Notes
-
[1]
Legardez Alain et Simonneaux Laurence dir.), L’école à l’épreuve de l’actualité : Enseigner les questions vives, Issy-les-Moulineaux, ESF, 2006, cité par Agnès Cavet, « L’enseignement des “questions vives” : lien vivant, lien vital, entre école et société ? » [en ligne]. Lettre d’information [de la veille scientifique et technologique de l’INRP], n° 27, mai 2007. Disponible sur : <http://ife.ens-lyon.fr/vst/LettreVST/27-mai-2007.php>
-
[2]
Urgelli Benoît, « Changement climatique et développement durable – traitement d’une question scientifique socialement vive à l’école », 8e biennale de l’éducation et de la formation [en ligne], Lyon, INRP, APRIEF, 2006. Disponible sur :<http://www.inrp.fr/biennale/8biennale/contrib/longue/406.pdf>
-
[3]
L’ensemble des chiffres énoncés dans ce paragraphe proviennent de l’ODJ.
-
[4]
Sauvé Lucie, « L’éducation relative à l’environnement : possibilités et contraintes », Connexion : bulletin international de l’enseignement scientifique et technologique et de l’éducation environnementale de l’Unesco [en ligne], vol. XXVII(1-2), 2002. Disponible sur : <unesdoc.unesco.org/images/0014/001462/146295f.pdf>
-
[5]
Luc Aquilina, Antonio Bispo, Hervé Brédif et al., Dynamique des ressources naturelles [en Ligne], Lyon, université virtuelle Environnement et Développement Durable, 2010. Disponible sur : <http://www.uved.fr/fileadmin/user_upload/modules_introductifs/module2/site/html/m2c1.html>
-
[6]
Ce qui marque d’ailleurs un lectorat-cible plus enfantin. Le magazine se déclare lui-même à destination des 7-13 ans.
-
[7]
Jeudy Henri-Pierre, Le désir de catastrophe, Paris, Aubier, coll. « Résonances », 1990.
-
[8]
Lucie Sauvé, « L’éducation relative à l’environnement : possibilités et contraintes », art. cit.
-
[9]
Ce travail sur des archives explique l’absence de quelques numéros, sur cette décennie de publication, pour les séries Science & Vie Junior et Ça m’intéresse. En cas d’absence du numéro, les mémofiches ont servi de relais pour au moins connaître les thèmes des différents articles publiés dans chaque numéro, en nous appuyant sur les titres, les résumés et l’indexation avec le thésaurus Motbis. Si les hors-séries de Science & Vie Junior ont fait partie du dépouillement, ce n’est pas le cas pour ceux de Ça m’intéresse.
-
[10]
Pour pouvoir établir ces résultats, le dépouillement s’est fait en deux temps :
- un premier tableau répertoriant, pour chaque numéro, le titre de Une, la présence d’une ou plusieurs publications sur le changement climatique, la présence d’un ou plusieurs articles sur les thèmes connexes de l’écologie (pollution, recyclage, gestion des ressources, biodiversité, énergies, développement durable, habitat durable…), à l’exclusion de la protection animale stricto sensu. Chaque publication connexe a fait l’objet d’un relevé du titre et du volume (nombre de pages) ;
- un deuxième tableau décrivant les publications sur le changement climatique en relevant les titres, l’importance de la publication (nombre d’articles, nombre de pages), les illustrations (nature et contenu), des mots clés, la nature de la publication (article, brève, reportage, entretien, docu-fiction) et la tonalité générale (information, récit prophétique, récit d’aventure, explications didactiques, volontarisme, injonction, doute…).
-
[11]
« Le GIEC (Groupe intergouvernmental sur l’évolution du climat) est un organe intergouvernemental qui est ouvert à tous les pays membres de l’ONU et de l’OMM (Organisation météorologique mondiale). Le GIEC a pour mission d’évaluer, sans parti pris et de façon méthodique, claire et objective, les informations d’ordre scientifique, technique et socio-économique qui nous sont nécessaires pour mieux comprendre les fondements scientifiques des risques liés au changement climatique d’origine humaine, cerner plus précisément les conséquences possibles de ce changement et envisager d’éventuelles stratégies d’adaptation et d’atténuation. Il n’a pas pour mandat d’entreprendre des travaux de recherche ni de suivre l’évolution des variables climatologiques ou d’autres paramètres pertinents. Ses évaluations sont principalement fondées sur les publications scientifiques et techniques dont la valeur scientifique est largement reconnue. » Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat, IPCC : Intergovernmental Panel on Climate Change [en ligne], Genève, Organisation météorologique mondiale [après 2010]. Consulté le 31 janvier 2012. Disponible sur : <http://www.ipcc.ch/home_languages_main_french.shtml#.T0agaYEyf2B>
-
[12]
Parry Martin, Canziani Osvaldo, Palutikof Jean, et al. (dir.), Climate change 2007 : Rapport du Groupe de travail II - Conséquences, adaptation et vulnérabilité, Cambridge (Royaume-Uni) et New York (États-Unis), Cambridge University Press, 2007. Consulté le 31 janvier 2012. Disponible sur : <http://www.ipcc.ch/publications_and_data/ar4/wg2/fr/contents.html>
-
[13]
Notamment dans les différents rapports du GIEC et dans l’ouvrage d’Emmanuel Le Roy Ladurie cité ci-dessous.
-
[14]
Ladurie Emmanuel Le Roy et Séchet Guillaume, Histoire humaine et comparée du climat : Tome 3 : Le réchauffement de 1860 à nos jours, Paris, Fayard, 2009.
-
[15]
Jeudy Henri-Pierre, Le désir de catastrophe, op. cit., pp. 9-13.
-
[16]
Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat, IPCC : Intergovernmental Panel on Climate Change, op. cit.
-
[17]
Les différentes chronologies proposées sont construites à la fois à partir de la chronologie du changement climatique proposée par La Documentation française et d’un enregistrement des phénomènes climatiques désignés comme événements climatiques (extrêmes) par les médias étudiés. Le changement climatique [en ligne], Paris, La Documentation française, mis à jour le 11 décembre 2011. Disponible sur : <http://www.ladocumentationfrancaise.fr/dossiers/changement-climatique-index.shtml>
-
[18]
Andrée Corvol, « Tempêtes sur la forêt française : xviie-xixe siècles », inLadurie Emmanuel Le Roy, Berchtold Jacques et Sermain Jean-Paul dir.), L’événement climatique et ses représentations (xviie-xixe siècle) : histoire, littérature, musique et peinture, Paris, Éditions Desjonquères, coll. « L’esprit des lettres », 2007, pp. 42-59.
-
[19]
Henri-Pierre Jeudy, Le désir de catastrophe, op. cit., p. 9.
-
[20]
Daniel Jacobi, Textes et images de la vulgarisation scientifique, Berne, P. Lang, coll. « Explorations », 1987.
-
[21]
La communication visuelle sur le changement climatique s’appuie sur des signes isolés ou un ensemble de signes devenant, au-delà de leur sens premier, les signifiants d’un sens second : par exemple l’ours polaire pour la fonte des glaces, les cheminées d’usine pour la pollution.
