche, ou en semaine durant la saison estivale. Environ 830 courses sont organisées durant la saison et les arènes du territoire accueillent près de 300 000 spectateurs par an [9]. Cette tradition régionale, officiellement reconnue comme un sport, repose sur un dispositif inversé par rapport à celui de la corrida : « plutôt que de mettre en scène un homme seul contre un taureau qui l’attaque, ainsi du matador, les raseteurs entrent à plusieurs en piste pour affronter l’animal » [10]. Si la tauromachie espagnole sublime la mort du taureau et correspond à un combat entre l’homme et l’animal, la course camarguaise exalte les qualités naturelles du taureau camarguais [11]. Son intelligence et son agressivité sont mises en valeur par les actions des raseteurs. La course camarguaise se déroule sur la piste de l’arène, l’après-midi. En courant, les raseteurs passent à côté du taureau pour tenter d’enlever de petits attributs (la cocarde, les glands et les ficelles) fermement attachés sur et entre ses cornes. On dit que les raseteurs, passant l’un après l’autre, tentent de « raseter » le taureau, car la trajectoire rapide qu’ils effectuent à côté de la bête s’appelle un « raset ». Après avoir fait un raset, le raseteur court en direction de la barrière intérieure de l’arène et saute par-dessus pour échapper au taureau, qui, le plus souvent, le suit de près. Quand le taureau s’engage derrière lui pour le poursuivre en l’air au moment où il saute, on dit qu’il s’agit d’un « coup de barrière ». C’est un moment fort de la course camarguaise, très apprécié et recherché par le public.

Une culture populaire tridimensionnelle héritée du passé

8La course camarguaise contemporaine est singulière grâce aux trois dimensions qu’elle regroupe : la dimension sportive, la dimension spectaculaire et la dimension traditionnelle. Elles participent de la caractérisation de la course camarguaise en tant que culture populaire, car chacune influe sur les pratiques culturelles du public. La dimension sportive se distingue par les codes émanant de la fédération à laquelle la course camarguaise est affiliée (la tenue blanche des raseteurs, les entraînements, la législation, les compétitions sont conventionnelles) ; l’effet de spectacle se retrouve dans les attentes du spectateur (réceptivité aux commentaires du speaker, attention portée sur la qualité des actions du taureau et des sportifs plutôt que sur les résultats). Enfin, l’aspect traditionnel est justifié par l’ancienneté des courses et les manifestations folkloriques qui les accompagnent (présentation des raseteurs avant de commencer la course, cérémonies d’ouverture et de fermeture avec des arlésiennes en costume, musique traditionnelle).

9Ces trois dimensions sont aussi le fruit de l’évolution des traditions au fil des siècles. Le combat de l’homme contre le taureau de race camarguaise constituait en effet, il y a plusieurs centaines d’années, un mythe en Camargue, étayé par les nombreux vestiges de l’Antiquité grecque représentant des hommes engagés dans des jeux ou des combats contre les taureaux. Il reste cependant difficile de dater l’apparition des traditions taurines. Le plus ancien document taurin français qu’a découvert Claude Pelletier, texte qui relate un « lâcher de taureaux », date de 1289 [12]. Dès le xve siècle, les opérations d’élevage (déplacements, dressage des bovins pour le trait ou marquage au fer des taureaux) sont l’occasion de divertissement pour les ouvriers, les métayers et les vachers. Dans les pâturages, le jeu taurin existe déjà. En 1551, 16 000 bovins vivent en semi-liberté en Camargue, ce qui explique la multiplication de ces activités de loisirs, bien que le taureau ne représente à cette époque qu’une force de traction exploitée pour l’agriculture. Plus tard, les taureaux de Camargue, finalement jugés trop agressifs et sauvages pour être utilisés dans l’agriculture, cessent d’être des animaux de trait. Les élevages se font alors moins nombreux jusqu’à ce que l’on décide de développer l’activité ludique autour de cet animal.

