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Article de revue

Le rôle du Hirak à l’étranger : une renaissance de la diaspora algérienne ?

Pages 163 à 175

Notes

  • [1]
    Gabriel Sheffer, Diaspora politics, At home abroad, Cambridge, Cambridge University Press, 2003, p. 9-10.
  • [2]
    José Mvuezolo Bazonzi, « La diaspora africaine et l’identité biculturelle : enjeux et défis pour la réinvention de l’Afrique », Dakar, Afrique et développement, Vol. 41, n°2, 2016, p. 205.
  • [3]
    L’histoire de la diaspora algérienne remonte à la période coloniale, avec l’immigration en France de soldats et d’agriculteurs algériens. Vers la fin du XIXème siècle, elle s’est caractérisée par une immigration masculine et ouvrière. Durant la Première Guerre mondiale, des milliers de personnes avaient rejoint la France depuis ses colonies, appelées par la France pour renforcer l’armée française, et pour remplacer les travailleurs français mobilisés et envoyés au front. À la fin de la guerre, nombreux ont été les soldats maghrébins qui ont choisi de rester en France pour y travailler. Pour remercier ces soldats, en grande partie des Algériens, le gouvernement français de l’époque a construit pour eux la Grande Mosquée de Paris. Voir Salah Ferhi, « L’immigration Arabe dans le monde », in Les nouvelles figures de migrants en Espagne : parcours et stratégies dans le premier pays d’immigration européen, Paris, Migrations Société, 2009, p. 13-14.
  • [4]
    La première commence au début du XXème siècle jusqu’après la Seconde Guerre mondiale et s’est caractérisée par son aspect agricole, illettré et masculine. La deuxième vague commence dès 1948, et est devenue une immigration prolétarienne et de regroupement familial. La troisième vague commence avec l’indépendance de l’Algérie en 1962, et c’est accélérée jusqu’aux années 2000.
  • [5]
    Cité par Steven Loyal, “The French in Algeria, Algerians in France : Bourdieu, colonialism, and migration”, Thousand Oaks (Californie), The Sociological Review, Vol. 57, n° 3, 2009, p. 418.
  • [6]
    Séverine Labat, « Les binationaux franco- algériens : un nouveau rapport entre nationalité et territorialité », in Les « émergents » et les transformations de la gouvernance globale, Paris, Critique Internationale, 2012, p. 83.
  • [7]
    Gabriel Mas, « Histoire des migrations humaines », Montbrison, Cahiers de Village de Forez, 2018, p. 21.
  • [8]
    Séverine Labat, op. cit., p. 83-84.
  • [9]
    Selon l’AIDA, rien qu’en France, ils seraient plus de 5 millions. En Amérique du Nord, ils se situeraient entre 120 000 et 140 000 (110 000 au Canada, 30 000 aux États-Unis et 2 000 au Mexique). Voir Cherif Ali, « Dans la foulée des changements, un ministère pour la diaspora algérienne à l’étranger ! », Alger, El Watan, 10 septembre 2018.
  • [10]
    85 % d’émigrés algériens vivent en France, auxquels il faut ajouter 8 % vivant dans les autres pays européens. En 2009, le nombre d’émigrés résidant en Espagne était estimé à 56 201 individus, soit 6,3 % du total des effectifs d’Algériens établis à l’étranger. Dans les pays arabes, ils représentent 5 %, et seulement 2 % séjournent dans les pays d’Amérique du Nord. Voir Hocine Labdelaoui, « L’Algérie face à l’évolution de son émigration. En France et dans le monde », in France -Algérie, le temps du renouveau, Paris, Hommes & migrations, 2012, p. 32-33.
  • [11]
    Près des deux tiers des émigrés algériens au Canada (62 %) et plus de la moitié (53 %) aux États-Unis ont un niveau d’instruction supérieur. En Grande Bretagne également, la communauté algérienne émigrée compte plus de 42 % de diplômés supérieurs. Voir Rafik Bouklia-Hassane, « Migration pour le travail décent, la croissance économique et le développement : le cas de l’Algérie », Genève, Cahiers des migrations internationales, 2010, p. 30.
  • [12]
    Mariem Malouche, Sonia Plaza et Fanny Salsac, « Mobiliser la Diaspora de la région Moyen orient et Afrique du Nord pour promouvoir l’intégration économique et l’interprétariat », Washington, La Banque mondiale, 2016, p. 22.
  • [13]
    Comme par exemple, ACA (Association des Compétences Algériennes), Association algérienne de transfert de technologie, REAGE (Réseau des Algériens diplômés de Grandes Écoles et des Universités françaises), Coopération universitaire scientifique et technique, ANIMA (réseau méditerranéen pour l’investissement), etc.
  • [14]