-
[22]
Dominique Château, « Stéréotype, prototype, archétype : à propos du portrait de Gertrude Stein de Picasso », inDarras Bernard dir.), Images et sémiotique : sémiotique pragmatique et cognitive, Paris, Publications de la Sorbonne, 2006.
-
[23]
Martin Lefebvre, « La photo et l’indice : brève mise au point sémiotique » [en ligne], in Bernard Darras et Christophe Genin (dir.), ImagesAnalyses [en ligne], Paris, Université Paris 1 Sorbonne. Disponible sur : <http://imagesanalyses.univ-paris1.fr/analysis.php?analysis=35>
-
[24]
Henri-Pierre Jeudy, Le désir de catastrophe, op. cit.
-
[25]
Colin Philippe, « Enseignement et vulgarisation scientifique : une frontière en cours d’effacement ? Une étude de cas autour de l’effet de serre », Spirale, 48, 2011, pp. 63-84.
-
[26]
Després-Lonnet Marie 2005), « La flèche à l’écran : index, indice et outil de la pratique », in Ismail Timimi et Susan Kovacs (dir.), Indice, index, indexation, Lille, ADBS Éditions, pp. 131-140, et Annette Béguin, « Délimiter et traiter un corpus multimédia dans une perspective pragmatique : application à un corpus d’expériences simulées à l’écran », Actes du colloque Médiation des savoirs, des langues et des cultures, 2003, cité par Marie Després-Lonnet.
-
[27]
Peeters Benoît et Schuiten François, Les cités obscures : albums et hors-séries, Paris, Casterman, 1983-2008.
1Phénomène complexe, mondialisé, épais, conflictuel, et désormais objet d’enseignement à l’école et de nombreuses publications de vulgarisation scientifique, le changement climatique est tout sauf une notion stabilisée et consensuelle. Et il peut être classé dans la catégorie des questions scientifiques socialement vives, selon la définition d’Alain Legardez [1]. Question vive socialement, car ce phénomène remet en cause des formes réussies de croissance économique mais surconsommatrices d’énergies fossiles et productrices de gaz à effet de serre ; mais aussi car il menace les modes de vie de groupes sociaux intimement liés à des milieux naturels en danger. Vive scientifiquement, car objet de débat scientifique mais surtout objet de controverses et de polémiques sociales, nourries par des publications scientifiques institutionnalisées ou dissidentes. Vive dans les savoirs scolaires, car devenu récemment objet d’enseignement alors même que les connaissances sur la question ne sont pas finalisées, construites en lien avec une demande politique, mais lieux de conflit. [2]
2En conséquence, pour mieux comprendre la production et la circulation des savoirs vulgarisés sur le changement climatique, il est nécessaire de comprendre comment les publications de vulgarisation, et en particulier des périodiques, prennent en charge cette vivacité, ce conflit. Comment elles mettent en espace, en mots et en images un phénomène multidimensionnel d’une grande complexité scientifique, un phénomène paradoxal, de l’ordre de la catastrophe annoncée. Catastrophe à la fois énoncée comme moteur d’un changement socio-écologique désirable et nécessaire pour les individus, et agissant comme épouvantail pour les politiques et l’action collective qui, sans cesse, se heurtent à l’impossibilité ou au refus d’établir les conditions de leur effectuation.
3Pour mener cette analyse diachronique, établir invariants et divergences des discours médiatiques de vulgarisation en direction des adolescents, il a été décidé de limiter le corpus d’études à trois magazines, Science & Vie Junior, Ça m’intéresse et Géo Ado sur la première décennie du xxie siècle. Cette délimitation de corpus trouve sa source dans son accessibilité et son hétérogénéité. Une fois le corpus dépouillé, une analyse comparée des lignes éditoriales, des fréquences de publication et des modes de communication visuelle permettra d’approfondir les difficultés et paradoxes d’une vulgarisation scientifique confrontée directement à des demandes sociales et politiques.
L’homme et son environnement : définition du corpus
Des magazines entre découverte et vulgarisation
4Pour connaître et analyser l’offre documentaire sur le changement climatique à destination des adolescents, et en particulier auprès des collégiens, il a été décidé de mener, entre autres, une analyse diachronique des parutions sur ce thème au sein de trois périodiques de vulgarisation : Science & Vie Junior, Géo Ado et Ça m’intéresse. Deux d’entre eux sont plutôt identifiés comme des magazines de découverte : Ça m’intéresse (le plus ancien puisque datant de 1981), à destination du grand public au sens large, donc aussi des adolescents et grands adolescents ; Géo Ado, plus récent (première parution en 2003) mais s’adressant spécifiquement aux enfants et jeunes adolescents. Le troisième titre est, quant à lui, solidement implanté dans le paysage français de la vulgarisation scientifique pour adolescents (depuis 1989), puisqu’il s’agit de Science & Vie Junior. Ces trois périodiques sont des magazines grand public régulièrement présents dans les CDI de collège et de lycée et dans les bibliothèques publiques. Ils se distinguent ainsi des ressources didactisées des manuels scolaires, tout en étant présents dans les espaces éducatifs et les lieux de médiation. Il est donc légitime de les considérer comme des sources d’information autres que l’enseignement scolaire, mais aussi comme facilement accessibles pour la majorité des adolescents français, ce qui ne veut pas dire bien sûr que l’on confond accessibilité et lecture intensive de ces magazines. Les chiffres de l’ODJ (Association pour le contrôle et la diffusion des médias) [3] permettent de mesurer plus précisément la solide place de ces trois périodiques dans le paysage des magazines français. En 2011, la diffusion totale payée et non payée, en France et à l’étranger, atteint pour Science & Vie Junior 188 350 exemplaires, pour Géo Ado 59 079 et pour Ça m’intéresse 255 235, sans les hors-séries. À titre de comparaison, dans les autres magazines étiquetés « adolescents » par l’ODJ, seul Okapi s’interpose entre Science & Vie Junior et Géo Ado, avec 72 440 exemplaires. Côté presse grand public adulte, dans le secteur « Connaissances » de l’ODJ (toutes sous-catégories confondues : « découvertes », « histoire » et « science »), Ça m’intéresse, avec 255 295 exemplaires, n’est devancé que par Science & Vie et Science & Avenir (respectivement 340 203 et 275 447 exemplaires). Sur la période 2006-2010, correspondant à la deuxième moitié de notre période de dépouillement (2000-2010), les positions relatives des trois titres semblent stables malgré des fluctuations, comme le montrent les chiffres de diffusion en 2006 et 2010.