10Au xviiie siècle, les villageois se divertissent avec les taureaux seulement dans le cadre privé, dans les mas. Les premiers jeux taurins apparaissent au xixe siècle. Ils sont rapidement assimilés à la course camarguaise, qui se nommait à l’origine la « course libre », étant donné que tout le monde pouvait y participer. Celle-ci avait alors lieu sur des places publiques, dans des arènes improvisées avec des charrettes. Puis, au cours de leur histoire, les courses camarguaises se codifient, avec l’apparition du costume blanc et des règles précises. Elles se déroulent alors dans des arènes, construites pour cette activité, ou dans les amphithéâtres de Nîmes et d’Arles [13]. Depuis leur existence, les courses camarguaises ont connu plusieurs périodes d’interdiction, que ce soit pour désordre public ou dangerosité. Mais au cours du xxe siècle, elles changent de statut et s’inscrivent dans les habitudes festives des collectivités locales au point de paraître immémoriales. À partir des années 1930, le taureau devient un héros populaire et l’emblème de la Camargue.

11Les traditions taurines ont donc évolué de la fin du xviiie siècle à nos jours pour devenir des spectacles, des mises en scène de ce qui se faisait auparavant. En effet, elles n’ont plus la fonction pratique qu’elles avaient autrefois : encadrer à cheval les taureaux pour les conduire selon un trajet précis d’un point à un autre ou se divertir autour des activités d’élevage dans un cadre strictement familial. Les traditions taurines sont devenues des spectacles de rue ou d’arènes, produites pour des publics. Le mythe élaboré autour des taureaux de Camargue, celui de la pureté de sa race d’origine asiatique, s’est en revanche maintenu jusqu’à nos jours et joue encore un rôle prépondérant dans l’attrait des publics vers cet animal emblématique. En effet, le taureau camarguais est un symbole de l’identité régionale, tout en jouant un rôle important dans la culture économique et matérielle du delta du Rhône. En fait, la course camarguaise et lou bioù (« le taureau » en provençal et occitan) forment l’axe traditionnel du territoire camarguais, et c’est pour cette raison que les activités de loisir autour des taureaux sont aujourd’hui devenues spectaculaires, tout en restant traditionnelles. Les cultures populaires liées à ces compétences semblent donc se transmettre depuis le milieu du xxe siècle de génération en génération.

Le sous-champ social de la course camarguaise et ses acteurs

12La revue de l’histoire des traditions et de leurs caractéristiques permet de constater que les traditions taurines d’aujourd’hui héritières de pratiques culturelles s’inscrivent dans un champ complexe. La société est divisée en champs et sous-champs : des espaces sociaux différenciés [14]. Ainsi, le champ est un univers social doté de ses propres traditions, de ses propres lois sociales d’admission et donc de sa propre histoire. Dans les champs et les sous-champs s’affrontent des acteurs disposant d’un capital culturel spécifique et de valeur inégale [15]. Cette culture populaire (la tauromachie camarguaise) est le résultat de l’évolution de pratiques culturelles autour d’un même centre d’intérêt : le taureau. Cette évolution résulte de l’intervention d’acteurs sociaux qui forment un réseau. Leur intérêt commun est de perpétuer l’élevage des taureaux en assurant sa rentabilité économique, les conditions de sa survie et les qualités d’un territoire où leur élevage se pratique depuis des décennies. En effet, le maintien de l’équilibre écologique et de la biodiversité de la Camargue, territoire d’élevage, a partie liée avec la pérennité des traditions taurines. L’élevage bovin, conduit de manière extensive, permet de valoriser, tout comme la chasse et la pêche, des espaces naturels que lui disputent d’autres activités concurrentes : l’agriculture – surtout la riziculture – et l’exploitation du sel, ainsi que le tourisme balnéaire.

13Agriculteurs, industriels, aménageurs touristiques, défenseurs de la nature ou des traditions essaient de s’entendre pour cohabiter. Mais qui sont les acteurs plus spécifiques du sous-champ de la course camarguaise ? Ceux qui se soucient particulièrement de la biodiversité de la Camargue sont évidemment des alliés pour les éleveurs de taureaux (manadiers), mais on peut aussi distinguer d’autres catégories d’acteurs : les sportifs (raseteurs et tourneurs, qui fonctionnent en équipe pour obtenir le maximum de gains) ; les journalistes (de la presse quotidienne régionale ou de la télévision locale) ; les publics (les afeciounas, passionnés de courses, correspondent à un public assidu, tandis que les néophytes ou les touristes forment un public qui se renouvelle en permanence) ; les institutions (la Fédération française de la course camarguaise et les écoles de raseteurs qui entraînent les sportifs) ; enfin, les organisateurs (clubs taurins en majorité, mais aussi associations réunies en comités des fêtes, services culturels publics et organisateurs privés) [16]. Chaque catégorie d’acteurs a son propre rôle. Ces acteurs dialoguent, se côtoient, marchandent et forment ainsi le milieu de la Bouvine.