    À titre d’exemple le fameux Conseil consultatif de l’immigration, souvent annoncé mais tant de fois différé puis remis dans les tiroirs, ou encore le Secrétariat d’État qui a été supprimé au bout d’une année d’existence seulement, et enfin un ministère délégué chargé de la Communauté nationale à l’étranger a d’abord été rattaché au cabinet du Premier ministre, puis au ministère délégué à la Coopération régionale, au sein du ministère des Affaires étrangères, puis au ministère de la Solidarité nationale, et enfin de nouveau attaché au cabinet du Premier ministre.
  • [15]
    Récemment l’association DARE (Diaspora des Algériens Résidant à l’Étranger) a saisi le président algérien Tebboune afin de lui demander de présenter une loi pour une meilleure représentativité des Algériens de l’étranger au Parlement de leur pays. Le nombre de députés n’a pas augmenté depuis 1977 où l’on comptait quatre députés. En 2020, il y’a toujours le même nombre de députés alors que la population franco-algérienne est estimée à 7 millions d’individus. Une règle de proportionnalité et de représentativité doit être appliquée. Voir Zeinab Filali, « Les 7 millions d’algériens de France en quête d’une meilleure représentativité parlementaire », Nouakchott/Dakar, Financial Afrik, 13 septembre 2020.
  • [16]
  • [17]
    Aziz Nafa, « Peut-on parler d’une diaspora Algérienne ? », in La libre circulation, des hommes, des écrits et des sens, Alger, Aleph, 2017, pp. 5 à 28.
  • [18]
    Anna Dibartolomeo, Thibaut Jaulin et Delphine Perrin, « CARIM – Profil Migratoire : Algérie », Florence, European University Institute, décembre 2010. Disponible : https://cadmus.eui.eu/bitstream/handle/1814/22434/MP%20FR%20Algeria%20with%20links.pdf?sequence=2
  • [19]
    À titre d’exemple : « Libérons l’Algérie », « Pour une Algérie nouvelle », « Jeunes engagés », « Pour une nouvelle Algérie », etc. La liste des rassemblements est longue et traduit l’effervescence populaire autour de ce mouvement.
  • [20]
    Une dizaine de groupes originaires de villes comme Washington, San Francisco, Ottawa, Montréal, Vienne, Bruxelles, Genève, Marseille et Lyon ont intégré la nouvelle organisation. Voir Samia Lokmane Khelil, « Ils veulent donner une plus grande visibilité à leurs actions, Les collectifs de la Diaspora Algerienne à l’étranger fusionnent », Alger, Liberté, 9 mai 2019
  • [21]
    Par exemple Dzayer 2.0, né à Paris le 30 mars 2019, est un groupe de réflexion et d’action qui regroupe plusieurs personnalités issues de l’émigration algérienne en France et dans d’autres pays. On pense aussi à Free Algeria qui est une fédération de collectifs d’Europe, des États-Unis et du Canada, qui continue à militer pour une réelle transition démocratique. Voir Samia Lokmane Khelil, « Naissance du collectif Dzayer 2.0 à paris », Alger, Liberté, 30 mars 2019 ; Samir Bendjafer, « Le rôle de la diaspora dans la transition en Algérie », Montréal, Radio Canada International, 20 janvier 2020.
  • [22]
    Dorothée Myriam Kellou, « La diaspora algérienne à l’épreuve de la mobilisation », Paris, Le Monde, 28 janvier 2020.
  • [23]
    Samir Ghezlawi, « Commémoration du premier anniversaire du Hirak en France. La diaspora marche pour le départ « effectif » du régime », Alger, El Watan, 18 février 2020.
  • [24]
    « Impressionnante marche de la diaspora à Bruxelles », Alger, Algérie 360, 1er décembre 2019.
  • [25]
    Farid Bouhatta, « La diaspora algérienne ou le second souffle du Hirak », Roubaix, Afrik, 8 juillet 2020.
  • [26]
    Le forum des compétences algériennes, créé en mars 2019, est un espace de rencontres et d’échanges entre les élites nationales et celles établies à l’étranger. Deux rencontres internationales à Alger ont été organisées et plus de 60 expatriés établis dans vingt pays y ont assisté et ont émis des pistes de réflexion ainsi que des propositions pour que la diaspora s’engage davantage. Voir Hamid Baala, « Le président Tebboune à la conquête de la diaspora », Paris, Jeune Afrique, 4 juillet 2020.
  • [27]
    Cette rencontre a abouti à la constitution de groupes de travail, qui ont pour taches de contacter les organisations internationales, l’organisation de conférences de presse, des rencontres, etc.
  • [28]
    C’est le cas de l’ONG Riposte internationale qui organise, le 15 septembre 2020, un sit-in à l’occasion de l’ouverture de sa session ordinaire d’automne, pour dénoncer la politique des deux poids deux mesures concernant les deux cas algérien et biélorusse.
  • [29]
    Soolking est un rappeur franco-algérien connu pour ses chansons du Hirak comme la liberté ; Raja Meziane est rappeuse algérienne accompagnant le Hirak avec ses chansons.
  • [30]
    Ali Ait Mouhoub, « Mostra de Valence « cinéma méditerranéen » : Le Hirak s’affiche », Alger, El Watan, 30 août 2020.