Tableau 1 : Diffusion ODJ des magazines « adolescents » (2006 et 2010)
Tableau 1 : Diffusion ODJ des magazines « adolescents » (2006 et 2010)
Polysémie de la notion d’environnement et politiques éditoriales
6Au-delà des positions solides de Science & Vie Junior et de Ça m’intéresse sur le marché de la presse magazine, et d’une position un peu plus fragile mais malgré tout conséquente pour Géo Ado, ce choix de corpus s’appuie aussi sur la variété de ces trois périodiques de vulgarisation en termes de lectorat comme en termes de politique éditoriale. Bien que classé dans la presse adulte, Ça m’intéresse est lu par de nombreux adolescents : magazine de découverte grand public, sa politique éditoriale est moins liée à une volonté didactique qu’à l’objectif de susciter la curiosité. Les numéros de ce dernier évoquent rarement des disciplines spécifiques mais traitent de thèmes généraux, ancrés socialement et régulièrement orientés vers l’alliance de la rationalité scientifique, du progrès social et de la solution technique et/ou technologique. Les thèmes les plus souvent abordés sont ainsi l’environnement et l’écologie (souvent orientés vers l’idée d’une qualité de vie), la médecine et la santé, le cerveau et l’intelligence humaine (sous l’angle de la performance ou des capacités), la nature (souvent paysagée, domestiquée, exploitée par l’homme), les questions de société. Ces choix éditoriaux s’incarnent à la fois dans les titres de Une et dans le rubriquage. Découpage de l’espace du magazine, organisant l’ordre de lecture et la hiérarchisation de l’information, le choix et l’organisation des rubriques traduisent particulièrement l’identité éditoriale des organes de presse. Si on observe le rubriquage de Ça m’intéresse avant et après 2005, apparaissent quelques marqueurs de l’identité de cette revue. La place donnée en début de magazine à la parole des lecteurs, aux questions-réponses dans les versions d’avant 2005, l’existence d’une rubrique « Conso » et d’une rubrique « Ça se passe chez vous » à partir de 2005 montrent l’empreinte de la vie quotidienne dans les choix journalistiques du magazine. Le classement des articles dans la version lancée en 2005 en thèmes « nature », « société », « économie », «culture », «santé », etc. traduit la diversité des sujets abordés, leur globalité et surtout leur découplage d’avec les disciplines des sciences dites dures. Pour en revenir plus précisément à notre sujet d’étude, il semble légitime de supposer qu’une question scientifique socialement vive, comme le changement climatique, soit régulièrement présente dans un magazine alliant vulgarisation scientifique, culture technique et vie quotidienne.
7Science & Vie Junior s’adresse clairement au lectorat adolescent du collège, mais est également lu par de grands adolescents et de jeunes adultes. Il revendique foncièrement un travail de vulgarisation scientifique, empreint de didactisation des savoirs savants et d’un goût certain pour le visuel : on constate ainsi une place à la fois conséquente et prépondérante pour les photographies (photographie du mois, portfolio, illustration des articles), les doubles pages organisées autour de schémas didactiques et l’apparition régulière de bandes dessinées ou de dessins mettant en scène conseils pratiques ou prospective. L’évolution de la maquette depuis les années 2000 montre un effacement relatif de l’aspect éducatif pour aller vers un classement plus thématique des articles : on passe ainsi d’un classement des articles en « Imaginer », « Alerter », « Décrypter », interpellant les jeunes lecteurs dans une dynamique entre prospective, citoyenneté et connaissance scientifique, à un classement par disciplines avec un dossier central (annoncé en Une) où la ligne éditoriale est plus diluée mais toujours présente. Ce mariage entre vulgarisation scientifique, futurologie et éducation se retrouve dans les rubriques périphériques (par exemple les rubriques « Flash Science », « C’est dans l’air », « Innovez » et « Allo la Terre ») et dans les thématiques régulières des publications, dont certaines sont communes avec Ça m’intéresse : le cerveau et l’intelligence humaine, les découvertes astronomiques et la vie extraterrestre, les grandes énigmes historiques, le corps humain et la santé, les technologies du futur… Mais c’est finalement dans le thème du changement climatique que s’incarne particulièrement cette ligne éditoriale, à la fois par l’intensité militante des parutions sur cette question et par leur angle d’attaque, mêlant enquêtes, explications didactisées, récits héroïques de la rationalité scientifique, prophéties catastrophistes, prévention et prospective technologique, éducation aux bons gestes, aux bonnes pratiques.
8L’approche civique de la question socio-scientifique de l’écologie est encore plus marquée dans le magazine de découverte Géo Ado. Enfant du magazine de voyage et de découverte grand public Géo, Géo ado s’inscrit dans cet héritage tout en s’en détachant. Plus diversifié que son parent et plus axé sur la vulgarisation scientifique, il s’inscrit dans la thématique des paysages et des territoires, avec comme fil conducteur, qui traverse l’évolution des maquettes entre 2003 et 2010, la planète et la manière dont les hommes l’habitent. La rubrique « Infos planète », les reportages sur les « Ados du monde », les témoignages reflètent cette ligne éditoriale environnementale, ancrée dans l’idée de milieu dans son acception complète, à la fois environnement local et environnement global, « environnement-biosphére » et « environnement-territoire » [4], explorant majoritairement la biosphère et l’anthroposphère mais aussi l’hydrosphère, la lithosphère et l’atmosphère [5]. Pensé dans une conception de l’interaction entre l’homme et son milieu, le magazine aborde régulièrement les thématiques suivantes, toujours abondamment illustrées par des photographies : la nature et les écosystèmes, les paysages, l’anthropologie et les sociétés humaines (avec une certaine part donnée à « l’exotisme » des peuples premiers), le monde urbain, l’histoire et ses mystères, le corps humain. Et bien sûr les menaces qui pèsent sur la planète : animaux en voie de disparition, déchets et pollution, enfin, réchauffement climatique. Attaché à la défense des animaux [6] et de la planète, le magazine matérialise ses choix éditoriaux d’éducation civique et de militantisme écologique avec les rubriques « Infos planète », « Infos écolo », les entretiens de la rubrique « Ils font du bien à la planète », les encarts « Le bon ou geste « Fais un bon geste ».
9Une première comparaison des politiques éditoriales de ces trois magazines de vulgarisation scientifique fait apparaître qu’ils ont comme point commun fondamental de s’organiser autour de la notion d’environnement et des interactions entre l’homme et son milieu, sous l’angle d’une rationalité scientifique et technique, source de connaissance, de développement, mais aussi parfois dénoncée comme cause des destructions environnementales. Pour ensuite, Janus bifrons de la catastrophe écologique, être glorifiée comme la source des solutions aux dégâts humains, déjà constatés ou prévisibles. Cette position duale sur le progrès scientifique et technique est l’un des critères de définition de ce que Henri-Pierre Jeudy, dans son ouvrage Le désir de catastrophe, nomme l’« échiquier de la menace » [7]. Ce flottement des lignes éditoriales, entre défense de l’environnement et défense du progrès technique et de la croissance économique, protection de la nature sauvage et protection des paysages et modes de vie humains, approche planétaire et attention aux territoires locaux, trouve son origine dans la confusion entre science écologique, écologie politique et défense de l’environnement, et dans la polysémie de la notion même d’environnement. Ce dernier étant défini comme l’ensemble des éléments naturels et artificiels qui entourent l’homme, à la jonction entre nature et culture [8], les discours sur l’environnement et sa défense se nichent dans les glissements sociaux et médiatiques de l’écologie politique au développement durable, de la biodiversité à la défense des paysages, de la lutte contre les pollutions à la défense d’une qualité de vie. Par rapport à ces dualités, Ça m’intéresse prend position du côté du développement durable et de la qualité de vie. Géo Ado choisit, lui, le parti de la protection animale et des luttes, à échelle humaine, souvent locales et/ou individuelles contre les pollutions, l’émission de gaz à effet de serre. Plus orienté vers les sciences, Science & Vie Junior mène des incursions hors de la sphère environnementale vers les mathématiques, l’astronomie, la chimie, et surtout approche l’écologie, en particulier le phénomène du changement climatique, de manière plus politique et plus systémique. Il essaye ainsi de didactiser régulièrement ce phénomène global et complexe, tout en engageant une réflexion plus soutenue sur la possibilité d’un changement sociétal et des décisions politiques qui le sous-tendent.
