Couverture de COME_109

Article de revue

Les nouvelles routes de la soie au prisme des migrations : les visages de la présence chinoise au Maroc

Pages 77 à 90

Notes

  • [1]
    Carine Pina-Guerassimoff, La Chine et sa nouvelle diaspora : la mobilité au service de la puissance, Paris, Ellipse Éditions, 2012.
  • [2]
    Saïd Belguidoum et Olivier Pliez, « Construire une route de la soie entre l’Algérie et la Chine », in Diaspora, Histoire et sociétés, 2012.
    Olivier Pliez, « Toutes les routes (de la soie) mènent à Yiwu (Chine). Entrepreneurs et migrants musulmans dans un comptoir économique chinois », in Espace Géographique, 2010.
    Ben Simpfendorfer, La nouvelle route de la soie : comment le monde arabe délaisse l’Occident pour la Chine, Paris, Autrement, 2011.
  • [3]
    Ben Simpfendorfer, op. cit., p. 5.
  • [4]
    Saïd Belguidoum et Olivier Pliez, « Mondialisation discrète et réseaux transnationaux entre la Chine et l’Algérie : Construire une route de la soie par le bas », in Confluences Méditerranée, 2019.
  • [5]
    Carine Pina-Guerassimoff, op. cit., p. 38.
  • [6]
    Liste des accords sur les visas entre la Chine et les États étrangers, mise à jour le 24/12/2018. http://cs.mfa.gov.cn/zggmcg/cgqz/qzxx_660462/t833978.shtml
  • [7]
    La RPC applique la réciprocité des visas avec 13 pays (Emirats arabes Unis, Equateur, Fidji, Seychelles) et l’exemption des visas pour les ressortissants Chinois est adoptée par 15 pays dans le monde (Haiti, Jamaïque, Tunisie, Polynésie française, Iles Samoa)
  • [8]
    Propos rapporté par Thierry Pairault dans interview accordée au Point le 20/02/2018. https://bit.ly/2JFN40J
  • [9]
    Jean-Raphaël Chaponnière, « Nouvelles routes de la soie : où en est-on exactement ? », asialist.com, 19/12/2017. https://bit.ly/2JI47iE
  • [10]
    Annoncé pour 2019, la construction de la technopole n’a toujours pas débuté. En cause, le retrait du groupe Haite, partenaire initial chargé de la construction du site. Le projet a été relancé le 2 avril 2019 avec la reprise du groupe CCCC (China Construction Communication Compagny).
    Will Morocco’s Chinese-Funded ‘Tech City’ Ever Break Ground ?, npr.org, 3/10/2018. https://n.pr/2W9aNwQ
    Tanger Tech, le chinois CCCC s’engage dans le projet en remplacement du groupe Haite, leboursier.ma, 26/04.2019. https://bit.ly/2LTwygw
  • [11]
    Construire ensemble la Ceinture économique de la route de la soie et la route de la soie maritime du XXIe siècle – Perspectives et actions, Mars 2015, publié par le Commission nationale du Développement et de la Réforme, le Ministère des Affaires étrangères et le Ministère du Commerce. https://www.fmprc.gov.cn/fra/zxxx/t1251984.shtml
  • [12]
    Discours d’ouverture du président chinois Xi Jinping lors du Forum « Belt and Road pour la coopération internationale » en 2017. http://ma.china-embassy.org/fra/zt/CeintureetRoute/t1461430.htm
  • [13]
    L’estimation tient compte des voyages effectués par les Chinois de RPC, Hong-Kong, Macao et Taiwan.
  • [14]
    Chiffres de la COTRI (China OutboundTourismRessearch Institute) cités par Oliver Smith, The unstopable rise of the Chinese travellers – where are they going and what does it means for over tourism ?, The Telegraph, 11/04/2018. https://bit.ly/2ILTM1w
  • [15]
    Propos du secrétaire général de l’OMT Zurab Pololikashvili, 21/01/2019. https://bit. ly/2JMmbtw
  • [16]
    Cnuced, Le développement économique en Afrique Rapport 2017, New York et Genève, Nations Unies, 2017, p. 24.
  • [17]
    L’octroi de visas entrave la venue des Chinois au Maroc, Challenge, 22/09/2015. https://bit.ly/2LJKgT1
  • [18]
    Site officiel du Ministère du Tourisme, du Transport Aérien, de l’Artisanat et de l’Économie Sociale. https://bit.ly/2EicIW2
  • [19]
    Lynn Pan, Encyclopédie de la diaspora chinoise, Paris, Les Éditions du Pacifique, 2000, p. 58.
  • [20]
    Cette description ne tient pas compte de l’Afrique du Sud où la migration chinoise remonte au milieu du XIXe siècle.
    Emmanuel Ma Mung, La Diaspora Chinoise Géographie d’une Migration, Paris, Ophrys, 2000, p. 81.
  • [21]