1Depuis le 22 février 2019, l’Algérie a connu un mouvement populaire, le Hirak. Le pays a été le théâtre d’une série de manifestations à l’annonce de la candidature du président Bouteflika à un cinquième mandat, ce qui, finalement, a poussé à la démission de ce dernier.

2À l’étranger, le Hirak a renforcé l’attachement qu’avaient les immigrés et descendants d’immigrés algériens avec la terre des ancêtres. Les manifestations qui ont eu lieu dans plusieurs villes en Europe et ailleurs scandant le départ de Bouteflika et l’instauration d’un nouveau régime politique bâti sur des fondements démocratiques, avec pour point d’orgue la liberté, démontrent l’implication croissante des Algériens de l’étranger dans les affaires de leur pays d’origine.

3L’émigration coloniale et postcoloniale a longtemps été animée par « l’illusion du provisoire » ou « le mythe du retour ». L’explosion des guerres de mémoire en France va lancer les jalons d’une vraie conscience et mémoire collective propre à la diaspora algérienne. Le Hirak lui donnera la possibilité de se manifester dans l’espace public du pays d’accueil.

4Le Hirak, en gelant les clivages idéologiques propres à la société algérienne, a permis à la diaspora algérienne d’émerger comme acteur incontournable de ce mouvement, et a donné une plus grande ou une nouvelle visibilité à cette diaspora. Ainsi, différentes villes européennes ont assisté à sa mobilisation, plusieurs collectifs et associations ont été créés, des marches ont été organisées, des rencontres ont été établies, et des propositions ont de ce fait été élaborées dans le but de participer à la dynamique de changement en Algérie.

5Le but de cet article est de démontrer comment le Hirak a permis à la diaspora algérienne de rompre avec les pratiques du passé (exclusion des sphères de décision politique et économique, marginalisation des compétences algériennes de l’étranger, entraves bureaucratiques, etc.) et a motivé les Algériens de l’étranger à plus d’organisation et de solidarité. Le Hirak est devenu un élément catalyseur et un facteur fédérateur de la diaspora algérienne au-delà des clivages idéologiques et des calculs partisans qui ont longtemps empêché sa participation dans le jeu politique intérieur algérien, mettant ainsi fin à des décennies de rupture politique entre l’Algérie et cette diaspora.

L’effacement politique de la diaspora algérienne : des exigences indépendantistes aux instrumentalisations postindépendance

6Gabriel Scheffer propose une définition de la diaspora comme suit : « Une diaspora ethno-nationale est une formation socio politique résultant d’une migration volontaire ou forcée, dont les membres se considèrent comme étant de même origine ethno- nationale et résident dans un ou plusieurs pays d’accueil, où ils constituent une minorité. Ils entretiennent des contacts réguliers ou occasionnels avec ce qu’ils considèrent comme leur patrie, ainsi qu’avec des individus et des groupes de même origine vivant dans d’autres pays » [1].

7Pour Bazonzi, le concept de diaspora évoque l’idée des populations transnationales, vivant depuis plusieurs années ou depuis plus d’une génération dans un endroit éloigné de leur patrie, mais reliées à celle-ci par une filiation réelle ou « imaginée ». Il évoque également l’idée des ressortissants étrangers, des migrants permanents, réguliers ou irréguliers, des citoyens d’origine « lambda » vivant à l’étranger, des réfugiés, des naturalisés, etc. [2].

8Dans cet article, nous utiliserons la définition de Scheffer qui classe la diaspora algérienne dans la diaspora émergente que le Hirak va consacrer comme étant une diaspora débarrassée de toute forme de paternalisme qu’exerçaient les autorités algériennes sur elle, et ce, depuis la période de la guerre de libération et au-delà [3].

9Abdelmalek Sayad divise l’immigration algérienne en trois phases [4]. Cette immigration a connu beaucoup de changements. Elle est devenue ouvrière après avoir été agricole, et a inclus les hommes dans un premier temps pour devenir une migration familiale puis sélective ; passée d’une immigration d’illettrés à celle d’une immigration de compétences et de diplômés (dans les années 1990). Par ailleurs, l’espoir de retour qui était un rêve pour les premiers immigrés s’est évaporé avec la deuxième et même la troisième génération [5].

10Lors de la guerre de libération, l’immigration algérienne s’est signalée par une conscience syndicale et par des signes d’acculturation à la société française. C’est dans cette conscience nationale que s’est constituée l’Étoile nord-africaine, première formation politique porteuse d’une exigence d’indépendance nationale, en juin 1926 [6]. Ce furent les premières étapes d’une politisation aux fins de faire naitre le sentiment nationaliste.

11L’engagement nationaliste de l’immigration algérienne s’est concrétisé à travers « la bataille de France » du FLN (Front de libération national), lequel a pris le contrôle de l’émigration qui participa au combat libérateur et à l’effort de guerre (la Fédération algérienne de France). Les manifestations pacifiques du 17 octobre 1961 à Paris, réprimés dans le sang et le feu, restent le témoin de cet engagement.

12Après l’indépendance de l’Algérie, les flux migratoires s’accélèrent, plus d’un million de Français d’Algérie et plusieurs milliers de harkis furent rapatriés en métropole [7]. Durant cette période, la majorité des immigrés algériens ont choisi la nationalité algérienne, et pour contrôler le flux migratoire, les autorités algériennes ont dissous la Fédération de France, et créé l’Amicale des Algériens en Europe, institution de contrôle, de surveillance et d’encadrement de l’immigration [8]. Dans les années 1970, le courant de l’acquisition de la nationalité française a gagné du terrain. Avec la naissance des enfants d’immigrés en France, le mythe du retour est désormais fortement entamé. Au cours des années 1990, la majorité des immigrés porteront la nationalité française.

13Les immigrés ne travaillent plus uniquement dans les secteurs pénibles ; une nouvelle élite a vu le jour. Elle est composée d’intellectuels, d’universitaires et d’artistes. Un nouveau type d’immigrés est apparu sous le nom de « deuxième génération » et même de « troisième génération ». Ils exigent leur appartenance à la communauté française en même temps que la reconnaissance de leur intégration dans la communauté autochtone.

14Pour des raisons historiques, La France demeure donc à ce jour le premier pays d’accueil de la diaspora algérienne, mais de nouvelles destinations se sont distinguées au cours de ces dernières années comme les États-Unis et le Canada. Ainsi, selon une analyse réalisée par l’Institut national d’études démographiques (INED), l’Algérie figurerait parmi les 15 pays qui fournissent le plus de migrants au monde.