Préfigurations de la catastrophe et « alliance des subjectivités »
Une analyse diachronique
10Malgré leurs positionnements différenciés sur ce que recouvre la notion d’environnement, ces trois périodiques font face aux mêmes difficultés et enjeux d’un discours médiatique de vulgarisation sur la complexité : comment la dire et la représenter visuellement malgré sa démesure et/ou son invisibilité ? Pour comprendre ces difficultés et enjeux, notre analyse comparative et diachronique prend appui sur les éléments de rubriquage déjà présentés, mais aussi sur le dépouillement systématique des numéros parus entre janvier 2000 et février 2010, à partir des archives de trois CDI de collège et de lycée [9]. Les objectifs de ce dépouillement sont quadruples :
- – définir les politiques éditoriales de chacun des périodiques en matière d’écologie et de changement climatique ;
- – repérer les contextes d’énonciation sur les thèmes de l’écologie et du changement climatique ;
- – mesurer l’importance des publications sur ce phénomène complexe, par une analyse de fréquence et au regard de leur congruence avec un agenda climatique qui reste à construire ;
- – repérer des invariants dans les modes de visualisation du changement climatique dans les articles de vulgarisation. [10]
12Ce dépouillement a permis d’établir les fréquences des publications sur le changement climatique et de les comparer. La comparaison des courbes d’évolution annuelle de fréquence, et celle des fréquences trimestrielles, mettent en valeur à la fois les différents profils éditoriaux des trois périodiques et leurs points communs en termes d’intensité.
Figure 1 : évolution des fréquences annuelles changement climatique
Figure 1 : évolution des fréquences annuelles changement climatique
14Trois résultats apparaissent clairement :
- – le thème du changement climatique n’est pas un marronnier du magazine Ça m’intéresse et donc, les publications sur ce thème sont extrêmement variables selon les années ;
- – ce même thème apparaît avec régularité au sein de Science & Vie Junior, avec une croissance globalement régulière jusqu’en 2009 ;
- – enfin, ce thème, absent de Géo Ado jusqu’en 2006, surgit en 2007, pour atteindre une importance relative en 2009 par rapport aux deux autres magazines.
16Une observation plus fine des fréquences trimestrielles permet de repérer :
17La permanence des publications sur le réchauffement climatique au sein de Science & Vie Junior, avec une régularité plus marquée à partir de 2003, un pic en automne-hiver 2006, un autre en automne-hiver 2007 et surtout une progression régulière en 2008 avec un pic à l’automne-hiver 2009.
18Une relative régularité des publications dans Ça m’intéresse entre l’automne 2003 et l’automne-hiver 2008-2009, avec un pic préalable de publications au premier trimestre 2000, un pic en automne-hiver 2003-2004, un autre en automne-hiver 2005-2006, puis à l’été 2007 et au premier trimestre 2008.
19Une montée en flèche des publications au sein de Géo Ado, avec un pic au premier trimestre 2007, pour l’ensemble de la fin de l’année 2008 et l’année 2009.
20Ces constatations nous ont amenée à formuler trois hypothèses au sujet des rythmes de publication sur le thème du changement climatique dans ces périodiques de vulgarisation scientifique:
- – pour Science & Vie Junior, une régularité des publications avec des changements d’intensité qui serait plutôt liée à l’agenda politique et/ou scientifique (rapports du GIEC et sommets internationaux) ;
- – pour Géo Ado, un changement de ligne éditoriale se serait produit conjointement à une accélération de l’agenda politique et scientifique ;
- – pour Ça m’intéresse, des pics de publication seraient liés aux événements climatiques exceptionnels en France (ou dans le monde), mais aussi à l’accélération de l’agenda politique et scientifique.
Cerner le changement climatique: définition, événements et agenda
22Pour confirmer ces hypothèses mais aussi mieux comprendre ce qui constitue, pour ces titres de presse grand public, le phénomène du changement climatique, et ainsi définir ce qui est l’objet de leur discours, nous avons comparé ce rythme de publications à un agenda climatique. Nous avons construit cet agenda à partir d’une appréhension historique du réchauffement climatique, d’une définition de l’événement climatique et de l’événement climatique extrême, et du relevé d’un agenda politico-scientifique du changement climatique.
23Le GIEC [11] utilise le terme de changement climatique pour désigner toutes variations du climat dans le temps, qu’il s’agisse de réchauffement ou de refroidissement, que ce changement ait des causes naturelles ou des causes humaines. Il diffère de la notion admise le plus couramment dans les médias et proche de celle de la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques. L’expression « changement climatique » y désigne en effet plutôt un changement climatique directement ou indirectement attribué aux activités humaines [12]. Et c’est parfois sur cette différence que s’appuie le discours critique des climato-sceptiques. Dans les deux cas, du point de vue de la caractérisation du phénomène en cours, la notion de changement climatique rassemble :
- – le phénomène du réchauffement planétaire global de longue durée (où des phases de refroidissement temporaire, et notamment des hivers particulièrement rudes, ne sont pas exclues) constaté et prédit sous la forme d’une une hausse de la température moyenne globale de la Terre ;
- – le phénomène d’augmentation des perturbations climatiques, ou événements climatiques extrêmes, qui lui sont associées (sécheresses, inondations, tempêtes, cyclones) ;
- – les conséquences de ces perturbations déjà en cours ou prévues [13] : dessèchement des sols, désertification, fonte des calottes glaciaires, acidification des océans, quasi-disparition des glaciers, déstabilisation de cycle de l’eau et menaces sur les réserves d’eau douce, déséquilibre des espaces forestiers, problèmes agricoles, saturation de l’humidité dans l’atmosphère, recrudescence des maladies tropicales, diminution des superficies émergées (terres inhabitables et réfugiés climatiques), diminution de la biodiversité, etc.
25Ce terme de changement et/ou de réchauffement climatique traduit donc à la fois la mesure et la prévision d’un changement systémique (ou, si l’on préfère, la mesure et la prévision de l’évolution du phénomène systémique qu’est le climat de la Terre), la mesure et la prévision de ses conséquences sur les milieux naturels et/ou humains et, enfin, objet de la controverse entre les climato-sceptiques et la grande majorité des climatologues, l’attribution d’une part croissante de ce phénomène à une origine humaine au travers de l’effet de serre. Selon ces définitions, l’effet de serre serait causé par l’augmentation excessive de l’émission de gaz à effet de serre (ou GES), par une hyperconsommation des énergies fossiles et par une agriculture intensive, propres au développement économique de l’époque contemporaine.