14Le sous-champ de la course camarguaise se caractérise par les nombreux rapports de force existant entre les acteurs qui le composent. Singulièrement, ces rapports de force correspondent aux trois dimensions de la course de taureaux camarguaise (spectacle, sport, tradition). Ils sont ambigus et reposent sur une dualité paradoxale : entre concurrence et coopération. Or, le sous-champ de la course camarguaise met en évidence les relations existant dans un groupe social, notamment la dualité entre coopération et conflit [17]. Ces interactions peuvent être positives ou négatives. Incontestablement, il y a une nécessité pour tous les acteurs d’aller dans un même sens et de coopérer pour faire perdurer la course de taureaux camarguaise et pour la valoriser (interaction positive). Mais nonobstant cet impératif de coopération, chaque acteur privilégie sa catégorie : ainsi, les sportifs auront tendance à vouloir se mettre en avant, alors que les manades se font concurrence pour avoir les taureaux les plus brillants (interaction négative). Il en est de même pour les organisateurs, qui cherchent à convaincre les spectateurs en exploitant la qualité des affiches proposées (plusieurs courses ont en effet lieu simultanément dans différentes arènes à travers le territoire).

Les médiations de la course camarguaise

15La dualité coopération/conflit s’accompagne d’un empilement de médiations au sein du champ [18]. Ces événements reposent sur un tissu dense de médiations multiples qui en constitue la base symbolique. Nous entendrons ici le terme de « médiateur » en tant que spécialiste de la transmission : « le médiateur est celui qui s’interpose entre deux catégories d’acteurs, soit pour remédier aux décalages entre la culture savante du spécialiste et celle lacunaire du novice, soit entre l’œuvre ou le monument dont la complexité ou l’opacité rendent la perception laborieuse ou même impossible » [19]. Ce qui caractérise la course taurine, c’est le fait que cette fonction de médiation, loin d’être affectée à un acteur particulier, est partagée entre toute une gamme d’acteurs. Inventorions ces multiples rôles. On peut parler de médiations de production lorsque les acteurs coopèrent pour organiser une course de taureaux. Mais il ne faut pas oublier que le cœur de ces médiations est la relation avec un public. Les publics sont des acteurs clefs au sein du champ dans la mesure où les courses ont lieu à leur intention. Ils tiennent donc le rôle de médiateurs de la course camarguaise lorsqu’ils affirment leur point de vue sur la course, à voix haute et à l’intention de leurs voisins inconnus assis sur les gradins. La communication interpersonnelle est active au sein du public : c’est ce que nous appelons les médiations réciproques. Il est ainsi courant d’observer des afeciounas expliquer aux néophytes ce qui se passe sous leurs yeux, tout comme il est courant d’entendre des passionnés échanger des avis opposés sur la prestation de tel taureau ou de tel raseteur. Les organisateurs, quant à eux, imposent un autre rôle de médiateur dès lors qu’ils choisissent les duos hommes-taureaux invités et présentés sur la piste de l’arène. Ensuite, le speaker-président de la course, acteur de chaque course camarguaise, joue un rôle de médiateur des actions des raseteurs et du taureau pour le public en faisant jouer Carmen (un extrait de la célèbre musique de Bizet) quand le spectacle le mérite et en augmentant la valeur des attributs fixés sur les cornes quand le taureau les défend farouchement. Il incite le public à réagir, à encourager ou à applaudir. Enfin, les médias sont des médiateurs entre les acteurs (raseteurs, tourneurs, taureaux, manades, organisateurs) et le public en officialisant leur réussite grâce à des critiques et des articles. Ils jouent aussi le rôle de ciment et de lien entre les publics et les autres acteurs. Plus particulièrement, la presse quotidienne régionale est une forme de médiation majeure dans l’espace public local. Les titres choisissent les courses dont ils vont parler dans leur compte rendu en fonction de l’édition et agissent ainsi en tant que médiateurs entre ces événements culturels locaux et leur public de proximité. Parallèlement, les articles explicatifs, qui paraissent occasionnellement à destination des néophytes, sont des médiations pour des publics non-avertis.