15Pour l’Association internationale de la diaspora algérienne (AIDA), les Algériens ou personnes d’origine algérienne vivant à l’étranger en 2018 représenteraient 7 millions d’individus [9].

16La France reste le principal pays de séjour de ces émigrés. L’Espagne est aussi devenue une nouvelle destination [10]. En Amérique du Nord, l’immigration algérienne se caractérise par son niveau d’instruction supérieur [11].

17Par ailleurs, les Algériens de France sont plus étroitement intégrés à leur pays d’accueil. Il existe en outre 33 réseaux sociaux virtuels. On dénombre 28 réseaux de professionnels de la diaspora en Algérie. En France plusieurs associations sont recensés comme ATLAS (Algerian talents & leaders association), ACDA (Agir pour le changement et la démocratie en Algérie) et AIDA (Association internationale de la diaspora algérienne). La nouvelle Fédération internationale de la diaspora algérienne, dont les membres fondateurs vivent en France, au Canada, au Royaume-Uni et en Suisse, a été fondée en janvier 2015 [12]. Certaines associations s’emploient à promouvoir le transfert des connaissances et l’entrepreneuriat dans les pays d’origine, en mobilisant les compétences des Algériens de l’étranger [13]. Mais cette diaspora, d’ordinaire, reste toujours effacée politiquement, puisqu’elle ne pèse d’aucune manière sur le cours des événements politiques en Algérie. Quant à l’immigration algérienne en France, elle continue à être marquée par ses divisions historiques, politiques et même ethniques. Elle est surtout préoccupée par son existence quotidienne et sa condition sociale.

18Le manque de mécanismes institutionnels bloque la promotion de la culture algérienne et l’intégration des émigrés algériens dans leur société d’accueil [14]. La présence dans le Parlement algérien de sièges législatifs réservés aux électeurs externes n’a pas apporté les changements escomptés [15].

19Par ailleurs, le seuil des transferts de fonds en Algérie est négligeable. Les transferts de fonds vers le pays ont atteint les 1,9 milliards de dollars pour 2018 [16], mais cela reste très faible comparativement aux autres pays [17]. Les sommes transitant par le canal bancaire ne se hissent pas au niveau souhaité, et par rapport aux seuls voisins maghrébins, le pays se situe en dernière position [18]. Le Hirak pourrait être un facteur déterminant dans la promotion d’une nouvelle relation entre l’Algérie et sa diaspora. Avec l’instauration d’un climat de transparence et l’élimination des entraves bureaucratiques, les Algériens de l’étranger peuvent participer au transfert technologique et financier et donc auront accès à plus d’investissements dans leur pays d’origine.

Le Hirak : facteur fédérateur et outil de politisation de la diaspora algérienne

20Le Hirak a permis à la diaspora algérienne de se réorganiser et de s’impliquer dans les affaires algériennes de façon plus étroite. Depuis le début du mouvement, on assiste à sa mobilisation sans précédent à travers un réseau d’associations et de regroupements virtuels. À titre d’exemple, une page Facebook intitulée « Les Algériens sans frontières » a été créée en juin 2019. Elle a pour mission de retrouver et geler les fonds du clan Bouteflika dans les banques suisses et ailleurs, ainsi que d’organiser des conférences regroupant Algériens de l’intérieur et Algériens de l’étranger, et ce, pour débattre de la situation en Algérie.

21Nous pouvons également citer l’alliance des démocrates de la diaspora algérienne (ADDA) qui s’est constituée en août 2019, laquelle regroupe des militants démocrates, indépendants ou organisés dans des associations ou collectifs, avec pour objectif d’être un instrument politique de la diaspora pour contribuer à la mise en œuvre d’une réelle transition démocratique, de mener à bien des actions de sensibilisation et d’intervention auprès des institutions et organismes internationaux. En Allemagne, les associations « La communauté algérienne à Berlin », et « Yedd » sont les porte-paroles de la diaspora algérienne dans le pays.

22La diaspora algérienne s’est donc réapproprié l’espace public. Pour plus de coordination et de visibilité, beaucoup de collectifs ont vu le jour [19]. C’est le cas du collectif « Debout l’Algérie », qui a organisé la première manifestation de la diaspora contre le cinquième mandat de Bouteflika, le 17 février 2019, Place de la République à Paris. Depuis, il coorganise tous les rassemblements hebdomadaires du dimanche, contre le régime [20].

23Ainsi de nombreuses associations et groupes ont été créés dans le but du changement de système et l’instauration de la 2e république, rejetant l’élection présidentielle du 12 décembre 2019 et œuvrant pour un objectif commun : l’instauration d’une véritable démocratie et d’un État de droit en Algérie [21].

24Cette mobilisation se concrétise à travers des rassemblements, des manifestations de rue, des marches, des meetings, des conférences-débats ou encore des débats (ou forums de discussion) sur les réseaux sociaux. Le travail des radios et télévisions communautaires ainsi que d’autres initiatives et actions sont, depuis le 22 février, organisés par les nombreux militants démocrates : collectifs, associations et regroupements nés à la faveur de la « révolution du sourire » ou, plus anciens, parmi les Algériens de France.