26La question du réchauffement climatique revêt donc un double aspect que révèle avec justesse Emmanuel Le Roy Ladurie dans le troisième tome de son ouvrage Histoire humaine et comparée du climat et précisément intitulé Le réchauffement de 1860 à nos jours [14]. D’un côté, le réchauffement climatique s’inscrit dans un réchauffement de longue durée débutant en 1860, fin du petit âge glaciaire, début de la débâcle des glaciers, et ce malgré des fluctuations. Dans ce cadre-là, la croissance thermique du xxe siècle est surtout vécue positivement, au même titre que la croissance économique, car condition d’un développement agricole et touristique, notamment pour les pays à climat tempéré comme la France. D’un autre côté, plus intense et plus rapide depuis 1976 (date de la première grande sécheresse européenne) et la première vague de réchauffement planétaire des années 1970, le réchauffement est vécu négativement à l’échelle de la planète car déjà à l’origine de conséquences irréversibles et surtout signe d’une catastrophe à venir, et ceci quelle que soit la part des exagérations médiatiques.
27Cette épaisseur paradoxale du phénomène, dans les discours médiatiques, entre bienfaits momentanés, conséquences néfastes et malheurs prophétisés, est renforcée par l’ambivalence déjà soulignée plus haut des sociétés européennes face à la catastrophe qui naviguent entre « dénonciation verbale des menaces de destruction de la planète » et injonction à l’« organisation de la prémonition collective », légitimant « l’avènement infini d’une rationalité [scientifique] fondée sur la conquête d’une gestion optimale des relations entre l’homme et son environnement » [15]. Ambivalence qui se retrouve en partie dans les travaux récents ou en cours du GIEC sur « les sources d’énergie renouvelables et les mesures d’atténuation du changement climatique » et sur « la gestion des risques d’événements extrêmes et de catastrophes en vue d’une meilleure adaptation aux changements climatiques » [16], mais aussi dans les publications des trois magazines analysés. Ainsi, chacun propose des articles sur les différents versants du phénomène, selon les résonances entre politiques éditoriales, événements climatiques et agenda scientifique et politique.
28En effet, si les différents angles d’attaque d’une notion complexe et paradoxale sont des lignes de divergence, voire de fracture, entre ces trois magazines, le rythme et le positionnement de leurs publications s’organisent aussi dans l’interaction entre leur vision du changement climatique, leur participation à la fabrication des événements climatiques extrêmes et leur écho d’un agenda mondial du changement climatique [17]. Les pics constatés dans les rythmes des publications entrent en correspondance avec une chronologie marquée à la fois par des événements climatiques (nationaux ou mondiaux), des parutions scientifiques et/ou des rencontres ou accords politiques à l’échelle mondiale. Parmi les dates ou périodes clés, on relève comme accélérateur des publications :
- – la tempête de décembre 1999 pour Science & Vie Junior et Ça m’intéresse,
- – la publication du 3e rapport du GIEC en 2001 pour Science & Vie Junior,
- – la canicule de 2003 pour Science & Vie Junior et Ça m’intéresse,
- – la mise en vigueur du protocole de Kyoto et l’ouragan Katrina en 2005, année classée comme la plus chaude en janvier 2006 pour les trois publications, et en particulier point de départ du changement de politique éditoriale de Géo Ado,
- – le 4e rapport GIEC en 2007 et le Prix Nobel de la paix pour Al Gore en octobre 2007 pour les trois publications,
- – l’accélération et l’alourdissement de l’agenda politique et scientifique entre 2007 et 2009,
- – le Sommet de Copenhague en décembre 2009 pour Science & Vie Junior et Géo Ado, 2008 étant vécue comme une longue préparation de Copenhague.
30Un tableau chronologique, présenté en annexe, permet d’avoir une vue synoptique de l’agenda climatique et des différentes publications sur le phénomène, ses effets et ses enjeux dans les trois périodiques étudiés. La chronologie générale du changement climatique avant 2000 dévoile la lente installation de ce concept dans le champ de la climatologie et de la politique mondiale, et à quel point la tempête de décembre 1999 a été un déclencheur dans une fabrique de l’opinion publique française sur le changement climatique, en particulier pour les publications dans les périodiques de vulgarisation. La comparaison chronologique des publications de Science & Vie Junior et de Géo Ado montre une distribution groupée des articles et des dossiers des deux magazines autour des événements marquants de l’agenda politico-scientifique du changement climatique : publication des rapports du GIEC, mise en œuvre du protocole de Kyoto, événements climatiques extrêmes (tempêtes, inondations et canicule), préparation et échec du Sommet de Copenhague en 2009-2010. Cette distribution parallèle révèle la proximité de leur politique éditoriale sur le thème du changement climatique, malgré des positionnements différents relativement à la vulgarisation scientifique, car nous retrouvons dans les deux magazines :
- – une ou des explications de l’effet de serre ;
- – une dénonciation des dégâts causés par l’homme alliée à une confiance en la connaissance scientifique et à un espoir en la solution technologique, malgré la tentation (plus marquée chez Science & Vie Junior) de la prophétie cataclysmique ;
- – un militantisme écologique qui navigue entre figures héroïques, prescriptions individuelles des bons gestes, des bonnes pratiques et espoir d’une solution collective lors des sommets mondiaux.
Catastrophe à venir et gestion des risques
32Les trois publications sont ainsi souvent organisées autour du couple indissoluble catastrophe à venir/urgence d’agir, ce qu’illustrent des titres comme « SOS ! Le pôle Nord en surchauffe ! » (Géo Ado n° 49, janvier 2007), « Notre Titanic c’est la Terre » (Géo Ado n° 80, octobre 2009), « Les 9 limites à ne pas dépasser » (SVJ n° 244, janvier 2010), « L’Antarctique part en miettes » (SVJ, n° 226, juillet 2008), « Sommet de Copenhague : on peut sauver la Terre. On l’a déjà fait ! » (SVJ n° 244, janvier 2010). Avec toujours, comme particularité de la part de Science & Vie Junior, une attention particulière portée à une explicitation du phénomène complexe de l’effet de serre.
33Ça m’intéresse, dans une déclinaison différente du thème du réchauffement climatique, se positionne majoritairement sur l’autre versant du changement climatique, celui de la gestion des risques et de l’adaptation technologique, ce qui se traduit par :
- – une distribution des parutions autour des événements climatiques extrêmes mais à conséquences locales et maîtrisables telles la « tempête du siècle » que fut la tempête de décembre 1999 et la canicule de 2003 ;
- – une prédilection pour la mise en scène du doute scientifique et les controverses sur le changement climatique, ses origines et ses conséquences, ce que montre un titre comme « Débat : quelle sera la vraie facture du réchauffement ? » (n° 274, décembre 2003) ou « Les effets inattendus du réchauffement » (n° 337, mars 2009) ;
- – une valorisation des pratiques scientifiques (expéditions polaires, travail en laboratoire, conditions de l’expertise et de la mesure), comme le déclarent des titres tels que « Groënland : des savants dans la débâcle » (n° 289, mars 2005), « Comment on calcule un bilan de CO2 » (n° 323, janvier 2008), « Météo : à quelles prévisions se fier ? » (n° 278, avril 2004) ;
- – un refus du catastrophisme allié à un discours volontariste et rationaliste privilégiant la prévention, l’adaptation et l’invention de solutions technologiques, comme l’indiquent les titres suivants : « Comment lutter contre le réchauffement climatique ? » (n° 286, décembre 2004), « Comment s’adapter au changement climatique ? » (n° 324, février 2008), « Six projets fous pour refroidir la Terre » (n° 330, août 2008).