    Yoon Jung Park et Anne Wilhelmi, « Résidents temporaires ou permanents ? Migration chinoise contemporaine en Afrique », in Les Temps Modernes, 2010.
  • [22]
    China Daily, rapportant les estimations publiées dans The Annual Report on Overseas Chinese Study de 2017. https://bit.ly/2wyyPWO
  • [23]
    Carine Pina-Guerassimoff, op. cit.
  • [24]
    Carine Pina-Guerassimoff, op. cit.
  • [25]
    Yoon Jung Park, « Les Chinois résidant temporairement en Afrique : les “séjourneurs” », in Hommes et Migrations, 2009.
  • [26]
    Alain Tarrius, La mondialisation par le bas : les nouveaux nomades de l’économie souterraine, Paris, Balland, 2002.
  • [27]
    Ibidem.
  • [28]
    Le chiffre de 1500 est donné par Mme XangLinglin, cheffe de la section politique pour l’ambassade de Chine au Maroc, rapportés dans le site lavieeco.com. Les estimations qui reviennent le plus souvent tournent autour des 2000 bien que certaines personnes interrogées évoquent le chiffre de 4000. https://bit.ly/2JGqtkz
  • [29]
    Le chiffre de 40 000 ressortissants chinois est évoqué par la conseillère politique de l’ambassade de Chine en Algérie Mme He Hongyan dans l’article en ligne de Noreddine Izouaouen, Leur nombre devrait baisser en 2015, près de 40 000 travailleurs chinois en Algérie, leconews.com, 7/01/2015. https://bit.ly/2WLPVce
  • [30]
    Nous estimons leur nombre inférieur à 1000 dans chaque des pays.
  • [31]
    Emmanuel Ma Mung, « Le prolétaire, le commerçant et la diaspora », in Revue Européenne Des Migrations Internationales, 2009.
  • [32]
    Farida Souiah, « L’Algérie made by China », in Méditerranée : revue géographique des pays méditerranéens, 2011.
  • [33]
    L’ouverture des Instituts Confucius au sein de l’Université Mohammed V de Rabat (2009), de l’Université Hassan II de Casablanca (2013) et plus récemment à Tanger et à Tétouan au sein de l’Université Abdelmayek Essaâdi (2017)
  • [34]
    Fathallah Oualalou, La Chine et nous : répondre au second dépassement, Casablanca, La Croisée des Chemins, p. 283.
  • [35]
    Carine Pina-Guerassimoff, op. cit., p. 210.
  • [36]
    Brigitte Bertoncello et Sylvie Bredeloup, « Chine-Afrique ou la valse des entrepreneurs-migrants », in Revue Européenne Des Migrations Internationales, 2009, p. 46.
    Jean-Pierre Taing, « Les migrations chinoises au Maroc : les commerçants séjourneurs de Casablanca », in Migrants au Maroc : Cosmopolitisme, présence d’étrangers et transformations sociales [en ligne], Rabat, Centre Jacques-Berque, 2015
  • [37]
    Au Maroc, les kissariat désignent traditionnellement des galeries marchandes qui regroupent des petites boutiques spécialisé autour de segments de marchés spécifiques.
  • [38]
    D’après les enquêtes de terrain et les entretiens réalisés entre 2014 et 2018
  • [39]
    Emmanuel Ma Mung, « Le prolétaire… », op. cit., p. 108.
  • [40]
    Si les premières migrations étaient directement de Chine, des reflux migratoires en provenance du Sénégal notamment ont constitué au départ une part importante des migrations marchandes au début des années 2000.
  • [41]
    Brigitte Bertoncello et Sylvie Bredeloup, op. cit., p. 54.
  • [42]
    Jean-Pierre Taing, op. cit.
  • [43]
    Saïd Belguidoum et Olivier Pliez, “Building a “Silk Road” : AView from Below of the Trans-regional Links Between Algeria and China”, in des Nahe Ostenund Nordafrika in transregionaler Perspektive, Nomos, 2018.
    Saïd Belguidoum et Olivier Pliez, « Mondialisation discrète… », op. cit.
  • [44]
    Armelle Choplin et Olivier Pliez, La mondialisation des pauvres : loin de Wall Street et de Davos, Paris, Le Seuil, 2018.
  • [45]
    Chine, province du Zhejiang,
  • [46]
    Il s’agit de deux quartiers marchands populaires situés dans le prolongement de Derb Omar le long du boulevard Mohammed VI.
  • [47]
    Entretien réalisé auprès d’un restaurateur chinois à Casablanca en mars 2018.
  • [48]
    En dehors de Casablanca, nous avons recensé une dizaine de restaurants tenus par des Chinois, à Rabat, Fès, Marrakech ou encore Ouarzazate.
  • [49]
    Entretien réalisé auprès d’un guide chinois à Casablanca en octobre 2018.