25Le Hirak a ainsi permis à la diaspora algérienne de se retrouver malgré ses différences. On peut justement y trouver ceux qui sont arrivés dans l’Hexagone depuis quelques années, et qui gardent des liens très forts avec le pays natal, mais aussi ceux, enfants ou petits-enfants d’immigrés, qui ne connaissent pas l’Algérie ou qui ont juste l’image d’un pays de vacances. Le Hirak leur a donné l’occasion de se redécouvrir, d’être solidaires malgré leurs différences, de montrer leur attachement au pays des ancêtres. Leur mobilisation est surprenante quoique leurs formes d’implication et d’engagement soient multiples.

26Beaucoup d’entre eux s’enthousiasment du changement qui se fait sentir en Algérie, et ont décidé d’assister aux événements organisés par des militants du Hirak en France, et ce, pour mieux comprendre les enjeux politiques et sociaux qui se posent en Algérie [22]. Certains ont même fait le déplacement à Alger pour participer aux marches, dans le but de se rapprocher encore plus de leurs compatriotes. Pour la plupart d’entre eux, c’était une expérience enrichissante au-delà de la connaissance du pays ou de la langue.

27Cependant, un grand travail est en train de se faire sur les réseaux sociaux. Des contacts se sont établis entre les Algériens de l’intérieur et de l’extérieur, ce qui leur a permis de se rencontrer et de débattre des questions relatives au pays. En dépit de la suspension des marches et des activités liées au Hirak à cause de l’épidémie de coronavirus, les réseaux sociaux ont continué leur activité virtuelle durant la période de confinement.

28Ainsi, la radio Corona internationale, qui traite des questions politiques et économiques, a continué à émettre ses émissions chaque mardi et vendredi pour dénoncer les arrestations de journalistes et activistes politiques, et soutenir le mouvement populaire durant sa période de suspension. La chaîne de télévision Awrass TV qui a remplacé El Magharibia, est une autre voix de la diaspora. La chaîne en question émet en trois langues (arabe, français et tamazight) et joue un rôle prééminent dans le rapprochement entre les différents acteurs du Hirak. Des multiples tables rondes ont été organisées pour encourager des rencontres et des actions communes dans l’objectif de changer la situation politique en Algérie.

L’appropriation de la rue par le Hirak pour pallier l’effacement télévisuel : plus de visibilité et d’impact

29Depuis le début du mouvement populaire, la communauté algérienne à l’étranger s’est emparée de la rue pour manifester sa solidarité avec le peuple algérien désireux de changement significatif du pouvoir et du fonctionnement du régime. À titre d’exemple, on peut citer la marche des Algériens à Paris le 1er novembre 2019, qui coïncidait avec le 62e anniversaire de la révolution algérienne. Celle-ci a donné l’impression que l’on se trouvait dans un boulevard algérois, faisant renaitre les heures glorieuses des marches qu’organisait la fédération FLN de France. Le Hirak de la diaspora faisait de la sorte renaitre la mémoire des luttes des Algériens de Paris pour la dignité et la liberté. Ces mêmes luttes avaient pu être chassées de la mémoire collective algérienne, interdisant en quelque sorte à cette diaspora de participer, par-delà ces épisodes malheureux, au récit historique national, car porteurs d’une culture politique plurielle bien imprégnée par les principes démocratiques occidentaux.

30Cette appropriation de la rue s’est encore manifestée lors de la commémoration du premier anniversaire de la « révolution du sourire » : 10 000 personnes ont défilé Place de la République et Bastille à Paris. Ils ont appelé à une transition démocratique pour le passage effectif à la « nouvelle république » et le départ inconditionnel et complet du système, condamnant ce « pseudo » débat sur la Constitution. Des collectifs de citoyens établis dans différentes villes de France et d’Europe ont participé à la marche, en plus de plusieurs personnalités politiques [23].

31La diaspora algérienne, en s’intéressant aux affaires de son pays d’origine, refuse toute ingérence dans les événements algériens. C’est dans cet objectif qu’a eu lieu le 1er décembre 2019 une impressionnante marche à Bruxelles où des milliers d’Algériens résidant à l’étranger ont manifesté devant le siège de l’Union européenne. Et ce, pour dénoncer l’ingérence du Parlement européen en Algérie et rejeter l’élection présidentielle du 12 décembre. Ils ont exigé le départ des symboles du système et la libération des détenus politiques en Algérie [24]. Cette démarche indique une volonté forte de s’affranchir de toute tutelle étrangère, en privant les autorités algériennes de l’un des éléments les plus structurants de sa rhétorique, aux fins de casser le Hirak, à savoir le supposé complot de l’étranger.

32Le Hirak a permis aux membres de la diaspora algérienne de se rassembler et de débattre dans la tolérance de toutes les questions ayant trait aux affaires politiques. Depuis le début du mouvement, les Algériens de l’étranger ont manifesté chaque dimanche contre le cinquième mandat puis contre l’élection présidentielle qui eut finalement lieu le 12 décembre 2019, avec l’élection d’Abdelmadjid Tebboune. Paris, Bruxelles, Berlin, Montréal et Washington ont effectivement été le théâtre de manifestations hebdomadaires, où ces lieux sont devenus des espaces de débat et d’échange, mais plus encore, de contestation politique et de refus catégorique d’une possible reproduction du même système politique en Algérie. Cela est la marque d’une évolution profonde qui traverse toute la diaspora algérienne, la rendant plus présente. Elle ne se contente plus d’une simple et historique rupture passive avec le pouvoir algérien.