35Dans cette répartition des articles traitant des événements climatiques – et son corollaire, des textes centrés sur les conséquences locales du changement climatique –, se dessinent les critères de fabrication de l’événement climatique par les médias : non pas toujours son importance planétaire en termes de durée et de puissance du phénomène climatique lui-même, mais bien plutôt le degré de visibilité et de proximité de ses conséquences destructrices. Ce qui rejoint en partie la définition de l’événement climatique telle qu’elle est esquissée par Andrée Corvol dans sa contribution à l’ouvrage collectif L’événement climatique et ses représentations (xviie-xixe siècles) [18]. Critiquant la notion très médiatique de « tempête du siècle » et l’expliquant par la réapparition d’un cycle de tempêtes après une longue accalmie de 1920 à 1950, Corvol rappelle que la France a déjà connu d’autres cycles de tempêtes entre 1580 et 1640, 1710 et 1770, 1870 et 1920. Elle avance finalement une mesure de l’importance de la tempête en fonction de la puissance de son souffle, de l’étendue de son parcours et de l’étendue des dégâts et destructions. Ces critères définis pour les tempêtes peuvent aussi s’appliquer aux cyclones (comme Katrina à La Nouvelle Orléans) et aux canicules (intensité de la chaleur, étendue géographique, étendue des dégâts et destructions). Cette définition de l’événement climatique extrême permet de comprendre ce qui fait de ces événements des signes à la fois indiciels, iconiques et symboliques de la catastrophe prévisible et prédite du changement climatique : indiciels, parce que partie prenante du réchauffement climatique, iconiques, parce que ressemblant à ce que l’on imagine d’une apocalypse climatique, symboliques, parce qu’emblématiques et prémonitoires de la catastrophe à venir.
36Finalement, ces trois lignes éditoriales, ces cadres d’énonciation du changement climatique sont plus ou moins divergents mais se réunissent, indéfectiblement, sur les deux faces d’une même notion, celle de la catastrophe, dans un ordre du discours où les phénomènes catastrophistes définissent « la construction de l’avenir comme un défi » [19], défi renonçant peu ou prou à la solution politique pour privilégier la rationalité scientifique et technique et l’« alliance des subjectivités ». Des menaces planent, la planète est en danger, mais si chacun est toujours capable de faire de son mieux, si les adolescents apprennent les bons gestes, transmettent les bonnes pratiques à leurs parents et à leurs futurs enfants, si les savants sont les héros de notre temps, si les ingénieurs inventent et innovent, si les habitants s’adaptent au changement de leurs territoires, si, enfin, se met en place une gestion collective et préventive des risques, alors…
37Entre explications didactisées et prophétie, entre vulgarisation scientifique et anticipation, se préfigure la catastrophe à venir, dont s’accumulent les signes et dont se dessinent les contours autour de quelques procédés ou images répétitives et évolutives tout au long de cette décennie de publications, parmi lesquels :
- – l’installation du phénomène dans le discours médiatique de la vulgarisation par les figures emblématiques de la fonte des glaces et les récits héroïques des expéditions polaires,
- – l’ambivalence première du phénomène dans la longue durée historique par une comparaison entre avantages et inconvénients,
- – les origines humaines de l’effet de serre, allant du doute à la certitude, par la mise en scène de la pratique scientifique et l’explicitation de la mesure et du système,
- – la traduction de l’épaisseur et de la complexité du phénomène du changement climatique autour de jeux du vrai et du faux,
- – l’implication des individus dans la solution par une éducation civique aux bonnes pratiques (ce dont se méfie un peu Ça m’intéresse),
- – le sombre et planétaire mariage des catastrophes naturelles et des catastrophes humaines avec les reportages (photographiques) sur les tempêtes, les inondations, les destructions, les guerres et réfugiés climatiques,
- – l’injonction à l’adaptation par les récits d’anticipation, écrits et dessinés, de mondes post-apocalyptiques et/ou de solutions imaginées ou imaginaires (paysages disparus ou métamorphosés, biodiversité bouleversée, ville sous-marine, quartier flottant, avions solaires, Paris tropical, toits végétaux, San Francisco ville solaire…).
Visualiser la catastrophe, représenter l’invisible
Une communication visuelle emblématique
39Dès lors, pour rendre lisible la complexité du changement systémique, pour rendre compréhensible l’incommensurabilité du phénomène planétaire, pour rendre visible l’invisible du lointain géographique et temporel, cette presse de découverte et de vulgarisation va emprunter les chemins connus de la vulgarisation scientifique [20] (schémas et réification, condensation des informations, déplacement vers les éléments aisément figurables, personnification et récit héroïque de la découverte scientifique), mais aussi ceux d’une communication visuelle connotée [21] et stéréotypée voulant à la fois évoquer l’invisible et emporter la conviction de ses lecteurs.
40Comme nous l’avons signalé plus haut, les événements climatiques extrêmes fonctionnent dans ces publications comme des indices, mais aussi comme des icônes et des symboles du changement climatique. Et ceci qu’il s’agisse de signifier l’évolution en cours, ses conséquences sur les milieux naturels et les sociétés humaines, ou de préfigurer la catastrophe à venir encore invisible car prophétisée. Le fonctionnement sémiotique des photographies des calottes glaciaires, de l’ours polaire sur un iceberg isolé, des terres inondées ou submergées, des récifs coralliens fossilisés est doublement symbolique : parce que ce sont des signes connotés par les souffrances et les violences de la destruction, et parce qu’il s’agit de signes stéréotypés, d’une idée toute faite ou d’un raccourci sémiotique [22] vers la catastrophe en cours et à venir. Devenues dans leur globalité, et avec la systématicité de la convention, entièrement évocatrices du réchauffement climatique et de ses conséquences, ces images sont emblématiques du phénomène et ont en commun ce fonctionnement sémiotique [23]. De la même façon, petit à petit, les photographies des villages inuits disparaissant avec la fonte du permafrost, des populations bengalis fuyant les inondations, des camps de réfugiés soudanais victimes d’une « guerre climatique » se sont imposées comme symboles non pas seulement des souffrances et violences des civilisations menacées, des populations en exil, des guerres civiles, mais aussi du changement climatique et de ses conséquences complexes. Et ce d’autant plus qu’il est toujours plus facile d’anticiper la catastrophe, de représenter les destructions futures tout en les conjurant, en les donnant à voir en des lieux lointains, pour des peuples étrangers, témoins d’un désastre qui, peut-être, pour nous, n’aura pas lieu. [24]
Schématiser la complexité de l’effet de serre
41À côté de ces emblèmes déjà constitués ou en cours d’établissement, un autre invariant de la communication visuelle du changement climatique est le schéma didactique de l’effet de serre. Ce schéma connaît des variations d’un magazine à l’autre, d’un numéro à l’autre, en particulier en raison de la difficulté à visualiser un phénomène complexe. Il s’agit de représenter ensemble les flux d’émission, l’absorption des gaz à effet de serre et l’évolution conjointe des températures et des flux énergétiques. Le tout en rendant visible/lisible l’élaboration des bilans énergétiques. Pour, finalement, rendre visible la différence entre régime climatique permanent, régime transitoire et changement climatique à venir. Cette complexité de la visualisation didactique de l’effet de serre a été analysée par Philippe Colin dans son article « Enseignement et vulgarisation scientifique : une frontière en cours d’effacement » [25]. Dans cet article, il insiste sur le discours majoritaire que représente ce schéma dans les manuels, la presse de vulgarisation scientifique, sur les sites Web, et qui, le plus souvent, prend la forme suivante.