16La quête de popularité est également un processus récurrent pour plusieurs acteurs. En effet, la reconnaissance des publics (qui vont finir par supporter et suivre une manade ou un raseteur en particulier) et celle des médias apparaissent comme un objectif à poursuivre pour les sportifs, les organisateurs et les élevages. Avec, à la clef de cette reconnaissance, la célébrité qui, au-delà de la renommée, permet d’accéder à la très convoitée rentabilité financière. Rares sont les acteurs qui parviennent à atteindre ce seuil. La course camarguaise est une activité de passionnés à la rentabilité incertaine. Le plus souvent et en l’absence d’un taureau exceptionnel, célèbre et très demandé, l’élevage n’est pas du tout rentable. C’est pourquoi, chez beaucoup de manadiers-éleveurs, la production de ce spectacle valorisant est financée par de nombreuses activités périphériques : hôtellerie, restauration, événementiel. Finalement, le sous-champ de la course camarguaise est un espace qui abrite des rapports de force. Chaque catégorie d’acteurs cherche à s’en sortir à sa manière, quitte à se situer dans un rapport entre « grands » et « petits », comme l’ont révélé de nombreux entretiens [20]. Il existe une tension entre grandes et petites manades, entre grandes et petites arènes, et de même pour ce qui concerne les raseteurs et les taureaux. Chaque acteur du champ, bien qu’il fonctionne de manière collective puisqu’il dépend des autres, semble paradoxalement agir selon son intérêt propre.

Un champ restreint mais néanmoins fragile

17Le sous-champ de la course camarguaise fonctionne en autonomie grâce à l’intervention de chaque catégorie sociale. La triple dimension tradition/spectacle/sport que comporte la course camarguaise aujourd’hui soulève de nouveaux enjeux de communication, mais également des enjeux environnementaux (territoire de Camargue) et économiques (tourisme, élevage). Autant de paramètres qui entrent en compte dans le maintien des cultures populaires taurines. Cependant, la question essentielle est de savoir à quelles conditions ces cultures populaires peuvent encore perdurer. Leur moteur reste sans aucun doute l’action des acteurs du sous-champ qui maintiennent les courses. Les catégories sociales du champ contiennent chacune des spectateurs assidus qui contribuent à la transmission des traditions taurines. Certes, les origines et l’histoire des cultures taurines contribuent à leur succès : la course et les jeux taurins ont une codification récente, mais le public a l’impression de se référer à quelque chose d’ancien.

18Pourtant, les cultures populaires taurines se transmettent aujourd’hui essentiellement via deux canaux : par la médiation des savoirs, d’une part, et par la communication et le bénévolat, d’autre part. De fait, les savoir-faire liés aux cultures populaires taurines continuent de se transmettre à l’oral. Il n’est pas rare que le jeune public des arènes contribue également aux activités d’élevage, apprenne à monter à cheval, à trier le bétail. Mais les publics interviennent également dans la transmission des cultures populaires (auprès de leurs pairs) en s’investissant dans l’information et la communication des jeux taurins. Ils produisent écrits et images sur leurs propres supports (blogs, réseaux sociaux) ou contribuent bénévolement aux contenus des médias taurins. Organisateurs de courses et acteurs liés à ces derniers, publics assidus et, très souvent, chroniqueurs ou reporters bénévoles ou peu rétribués constituent en effet la frange majeure du public averti. Ils contribuent fortement au maintien des traditions populaires locales, transmettent les traditions à leur descendance.