33La mobilisation a continué après l’élection de Tebboune. Une élection présidentielle boycottée et considérée par les protestataires comme « illégitime », voyant en lui l’héritier du régime de Bouteflika, au sein duquel il a évolué comme ministre et chef de gouvernement. Il s’agissait donc pour eux d’une énième reproduction du système politique qui est à l’origine de tous les maux dont souffre la nation algérienne.

34C’est dans cet esprit que se sont tenues, le 5 juillet 2020 à l’occasion de la fête de l’indépendance, des manifestations à Montréal, pour réaffirmer l’engagement de la diaspora algérienne à soutenir la « révolution du sourire » et à réclamer la libération des détenus d’opinion. À Paris également la mobilisation était au rendez-vous. Le mouvement de protestation populaire se poursuit donc malgré la pandémie de Covid-19 qui sévit partout à travers le monde [25].

35Une grande marche de huit jours a été organisée le 15 août 2020. Les marcheurs qui y ont participé, sont allés de Paris vers Genève à pied, et ont protesté devant l’organisation des Nations unies à Genève, pour dénoncer les multiples arrestations et incarcérations de militants et d’activistes du Hirak. Ils ont dénoncé les restrictions à la liberté de la presse et la répression, sur les sites de médias en ligne.

Rencontres et débats pluriels

36Dans le but de geler les clivages idéologiques et politiques entre les différentes composantes du Hirak, les acteurs politiques qui animent les actions de la diaspora algérienne ont eu recours aux rencontres et débats d’idée dans la perspective de dégager une offre politique qui soit acceptée par une majorité d’Algériens. Citons à titre d’exemple le forum des compétences algériennes [26].

37Dans cette optique, une rencontre s’est tenue à Berlin le 20 août 2020 pour débattre du rôle de la diaspora dans le soutien du Hirak. Les participants sont venus de plusieurs villes européennes sous l’initiative de Ghani Mehdi, journaliste et activiste politique. Ils ont débattu du rôle de la diaspora dans le Hirak, et se sont donnés pour mission de contacter des organismes internationaux de droits de l’Homme [27].

38Pour contester les dépassements de la justice algérienne concernant les détenus d’opinion, les membres de collectifs de la diaspora ont saisi les instances internationales de droits de l’Homme, à l’image des sit-in qui ont été organisés devant le siège du Haut-commissariat aux droits de l’Homme à Genève (ONU), pour la libération des otages du Hirak et l’avènement d’un État démocratique [28].

39En outre, une action de solidarité a largement vu le jour avec l’arrivée de la pandémie de la Covid-19 en Algérie. Dans ce sens, plusieurs associations de la diaspora, avec l’aide de personnalités médicales et caritatives algériennes issues elles-mêmes de la diaspora, ont uni leurs efforts pour doter les hôpitaux algériens de matériel médical pour lutter contre cette maladie et limiter sa propagation. Cette initiative, appelée « pour l’Algérie », est représentée par l’AAPFA (Association amitié populaire franco-algérienne, France), SOS (Assistance médicale Algérie), et est soutenue par plusieurs associations et personnalités algériennes. L’initiative « Tahadi » façonnée par la diaspora, a aussi réalisé plusieurs actions humanitaires en Algérie en fournissant des aides alimentaires et médicales pendant les premières semaines de la pandémie.

40Par ailleurs, une autre action culturelle se mobilise à travers ces artistes qui célèbrent le Hirak par leur musique, à l’image de Soolking, Raja Meziane et autres [29]. De plus, le cinéma peut être un outil pour booster le mouvement populaire en utilisant la force de l’image. C’est le cas de la 35e édition de la Mostra de Valence du cinéma méditerranéen, qui aura lieu du 22 octobre au 1er novembre 2020. Y a été programmé un cycle appelé « Les batailles d’Algérie ». Au menu, des films documentant le Hirak en contextualisant la révolution au plan social et politique [30].

Conclusion

41La diaspora algérienne, tout au long de son histoire, a été peu ou prou impliquée dans les affaires du pays. En effet, l’activisme des immigrés de France durant la guerre de libération en est une bonne illustration. En dépit des problèmes liés à l’identité, au racisme, et les difficultés rencontrées dans les pays d’accueil, les Algériens de l’étranger sont restés liés à leur pays d’origine, et cela dans le cadre d’une relation apolitique nourrie et voulue comme telle par le pouvoir algérien, qui n’avait aucun intérêt à être contesté à et depuis l’étranger.

42En revanche, ces liens, quoique solides, n’étaient pas vraiment structurés. Les limites de l’État à organiser et à bénéficier pleinement du soutien de sa diaspora, a montré les failles d’une politique dans le sens du ralliement de ses fils et filles de l’étranger, d’où le faible transfert de fonds vers l’Algérie et les faibles investissements, ainsi que la quasi-inexistence politique de cette diaspora.

43Aujourd’hui, le Hirak, de par ses exigences politiques, a forcé les activistes algériens, présents et installés à l’étranger, à s’organiser en diaspora, stricto sensu, à travers la mobilisation de toutes ses composantes. De plus, il a engendré une solidarité sans précédent entre les Algériens de l’intérieur et de l’extérieur. À cet égard, de nombreux collectifs et associations réunissant des Algériens des différents pays du monde, se sont mobilisés et se sont organisés afin de montrer leur attachement au pays, et leur intérêt pour la chose politique algérienne par-delà les espaces de vie et de mobilisation.