1 La visite d’État du Roi Mohammed VI à Pékin en mai 2016 constitue un moment charnière dans le développement des relations bilatérales sino-marocaines mais aussi des migrations chinoises au Maroc. La rencontre, qui donna lieu à la signature de conventions et mémorandums d’entente entre les deux pays, fut suivie du côté marocain par l’adoption d’une mesure à la portée hautement symbolique : l’abrogation du visa court séjour pour l’ensemble des Chinois désireux de se rendre au Maroc, leur permettant d’y séjourner pour une durée inférieure à 90 jours. Depuis son entrée en vigueur en juin 2016, les arrivées de ressortissants chinois enregistrées aux postes frontières n’ont cessé de croitre, passant de 7800 en 2015, à 43000 en 2016 pour franchir la barre des 100 000 en 2017 selon l’OTM (Observatoire du tourisme au Maroc). Dans une société où l’altérité chinoise était principalement représentée par la figure du commerçant et de l’expatrié, elle se recompose désormais avec celle du touriste mais également avec de nouveaux profils de migrants, plus mobiles et plus discrets, dont l’apparition brouille les catégories migratoires ordinairement admises.

2 Accompagnant l’ascension économique de la Chine sur la scène internationale, la mondialisation des flux migratoires chinois est révélatrice de la nouvelle stature du pays dans le monde comme en Afrique où leur développement est lié de près aux intérêts économiques de Pékin [1]. Sur sa façade méditerranéenne, la pénétration chinoise est désormais associée à son projet Yidai Yilu, l’Initiative de la Belt and Road (BRI), lancée en 2013 par le président Xi Jinping dont l’ambition est de bâtir les « Nouvelles routes de la soie » en construisant « la Ceinture économique de la route de la soie » et « la route de la soie maritime du XXIe siècle ». Mais l’expression de la nouvelle route de la soie est également employée depuis une dizaine d’années dans la recherche pour désigner l’émergence de réseaux associés au commerce transnational dont les ramifications relient potentiellement l’ensemble des places marchandes dans le monde [2]. Ces travaux, qui s’intéressent en particulier aux connexions entre le monde arabe et la Chine, mettent en lumière le rôle des entrepreneurs-migrants dans la construction de cette nouvelle route de la soie dont la vitalité « ne dépend ni des gouvernements ni des entreprises, mais des individus »[3]. Que leur construction soit décidée par le haut ou qu’elles émergent du bas [4], leur expansion participe simultanément au redéploiement et à la diversification des flux migratoires chinois dans le monde.