19Les traditions camarguaises forment une culture populaire et non pas une culture savante ; quelles sont donc leurs chances de perdurer ? La corrida, proposée dans les mêmes arènes, est une culture d’origine populaire mais elle est aujourd’hui reconnue comme savante, au moins par un petit cercle de passionnés. Elle a été célébrée par des écrivains prestigieux de longue date. Et grâce à l’intervention d’un public assidu, intellectuel, qui la considère comme un art savant et flamboyant, elle bénéficie d’une réputation attractive quoique plus ou moins sulfureuse [21]. De nombreux ouvrages ou revues spécialisés continuent de la célébrer. Parallèlement, émissions télévisées, expositions et œuvres d’art contribuent à renforcer l’image savante de la corrida [22]. En ce qui concerne les cultures camarguaises, une fraction du public semble effectivement les considérer comme savantes, mais le manque de reconnaissance par le grand public peut-il jouer en défaveur de ces cultures ? L’intervention scientifique ou artistique est-elle nécessaire à la survie des cultures populaires ? Le champ de la course camarguaise engendre un véritable dispositif de transmission de la passion taurine à son entourage et à tous ses proches. On devient afeciouna en grandissant dans le territoire (même si on n’y est pas né), en participant aux jeux et aux spectacles gratuits des fêtes votives et en côtoyant le milieu taurin dans son ensemble. Cette transmission par imitation et par le vécu, si elle est bien une caractéristique spécifique de la culture populaire, est-elle capable, sans l’aura d’une reconnaissance intellectuelle, d’assurer sa survie ?

Bibliographie

  • Becker Howard S., Art Worlds, 25th Anniversary edition, Chicago, Northwestern University, 1982.
  • Bourdieu Pierre, Les règles de l’art : genèse et structure du champ littéraire, Seuil, 1992.
  • Cardona Nadine, Saumade Frédéric, Au cœur de la Bouvino.Les origines de la culture tauromachique en Languedoc et Provence, conseil général de l’Hérault, 1990.
  • Chevalier Annelyse, « Les gardians de Camargue », Courrier du Parc, 56, 2007.
  • Delaperrière Éric, La course camarguaise, Équinoxe, 2004.
  • Hennion Antoine, La passion musicale, une sociologie de la médiation, Métallié, 1993.
  • Jacobi Daniel, La communication scientifique ; discours, figures, modèles, Presses universitaires de Grenoble, 1999.
  • Simmel Georg, Le conflit, Éditions Circé, 1992.
  • Pelen Jean-Noël, « Le pays d’Arles : sentiment d’appartenance et représentations de l’identité », Terrain, 5, 1985.
  • Wolton Dominique, Internet et après ? Une théorie critique des nouveaux médias, Flammarion, 1999.
  • Zaretsky Robert, Cock and Bull Stories: Folco de Baroncelli and the Invention of the Camargue, Lincoln, University of Nebraska Press, 2004.

Mots-clés éditeurs : traditions, territoire, culture populaire, médiat-ions, publics