Figure 2 : Modèle type du schéma d’effet de serre
Figure 2 : Modèle type du schéma d’effet de serre
43Explication-écho des textes qu’ils accompagnent, ces schémas cumulent procédés sémiotiques de vulgarisation et risques de confusion sémiotique. La réification de l’effet de serre, phénomène (défini scientifiquement par les mesures des flux énergétiques, des températures et leur comparaison dans le temps) invisible hors de ses conséquences, ne devient graphiquement concrète qu’en passant par :
- – la coexistence étrange des figures de la planète, de son atmosphère, du soleil et de l’émission des gaz à effet de serre par les activités humaines,
- – et par l’emploi polysémique de la flèche [26] symbolisant à la fois la dynamique des flux (la flèche elle-même), la direction de ses flux (le pointeur de la flèche), leur importance quantitative (la largeur de la flèche), leur qualité énergétique (gradation de la couleur des flèches du jaune au rouge), l’évolution diachronique de cette importance (changement dans la largeur des flèches), leur « rebondissement » (absorption et absence d’absorption symbolisées par les formes courbes des flèches, leurs retournements) sur la surface de la Terre et dans l’atmosphère, rebondissement sur un plafond de verre invisible censé rendre concret l’effet de serre.
Un imaginaire de la menace
45Troisième invariant de cette communication visuelle du changement climatique : représenter la prédiction, l’adaptation au changement, voire la prophétie. Figurer, non pas l’apocalypse, mais les deux imaginaires de la menace : c’est-à-dire non pas concrétiser trop précisément la catastrophe, la rendre visible et donc prévisible, mais la conjurer, la rejeter vers l’imaginaire, soit :
- – en en montrant des préfigurations emblématiques en des lieux lointains (voir ci-dessus),
- – en représentant des mondes post-apocalyptiques, souvent dans des dessins parfois proches des Cités obscures [27] où l’homme occidental, vagabond survivant, voit son monde familier bouleversé, transfiguré mais malgré tout vivable, habitable (Paris inondé et tropical, New York sous les eaux et ensauvagé),
- – en donnant à voir des solutions techniques plus ou moins réalisables, individuelles ou collectives : villes flottantes, villes sous-marines, avions solaires, recyclage de l’énergie, etc.
47Chacun des périodiques joue sur ces dispositifs de communication visuelle, en fonction de sa ligne éditoriale, et en particulier sur la manière dont y est pensée la relation de l’homme à son environnement : aménagement du paysage chez Géo Ado, protection de la planète chez Science & Vie Junior, assujettissement de la nature au développement social chez Ça m’intéresse.
48Finalement, communiquer sur le changement climatique, vulgariser ce phénomène complexe et multidimensionnel s’inscrit dans l’idée d’un environnement pensé comme environnement de l’homme, objet désiré de sa maîtrise ou de son incertitude : environnement proche ou lointain, local ou global, à sa mesure ou incommensurable. À côté des invariants du catastrophisme, des injonctions à un civisme écologique, de la recherche de solutions technologiques, les discours se différencient avant tout par leur manière de comprendre les relations de l’homme à son milieu, milieu à protéger, façonner ou exploiter.
49Vulgariser le changement climatique, c’est donc se confronter à la fois à la difficulté à rendre compréhensible la complexité, rendre visible/concret l’invisible et traduire la dynamique d’un système. Mais ces difficultés s’inscrivent plus largement dans une relation paradoxale aux milieux naturels et à la catastrophe engendrée, prévue, prédite qui menace ces milieux. Paradoxe qui est constitué notamment des choix de politiques éditoriales, des partis pris journalistiques et des choix de représentations visuelles : des choix divergents mais indissociablement répartis sur les deux faces d’une même pièce nommée « changement climatique ». Paradoxe compris dans l’alliance des oppositions entre dénonciation des dégâts humains et légitimation de la rationalité scientifique et technique, entre prophétie apocalyptique et gestion préventive des risques, entre protection de la nature sauvage et développement technique.
50Paradoxe, enfin, qui s’incarne dans une chronologie bouleversée où, assez souvent, est minoré le long et progressif réchauffement climatique aux xixe et xxe siècles, où sont amplifiés les événements climatiques actuels, parfois facilement qualifiés d’extrêmes, et où sont brandies, comme un défi, dates et mesures limites (dans 20 ans, 50 ans, dans 150 ans, les limites de température à ne pas franchir…). De sorte que s’établit une forme de chronologie symbolique où l’ordre et la durée « normale » sont bousculés pour alourdir les événements climatiques et projeter le lecteur dans un futur anticipé.
Annexe: Tableau chronologique et comparatif du changement climatique dans Science & Vie Junior, Géo Ado et Ça m’intéresse : septembre 1999-février 2010
51Pour ce tableau comparatif, n’ont été retenus que les articles et les dossiers et ont été éliminés les brèves ou les encarts. Pour chaque parution, deux ou trois termes clefs permettent de repérer rapidement l’axe principal de la publication. Les événements repérés comme plus particulièrement décisifs dans la structuration de l’agenda médiatique sur le changement climatique ont été Tableau 2 mis en italique.
Tableau 2 : Tableau chronologique et comparatif du changement climatique dans Science & Vie Junior, Géo Ado et Ça m’intéresse : septembre 1999-février 2010
Tableau 2 : Tableau chronologique et comparatif du changement climatique dans Science & Vie Junior, Géo Ado et Ça m’intéresse : septembre 1999-février 2010
Mots-clés éditeurs : communication visuelle, vulgarisation scientifique, analyse diachronique, presse magazine, catastrophe, changement climatique, jeunes
Mise en ligne 01/11/2017
https://doi.org/10.4074/S0336150012002037Notes
-
[1]
Legardez Alain et Simonneaux Laurence dir.), L’école à l’épreuve de l’actualité : Enseigner les questions vives, Issy-les-Moulineaux, ESF, 2006, cité par Agnès Cavet, « L’enseignement des “questions vives” : lien vivant, lien vital, entre école et société ? » [en ligne]. Lettre d’information [de la veille scientifique et technologique de l’INRP], n° 27, mai 2007. Disponible sur : <http://ife.ens-lyon.fr/vst/LettreVST/27-mai-2007.php>
-
[2]
Urgelli Benoît, « Changement climatique et développement durable – traitement d’une question scientifique socialement vive à l’école », 8e biennale de l’éducation et de la formation [en ligne], Lyon, INRP, APRIEF, 2006. Disponible sur :<http://www.inrp.fr/biennale/8biennale/contrib/longue/406.pdf>
-
[3]
L’ensemble des chiffres énoncés dans ce paragraphe proviennent de l’ODJ.
-
[4]
Sauvé Lucie, « L’éducation relative à l’environnement : possibilités et contraintes », Connexion : bulletin international de l’enseignement scientifique et technologique et de l’éducation environnementale de l’Unesco [en ligne], vol. XXVII(1-2), 2002. Disponible sur : <unesdoc.unesco.org/images/0014/001462/146295f.pdf>
-
[5]
Luc Aquilina, Antonio Bispo, Hervé Brédif et al., Dynamique des ressources naturelles [en Ligne], Lyon, université virtuelle Environnement et Développement Durable, 2010. Disponible sur : <http://www.uved.fr/fileadmin/user_upload/modules_introductifs/module2/site/html/m2c1.html>
-
[6]
Ce qui marque d’ailleurs un lectorat-cible plus enfantin. Le magazine se déclare lui-même à destination des 7-13 ans.