44En somme, le Hirak a renforcé le sentiment d’appartenance et l’attachement qu’avaient les Algériens vis-à-vis de leur pays d’origine. C’est ainsi que les manifestations, les marches, les débats qui ont été organisés depuis le 22 février 2019, ont redonné un rôle plus important à la communauté algérienne à l’étranger et surtout celle de France. En effet, ce mouvement a continué, même après l’élection du président Tebboune, à exprimer ses désaccords et son souci de changement de régime, en reprenant en quelque sorte le ou du pouvoir de décider.

45Par ailleurs, même si le Hirak a été suspendu à cause de la pandémie de Covid-19, le mouvement de protestation a continué dans le monde virtuel, par le biais des réseaux sociaux ainsi que des radios et télévisions communautaires.

4625 associations et collectifs de la diaspora ont organisé une grande manifestation le 13 septembre 2020, à Paris. Ils scandaient la libération des détenus politiques et leur refus des amendements apportés à la Constitution, en insistant sur le slogan « dawla madania machi askaria », « État civil, non militaire ».

47Une nouvelle ère est en train de s’écrire pour la diaspora algérienne. Cette dernière est davantage active, et de plus en plus déterminée à être un réel acteur de la nouvelle Algérie. Désormais, cette diaspora exige plus de considération et surtout un rôle sociopolitique plus important.