Mise en ligne 01/11/2017

https://doi.org/10.3917/comla.181.0053

Notes

  • [1]
    Jean-Noël Pelen, « Le pays d’Arles : sentiment d’appartenance et représentations de l’identité », Terrain, 5, 1985.
  • [2]
    Dominique Wolton, Internet et après ? Une théorie critique des nouveaux médias, Flammarion, 1999.
  • [3]
    Le terme « la Bouvine » englobe tout ce qui a trait au taureau de Camargue, de son élevage aux spectacles dont il est le protagoniste. Il concerne également les hommes qui ont un rapport (professionnel ou passionnel) avec le taureau. On parle plus largement du « monde de la Bouvine ».
  • [4]
    Quelques statues de célèbres taureaux de courses camarguaises sont en effet édifiées à l’entrée des villes, par exemple, la statue du taureau nommé Goya a été placée en 2006 à l’entrée nord de Beaucaire. Les Saintes-Maries-de-la-Mer et Vauvert arborent également une statue de taureau à leur entrée. Des sépultures rendent aussi hommage aux taureaux les plus célèbres : la tombe du taureau nommé Le Sanglier, située au Cailar, en est un exemple.
  • [5]
    Une vingtaine d’entretiens semi-dirigés avec des acteurs du milieu des traditions taurines (organisateurs, raseteurs (sportifs), éleveurs, spectateurs, institutionnels et journalistes) nous ont permis de mettre en évidence cette frontière entre le Languedoc et la Provence. Chaque territoire comporte ses propres élevages et ses propres sportifs, qui sont recrutés par les organisateurs (clubs taurins, communes, organisateurs privés) du territoire concerné et supportés par les spectateurs locaux. Globalement, seuls les grands événements taurins et les championnats réunissent la Provence et le Languedoc : le Trophée des As, le Trophée de l’Avenir, La Cocarde d’Or…
  • [6]
    Une manade : troupeau taurin ou équestre (race espagnole ou race camarguaise pour les taureaux, ou chevaux de race Camargue). Il existe plus de 150 manades de taureaux en Camargue.
  • [7]
    Une abrivado : terme dérivé du verbe abrivar, qui signifie en occitan « accélérer ».
  • [8]
    Un encierro : d’origine ibérique pour son appellation, il consiste cependant en deux choses différentes en France et en Espagne. En effet, un encierro espagnol correspond à une abrivado camarguaise, tandis qu’en France, il s’agit de lâcher un taureau sur une place publique, sans encadrement de cavaliers ni de déplacement d’un point A à un point B.
  • [9]
    La Fédération française de la course camarguaise (FFCC) a été créée en 1975 sous l’impulsion du ministre de la Jeunesse et des Sports de l’époque, M. Pierre Mazeaud. Le 17 décembre 2004, la course camarguaise est agréée par le ministère des Sports. En 2013, 828 courses ont été organisées, mais 104 ont été annulées (généralement en raison d’intempéries). La course camarguaise a accueilli 286 125 spectateurs, mais le nombre réel de spectateurs serait 10 % plus important que celui décompté d’après les entrées déclarées à la FFCC (chiffres : FFCC).
  • [10]
    Robert Zaretsky, Cock and Bull Stories: Folco de Baroncelli and the Invention of the Camargue, Lincoln, University of Nebraska Press, 2004.
  • [11]
    Éric Delaperrière, La course camarguaise, Équinoxe, 2004.
  • [12]
    Annelyse Chevalier, « Les gardians de Camargue », Courrier du Parc, 56, 2007.
  • [13]
    Nadine Cardona, Frédéric Saumade, Au cœur de la Bouvino. Les origines de la culture tauromachique en Languedoc et Provence, conseil général de l’Hérault, 1990.
  • [14]
    Pierre Bourdieu, Les règles de l’art : genèse et structure du champ littéraire, Paris, Seuil, 1992 ; Howard S. Becker, Art Worlds, 25th Anniversary edition, Chicago, Northwestern University, 1982.
  • [15]
    Ibid.
  • [16]
    Les deux grands titres régionaux qui parlent de courses camarguaises sont Midi Libre et La Provence. Ces deux médias se partagent également l’organisation des grands championnats taurins : le « Trophée des As » et le « Trophée de l’Avenir ». Les émissions télévisées consacrées aux traditions camarguaises sont quant à elles assurées par la chaîne régionale TV Sud et notamment l’émission taurine Noir et Blanc.
  • [17]
    Georg Simmel, Le conflit, Éditions Circé, 1992.
  • [18]
    Antoine Hennion, La passion musicale, une sociologie de la médiation, Métallié, 1993.
  • [19]
    Daniel Jacobi, La communication scientifique ; discours, figures, modèles, Presses universitaires de Grenoble, 1999.
  • [20]
    Note méthodologique : une trentaine d’entretiens semi-dirigés avec des acteurs du champ soigneusement choisis ont été menés entre 2011 et 2014. Le panel des enquêtés est composé d’éleveurs, de sportifs, d’institutions, d’organisateurs, de journalistes venant de tout le territoire de la course camarguaise. Chaque retranscription a été analysée et mise en relation avec les autres afin d’obtenir les résultats concernant le champ. Des recherches ont également été menées dans les archives et les collections d’établissements variés : palais du Roure (Avignon), musée de la Camargue (Arles), médiathèque Ceccano (Avignon), la Fédération française de la course camarguaise (Nîmes), afin de saisir l’évolution des traditions taurines.
  • [21]
    Le célèbre écrivain Ernest Hemingway, avec son ouvrage Mort dans l’après-midi, paru en 1932, contribua à valoriser la corrida grâce à la retranscription de sa passion pour cet art tauromachique.
  • [22]
    Les œuvres de Pablo Picasso vouées à la corrida furent un fil conducteur dans la carrière de l’artiste cubiste. En tant qu’aficionado, il entraîna dans son sillage de nombreux intellectuels sur le sujet de la tauromachie ibérique : Georges Braque, René Char ou encore Jean Cocteau.
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