-
[7]
Jeudy Henri-Pierre, Le désir de catastrophe, Paris, Aubier, coll. « Résonances », 1990.
-
[8]
Lucie Sauvé, « L’éducation relative à l’environnement : possibilités et contraintes », art. cit.
-
[9]
Ce travail sur des archives explique l’absence de quelques numéros, sur cette décennie de publication, pour les séries Science & Vie Junior et Ça m’intéresse. En cas d’absence du numéro, les mémofiches ont servi de relais pour au moins connaître les thèmes des différents articles publiés dans chaque numéro, en nous appuyant sur les titres, les résumés et l’indexation avec le thésaurus Motbis. Si les hors-séries de Science & Vie Junior ont fait partie du dépouillement, ce n’est pas le cas pour ceux de Ça m’intéresse.
-
[10]
Pour pouvoir établir ces résultats, le dépouillement s’est fait en deux temps :
- un premier tableau répertoriant, pour chaque numéro, le titre de Une, la présence d’une ou plusieurs publications sur le changement climatique, la présence d’un ou plusieurs articles sur les thèmes connexes de l’écologie (pollution, recyclage, gestion des ressources, biodiversité, énergies, développement durable, habitat durable…), à l’exclusion de la protection animale stricto sensu. Chaque publication connexe a fait l’objet d’un relevé du titre et du volume (nombre de pages) ;
- un deuxième tableau décrivant les publications sur le changement climatique en relevant les titres, l’importance de la publication (nombre d’articles, nombre de pages), les illustrations (nature et contenu), des mots clés, la nature de la publication (article, brève, reportage, entretien, docu-fiction) et la tonalité générale (information, récit prophétique, récit d’aventure, explications didactiques, volontarisme, injonction, doute…).
-
[11]
« Le GIEC (Groupe intergouvernmental sur l’évolution du climat) est un organe intergouvernemental qui est ouvert à tous les pays membres de l’ONU et de l’OMM (Organisation météorologique mondiale). Le GIEC a pour mission d’évaluer, sans parti pris et de façon méthodique, claire et objective, les informations d’ordre scientifique, technique et socio-économique qui nous sont nécessaires pour mieux comprendre les fondements scientifiques des risques liés au changement climatique d’origine humaine, cerner plus précisément les conséquences possibles de ce changement et envisager d’éventuelles stratégies d’adaptation et d’atténuation. Il n’a pas pour mandat d’entreprendre des travaux de recherche ni de suivre l’évolution des variables climatologiques ou d’autres paramètres pertinents. Ses évaluations sont principalement fondées sur les publications scientifiques et techniques dont la valeur scientifique est largement reconnue. » Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat, IPCC : Intergovernmental Panel on Climate Change [en ligne], Genève, Organisation météorologique mondiale [après 2010]. Consulté le 31 janvier 2012. Disponible sur : <http://www.ipcc.ch/home_languages_main_french.shtml#.T0agaYEyf2B>
-
[12]
Parry Martin, Canziani Osvaldo, Palutikof Jean, et al. (dir.), Climate change 2007 : Rapport du Groupe de travail II - Conséquences, adaptation et vulnérabilité, Cambridge (Royaume-Uni) et New York (États-Unis), Cambridge University Press, 2007. Consulté le 31 janvier 2012. Disponible sur : <http://www.ipcc.ch/publications_and_data/ar4/wg2/fr/contents.html>
-
[13]
Notamment dans les différents rapports du GIEC et dans l’ouvrage d’Emmanuel Le Roy Ladurie cité ci-dessous.
-
[14]
Ladurie Emmanuel Le Roy et Séchet Guillaume, Histoire humaine et comparée du climat : Tome 3 : Le réchauffement de 1860 à nos jours, Paris, Fayard, 2009.
-
[15]
Jeudy Henri-Pierre, Le désir de catastrophe, op. cit., pp. 9-13.
-
[16]
Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat, IPCC : Intergovernmental Panel on Climate Change, op. cit.
-
[17]
Les différentes chronologies proposées sont construites à la fois à partir de la chronologie du changement climatique proposée par La Documentation française et d’un enregistrement des phénomènes climatiques désignés comme événements climatiques (extrêmes) par les médias étudiés. Le changement climatique [en ligne], Paris, La Documentation française, mis à jour le 11 décembre 2011. Disponible sur : <http://www.ladocumentationfrancaise.fr/dossiers/changement-climatique-index.shtml>
-
[18]
Andrée Corvol, « Tempêtes sur la forêt française : xviie-xixe siècles », inLadurie Emmanuel Le Roy, Berchtold Jacques et Sermain Jean-Paul dir.), L’événement climatique et ses représentations (xviie-xixe siècle) : histoire, littérature, musique et peinture, Paris, Éditions Desjonquères, coll. « L’esprit des lettres », 2007, pp. 42-59.
-
[19]
Henri-Pierre Jeudy, Le désir de catastrophe, op. cit., p. 9.
-
[20]
Daniel Jacobi, Textes et images de la vulgarisation scientifique, Berne, P. Lang, coll. « Explorations », 1987.
-
[21]
La communication visuelle sur le changement climatique s’appuie sur des signes isolés ou un ensemble de signes devenant, au-delà de leur sens premier, les signifiants d’un sens second : par exemple l’ours polaire pour la fonte des glaces, les cheminées d’usine pour la pollution.
-
[22]
Dominique Château, « Stéréotype, prototype, archétype : à propos du portrait de Gertrude Stein de Picasso », inDarras Bernard dir.), Images et sémiotique : sémiotique pragmatique et cognitive, Paris, Publications de la Sorbonne, 2006.
-
[23]
Martin Lefebvre, « La photo et l’indice : brève mise au point sémiotique » [en ligne], in Bernard Darras et Christophe Genin (dir.), ImagesAnalyses [en ligne], Paris, Université Paris 1 Sorbonne. Disponible sur : <http://imagesanalyses.univ-paris1.fr/analysis.php?analysis=35>
-
[24]
Henri-Pierre Jeudy, Le désir de catastrophe, op. cit.
-
[25]
Colin Philippe, « Enseignement et vulgarisation scientifique : une frontière en cours d’effacement ? Une étude de cas autour de l’effet de serre », Spirale, 48, 2011, pp. 63-84.
-
[26]
Després-Lonnet Marie 2005), « La flèche à l’écran : index, indice et outil de la pratique », in Ismail Timimi et Susan Kovacs (dir.), Indice, index, indexation, Lille, ADBS Éditions, pp. 131-140, et Annette Béguin, « Délimiter et traiter un corpus multimédia dans une perspective pragmatique : application à un corpus d’expériences simulées à l’écran », Actes du colloque Médiation des savoirs, des langues et des cultures, 2003, cité par Marie Després-Lonnet.
-
[27]
Peeters Benoît et Schuiten François, Les cités obscures : albums et hors-séries, Paris, Casterman, 1983-2008.