Notes

  • [1]
    Gabriel Sheffer, Diaspora politics, At home abroad, Cambridge, Cambridge University Press, 2003, p. 9-10.
  • [2]
    José Mvuezolo Bazonzi, « La diaspora africaine et l’identité biculturelle : enjeux et défis pour la réinvention de l’Afrique », Dakar, Afrique et développement, Vol. 41, n°2, 2016, p. 205.
  • [3]
    L’histoire de la diaspora algérienne remonte à la période coloniale, avec l’immigration en France de soldats et d’agriculteurs algériens. Vers la fin du XIXème siècle, elle s’est caractérisée par une immigration masculine et ouvrière. Durant la Première Guerre mondiale, des milliers de personnes avaient rejoint la France depuis ses colonies, appelées par la France pour renforcer l’armée française, et pour remplacer les travailleurs français mobilisés et envoyés au front. À la fin de la guerre, nombreux ont été les soldats maghrébins qui ont choisi de rester en France pour y travailler. Pour remercier ces soldats, en grande partie des Algériens, le gouvernement français de l’époque a construit pour eux la Grande Mosquée de Paris. Voir Salah Ferhi, « L’immigration Arabe dans le monde », in Les nouvelles figures de migrants en Espagne : parcours et stratégies dans le premier pays d’immigration européen, Paris, Migrations Société, 2009, p. 13-14.
  • [4]
    La première commence au début du XXème siècle jusqu’après la Seconde Guerre mondiale et s’est caractérisée par son aspect agricole, illettré et masculine. La deuxième vague commence dès 1948, et est devenue une immigration prolétarienne et de regroupement familial. La troisième vague commence avec l’indépendance de l’Algérie en 1962, et c’est accélérée jusqu’aux années 2000.
  • [5]
    Cité par Steven Loyal, “The French in Algeria, Algerians in France : Bourdieu, colonialism, and migration”, Thousand Oaks (Californie), The Sociological Review, Vol. 57, n° 3, 2009, p. 418.
  • [6]
    Séverine Labat, « Les binationaux franco- algériens : un nouveau rapport entre nationalité et territorialité », in Les « émergents » et les transformations de la gouvernance globale, Paris, Critique Internationale, 2012, p. 83.
  • [7]
    Gabriel Mas, « Histoire des migrations humaines », Montbrison, Cahiers de Village de Forez, 2018, p. 21.
  • [8]
    Séverine Labat, op. cit., p. 83-84.
  • [9]
    Selon l’AIDA, rien qu’en France, ils seraient plus de 5 millions. En Amérique du Nord, ils se situeraient entre 120 000 et 140 000 (110 000 au Canada, 30 000 aux États-Unis et 2 000 au Mexique). Voir Cherif Ali, « Dans la foulée des changements, un ministère pour la diaspora algérienne à l’étranger ! », Alger, El Watan, 10 septembre 2018.
  • [10]
    85 % d’émigrés algériens vivent en France, auxquels il faut ajouter 8 % vivant dans les autres pays européens. En 2009, le nombre d’émigrés résidant en Espagne était estimé à 56 201 individus, soit 6,3 % du total des effectifs d’Algériens établis à l’étranger. Dans les pays arabes, ils représentent 5 %, et seulement 2 % séjournent dans les pays d’Amérique du Nord. Voir Hocine Labdelaoui, « L’Algérie face à l’évolution de son émigration. En France et dans le monde », in France -Algérie, le temps du renouveau, Paris, Hommes & migrations, 2012, p. 32-33.
  • [11]
    Près des deux tiers des émigrés algériens au Canada (62 %) et plus de la moitié (53 %) aux États-Unis ont un niveau d’instruction supérieur. En Grande Bretagne également, la communauté algérienne émigrée compte plus de 42 % de diplômés supérieurs. Voir Rafik Bouklia-Hassane, « Migration pour le travail décent, la croissance économique et le développement : le cas de l’Algérie », Genève, Cahiers des migrations internationales, 2010, p. 30.
  • [12]
    Mariem Malouche, Sonia Plaza et Fanny Salsac, « Mobiliser la Diaspora de la région Moyen orient et Afrique du Nord pour promouvoir l’intégration économique et l’interprétariat », Washington, La Banque mondiale, 2016, p. 22.
  • [13]
    Comme par exemple, ACA (Association des Compétences Algériennes), Association algérienne de transfert de technologie, REAGE (Réseau des Algériens diplômés de Grandes Écoles et des Universités françaises), Coopération universitaire scientifique et technique, ANIMA (réseau méditerranéen pour l’investissement), etc.
  • [14]
    À titre d’exemple le fameux Conseil consultatif de l’immigration, souvent annoncé mais tant de fois différé puis remis dans les tiroirs, ou encore le Secrétariat d’État qui a été supprimé au bout d’une année d’existence seulement, et enfin un ministère délégué chargé de la Communauté nationale à l’étranger a d’abord été rattaché au cabinet du Premier ministre, puis au ministère délégué à la Coopération régionale, au sein du ministère des Affaires étrangères, puis au ministère de la Solidarité nationale, et enfin de nouveau attaché au cabinet du Premier ministre.
  • [15]
    Récemment l’association DARE (Diaspora des Algériens Résidant à l’Étranger) a saisi le président algérien Tebboune afin de lui demander de présenter une loi pour une meilleure représentativité des Algériens de l’étranger au Parlement de leur pays. Le nombre de députés n’a pas augmenté depuis 1977 où l’on comptait quatre députés. En 2020, il y’a toujours le même nombre de députés alors que la population franco-algérienne est estimée à 7 millions d’individus. Une règle de proportionnalité et de représentativité doit être appliquée. Voir Zeinab Filali, « Les 7 millions d’algériens de France en quête d’une meilleure représentativité parlementaire », Nouakchott/Dakar, Financial Afrik, 13 septembre 2020.
  • [16]
  • [17]
    Aziz Nafa, « Peut-on parler d’une diaspora Algérienne ? », in La libre circulation, des hommes, des écrits et des sens, Alger, Aleph, 2017, pp. 5 à 28.
  • [18]
    Anna Dibartolomeo, Thibaut Jaulin et Delphine Perrin, « CARIM – Profil Migratoire : Algérie », Florence, European University Institute, décembre 2010. Disponible : https://cadmus.eui.eu/bitstream/handle/1814/22434/MP%20FR%20Algeria%20with%20links.pdf?sequence=2
  • [19]
    À titre d’exemple : « Libérons l’Algérie », « Pour une Algérie nouvelle », « Jeunes engagés », « Pour une nouvelle Algérie », etc. La liste des rassemblements est longue et traduit l’effervescence populaire autour de ce mouvement.
  • [20]
    Une dizaine de groupes originaires de villes comme Washington, San Francisco, Ottawa, Montréal, Vienne, Bruxelles, Genève, Marseille et Lyon ont intégré la nouvelle organisation. Voir Samia Lokmane Khelil, « Ils veulent donner une plus grande visibilité à leurs actions, Les collectifs de la Diaspora Algerienne à l’étranger fusionnent », Alger, Liberté, 9 mai 2019
  • [21]
    Par exemple Dzayer 2.0, né à Paris le 30 mars 2019, est un groupe de réflexion et d’action qui regroupe plusieurs personnalités issues de l’émigration algérienne en France et dans d’autres pays. On pense aussi à Free Algeria qui est une fédération de collectifs d’Europe, des États-Unis et du Canada, qui continue à militer pour une réelle transition démocratique. Voir Samia Lokmane Khelil, « Naissance du collectif Dzayer 2.0 à paris », Alger, Liberté, 30 mars 2019 ; Samir Bendjafer, « Le rôle de la diaspora dans la transition en Algérie », Montréal, Radio Canada International, 20 janvier 2020.
  • [22]
    Dorothée Myriam Kellou, « La diaspora algérienne à l’épreuve de la mobilisation », Paris, Le Monde, 28 janvier 2020.
  • [23]
    Samir Ghezlawi, « Commémoration du premier anniversaire du Hirak en France. La diaspora marche pour le départ « effectif » du régime », Alger, El Watan, 18 février 2020.
  • [24]
    « Impressionnante marche de la diaspora à Bruxelles », Alger, Algérie 360, 1er décembre 2019.
  • [25]
    Farid Bouhatta, « La diaspora algérienne ou le second souffle du Hirak », Roubaix, Afrik, 8 juillet 2020.
  • [26]
    Le forum des compétences algériennes, créé en mars 2019, est un espace de rencontres et d’échanges entre les élites nationales et celles établies à l’étranger. Deux rencontres internationales à Alger ont été organisées et plus de 60 expatriés établis dans vingt pays y ont assisté et ont émis des pistes de réflexion ainsi que des propositions pour que la diaspora s’engage davantage. Voir Hamid Baala, « Le président Tebboune à la conquête de la diaspora », Paris, Jeune Afrique, 4 juillet 2020.
  • [27]
    Cette rencontre a abouti à la constitution de groupes de travail, qui ont pour taches de contacter les organisations internationales, l’organisation de conférences de presse, des rencontres, etc.
  • [28]
    C’est le cas de l’ONG Riposte internationale qui organise, le 15 septembre 2020, un sit-in à l’occasion de l’ouverture de sa session ordinaire d’automne, pour dénoncer la politique des deux poids deux mesures concernant les deux cas algérien et biélorusse.
  • [29]
    Soolking est un rappeur franco-algérien connu pour ses chansons du Hirak comme la liberté ; Raja Meziane est rappeuse algérienne accompagnant le Hirak avec ses chansons.
  • [30]
    Ali Ait Mouhoub, « Mostra de Valence « cinéma méditerranéen » : Le Hirak s’affiche », Alger, El Watan, 30 août 2020.
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