3 Le présent article propose d’aborder la dimension migratoire de ces nouvelles routes de la soie « chinoises » en mettant en évidence le rôle de la Chine dans la mondialisation des migrations internationales chinoises contemporaines. Pour cela, nous focaliserons notre attention sur le Maroc, cas exemplaire où le rapprochement opéré avec Chine a eu un impact significatif sur l’essor des mobilités chinoises dans un pays où la présence humaine chinoise y était considérée comme très limitée. Nous reviendrons dans un premier temps sur l’importance accordée par la Chine au développement des mobilités internationales chinoises, symbolisé par l’accroissement du nombre de touristes chinois dans le monde. Dans un deuxième temps, nous présenterons les profils qui composent la population chinoise au Maroc en portant notre attention sur Casablanca et le quartier de Derb Omar, lieu d’ancrage des migrations marchandes dans le pays et comptoir économique au cœur du dispositif de la « discrète » route de la soie au Maroc. Enfin, nous évoquerons les nouvelles opportunités générées par la suppression des visas et l’essor du tourisme chinois au Maroc qui entrainent la venue de nouveaux profils de migrants dans le pays.

Les mobilités internationales encouragées

4 Depuis le début des années 2000 et son adhésion à l’OMC en 2001, la Chine encourage de façon plus ouverte et active la mobilité internationale de ses ressortissants en valorisant l’image de la migration à l’international ou en faisant pression sur les pays étrangers afin de faciliter leur circulation [5]. Cette démarche se traduit notamment par l’adoption par les États partenaires de dispositions administratives allant de la simplification des procédures d’obtention des visas à leur exemption, bien qu’une majorité d’entre elles concernent uniquement des catégories spécifiques (diplomates). D’après le site du ministère des Affaires étrangères chinois [6], fin 2018, 144 pays appliquaient des mesures destinées à faciliter la circulation des Chinois, et sur les 179 dispositions listées, 109 ont été adoptées après 2010. En 2016, le Maroc est ainsi devenu le premier pays africain à supprimer les visas aux citoyens de RPC, faisant aujourd’hui partie de la liste très fermée des 28 destinations dans le monde qui leur sont ouvertes, une liste qui était jusqu’alors principalement composée de petits pays et d’archipels [7].

5 La multiplication des accords en faveur de la libre circulation des Chinois témoigne de l’influence grandissante de la Chine dans le monde à laquelle participe l’institution de la BRI. L’adhésion du Maroc en 2017, « premier pays arabe du nord-ouest de l’Afrique »[8] à rejoindre l’initiative, suivie par l’Algérie en 2018, confirme l’expansion géographique de la route maritime dont le tracé traverse désormais la rive sud de la Méditerranée. Depuis, la référence à l’Initiative de « la Ceinture et la Route » est devenue quasi-systématique lorsqu’il s’agit d’évoquer la coopération sino-marocaine. Si quelques projets symboliques viennent matérialiser son inclusion comme la ligne de train à grande vitesse Tanger-Casablanca labellisé « route de la soie »[9], d’autres témoignent aussi de la lenteur de sa mise en œuvre à l’image du Technopole Mohammed VI dont la construction rencontre un certain nombre d’obstacles depuis son annonce en 2016 [10]. Toutefois, ses effets sont déjà visibles au niveau des échanges culturels et humains comme l’atteste la progression remarquée du tourisme chinois au Maroc.

6 La dimension humaine des échanges fait partie de la « compréhension mutuelle des peuples », l’un des 5 volets prioritaires de la BRI [11]. Dans son discours d’inauguration du Forum « Belt and Road pour la coopération internationale » en 2017, le président chinois se félicitait ainsi du bon développement des connectivités « people-people » observées depuis le lancement du projet [12]. L’essor des flux de touristes chinois le long de la BRI n’est donc pas anodin, l’émergence de cette dernière contribuant à la création de nouvelles destinations touristiques. En 2017, les voyages des Chinois [13] à l’étranger ont dépassé les 143 millions [14] alors qu’ils atteignaient seulement les 10 millions en 2000 et 4 millions en 1993 selon la CTA (China Tourism Academy). Cette même année, 27 millions d’entre eux ont voyagé dans les pays de la Belt and Road, ce qui représente une augmentation de plus de 77 % par rapport à l’année 2013.

7 Pour les pays receveurs, le tourisme est perçu comme « un des moteurs les plus puissants de la croissance économique et du développement »[15]. Il occupe d’ailleurs une part importante de l’économie marocaine, contribuant à 18,4 % du PIB réel sur la période de 2011-2014 [16]. Au Maroc, la conquête du marché chinois, qui occupait une place marginale en raison des difficultés d’obtention des visas d’entrée marocains [17], s’inscrit dans la stratégie de développement touristique intitulée « Vision 2020 » dont l’ambition est de faire du pays l’une des « 20 plus grandes destinations mondiales à horizon 2020 »[18]. Les flux de touristes chinois vers le Maroc tendent à se pérenniser dans le temps grâce à la multiplication d’évènements ayant pour but de valoriser la destination marocaine auprès du public chinois ou aux pourparlers en vue de l’établissement d’une ligne aérienne directe entre les deux pays.

Profils des séjourneurs au Maroc

8 Très limitées avant les années 1970, l’émigration chinoise en provenance de la Chine continentale a connu un véritable essor depuis la fin des années 1970 du fait des changements économiques de la Chine et de la mondialisation [19]. Ces deux dernières décennies, l’Afrique est devenue un espace d’observation privilégié de l’évolution des migrations chinoises contemporaines. D’une présence qualifiée de « très faible et très atomisée »[20] au début des années 2000, leur nombre n’a depuis cessé de croitre, estimé entre 580000 et 800000 en 2009 [21] et à 1,2 million en 2017 [22], bien que ces chiffres soient à relativiser rapportés aux 50 millions de Chinois d’outre-mer dans le monde [23].

9 La rive sud de la Méditerranée fait partie des régions émergentes nouvellement touchées par les flux migratoires chinois, comme au Maroc et en Algérie où leur apparition fait parler depuis le début des années 2000. Ces circulations renvoient essentiellement à deux dynamiques distinctes : la première institutionnalisée, composée d’expatriés, de contractuels et de coopérants [24] qui s’inscrivent dans le cadre de la coopération bilatérale et de la présence économique chinoise ; la seconde symbolisée par les migrations marchandes dont les flux se matérialisent dans les « quartiers chinois » apparus à Alger et à Casablanca. Qu’ils soient rattachés à des entreprises ou indépendants, ces migrants chinois présentent des caractéristiques de « séjourneurs » [25], un terme employé par Park pour désigner les Chinois en Afrique qui fait écho à celui du « circulant » [26] de Tarrius, du fait qu’ils perçoivent leur présence sur le continent comme temporaire, une étape pour gagner de l’argent avant de retourner au pays. Les faibles attaches qu’ils possèdent avec le lieu d’accueil rendent plus facile leur transposition vers d’autres lieux [27].

10 Néanmoins, malgré la proximité géographique entre les deux pays, on note des écarts numériques importants : entre 1500 à 3000 Chinois sont évoqués au Maroc [28] contre 40 000 du côté algérien en 2015 [29]. Si le nombre de commerçants installés dans les deux pays est comparable [30], en Algérie, la population chinoise est en quasi-totalité composée de contractuels [31], un chiffre gonflé par la venue de milliers d’ouvriers chinois travaillant pour le compte des entreprises de construction chinoises qui opèrent dans le pays [32]. Dès lors, face aux différences de la présence économique chinoise, des conditions d’entrée sur le territoire et à la diversification des profils des migrants, les chiffres et les statistiques officielles se révèlent insuffisants pour rendre compte de la réalité du paysage migratoire chinois et légitiment l’approche empirique adoptée dans cette recherche. Les enquêtes de terrains réalisées depuis 2014 nous permettent de présenter les différents groupes de migrants qui composent la population chinoise au Maroc.

Une présence limitée des coopérants et détachés

11 Quasiment inexistantes avant les années 1970, les premiers flux identifiés de Chinois à destination du Maroc s’inscrivent dans le sillage de la coopération bilatérale sino-marocaine, dont les racines, politiques et idéologiques, remontent à la période maoïste et à sa politique d’aide à l’égard des pays du sud. Depuis 1976, pas moins de 160 équipes médicales chinoises se sont rendues au Maroc, impliquant au total plus de 1700 médecins volontaires. Si la mise en place de ces programmes d’aide perdure toujours, leur venue relève plus d’une dimension symbolique qu’elle n’implique de flux humains significatifs. Au cours des années 2000, le contingent de coopérants chinois se diversifie avec l’élargissement de la coopération bilatérale visible notamment dans le domaine culturel. Des projets bilatéraux tels que l’ouverture du centre culturel chinois à Rabat en 2018 voient le jour. Le pays compte aussi trois Instituts Confucius [33] dont le fonctionnement entraine la venue de professeurs et de volontaires issus des établissements universitaires chinois associés. Le développement de la coopération dans l’enseignement supérieur favorise les mobilités étudiantes de part et d’autre. Elles se caractérisent par la venue d’un nombre croissant d’étudiants chinois, comme à Settat où l’Université Hassan II qui accueille une soixantaine d’étudiants arabisants et, réciproquement, par l’augmentation du nombre d’étudiants marocains se rendant en Chine grâce aux bourses d’études proposées par les instituts et les universités chinoises ou aux voyages annuels organisés par les Instituts Confucius.

12 Malgré le faible investissement économique de la Chine au Maroc, l’installation d’entreprises chinoises dans les années 2000 a entrainé l’établissement de migrations contractuelles. Elles sont principalement jeunes et masculines, composées de détachés qualifiés (techniciens, ingénieurs, traducteurs) travaillant au sein des grands groupes chinois spécialisées dans le secteur de la télécommunication (Huawei, ZTE), l’énergie, l’équipement de base ou encore la pêche maritime [34]. En général, leur arrivée est entièrement prise en charge par les entreprises elles-mêmes qui leur fournissent logements (partagés avec d’autres employés) et services de restauration associés. Bien que l’on remarque une visibilité accrue des familles, leur présence dans le pays est temporaire. Le Maroc comme l’Afrique sont considérés comme des étapes pour valoriser leur carrière professionnelle [35] ou comme des passages rendus obligatoires par les entreprises pour accéder à des destinations plus prisées comme l’Europe.

Le Derb Omar, comptoir des migrations marchandes à Casablanca

13 Le 11 février 2018, le Derb Omar, dont le nom est associé au quartier chinois de la ville depuis 2003 [36], accueillait le premier défilé du Nouvel An chinois au Maroc. La manifestation culturelle, qui rassemblait la communauté chinoise de Casablanca et les représentants des deux pays, se déroula sur le boulevard El Meskini, au niveau du restaurant chinois Yammy Food. L’organisation d’un tel évènement eut comme effet de faire apparaitre aux yeux du monde le Derb Omar comme un véritable Chinatown dont le folklore n’avait rien à envier aux célébrations annuelles organisées par les communautés chinoises d’outre-mer de la diaspora.

14 Pourtant, la manifestation passée, la sinisation du Derb Omar est loin d’être évidente dans le paysage urbain. D’ailleurs, peu de changements ont été constatés depuis nos premières enquêtes en 2014. Hormis un léger redéploiement des activités chinoises le long de la rue Barathon, le dispositif commercial des Chinois est resté identique. On recense moins d’une centaine de points de vente, pour l’essentiel localisés autour de la place de la Victoire et sur les rues adjacentes, à la marge des activités historiques du Derb qui se concentrent autour de l’artère principale allant du boulevard de Strasbourg à la Place du 20 août. La majorité d’entre eux se concentrent dans deux kissariat[37] qui abritent exclusivement des grossistes et demi-grossistes chinois spécialisés dans la vente de produits de maroquinerie, d’habillement pour enfant, de linge de maison et de luminaire, importés de Chine. Les marchandises sont stockées en périphérie de la ville pour réduire les coûts d’entreposage tandis que les habitations se trouvent à proximité directe des activités économiques, autour de la gare de Casa Voyageur en direction du Mers Sultan.

15 Les entretiens réalisés avec les commerçants présents sur place nous permettent de dresser un panorama des provinces d’origines représentées dans le quartier. La grande majorité des Chinois sont originaires des provinces du Fujian et du Zhejiang, deux des foyers historiques de l’émigration chinoise dans le monde. On retrouve ensuite, plus ponctuellement, des familles originaires du Hebei, du Shandong, du Henan, ou encore du Sichuan [38], une diversité qui témoigne de l’élargissement des origines des migrations internationales chinoises [39] et des brassages résultant des transmigrations entre les différents pôles [40]. Leur nombre, que nous estimons à 500 environ, est resté stable depuis nos premières enquêtes en 2014. Différentes raisons permettent d’expliquer cette stabilité numérique : une saturation du marché de ce type de produits liée à la forte concurrence d’une part entre les entrepreneurs chinois et d’autre part avec les commerçants locaux ; la complexité de la réglementation de l’importation de marchandises venues de Chine et des conditions de séjour de longue durée des Chinois dans le pays à certaines périodes [41] ; une organisation économique qui repose avant tout sur la famille et les proches [42] nécessitant peu de besoins humains et une main-d’œuvre essentiellement recrutée sur le marché local.

16 Leur ancrage dans la place emblématique du commerce de gros du pays atteste des liens forts qui unissent ces migrations chinoises au commerce transnational. Le Derb Omar, reconnu pour le commerce de tissus, d’équipements ménagers, des épices ou encore des pièces automobiles, se présente comme un lieu d’entreposage et de redistribution des marchandises sur l’ensemble du pays. La majorité des produits importés qui transitent par le Derb sont originaires de Chine mais les sources d’approvisionnement sont diverses et se font aussi bien depuis l’Europe, la Turquie et Dubaï. Les circuits d’acheminement passent par la Mauritanie ou l’enclave espagnole de Melilla. Ainsi, à l’image de la place occupée par les villes d’El Eulma et Aïn Fakroun en Algérie, le Derb Omar se situe au cœur de routes transnationales, transrégionales et nationales raccordées au faisceau des nouvelles routes de la soie du commerce transnational [43]. S’il convient de relativiser l’importance des commerçants chinois dans les activités marchandes du quartier, ces derniers participent néanmoins au développement des ramifications entre le Maroc, la Chine et les autres « comptoirs » chinois à travers le monde et reflètent la diversité des acteurs d’une mondialisation discrète [44] dans laquelle le Maroc est pleinement intégrée.

Le tourisme chinois au cœur des nouvelles opportunités migratoires

17 Si l’ouverture des frontières aux Chinois a eu un impact très limité sur ce dispositif commercial, nos enquêtes de terrain ont permis de mettre en lumière la diversification des profils de Chinois gravitant autour de ce quartier. On constate en premier lieu la visibilité accrue de proches venus de Chine, certains en profitant pour prospecter à leur tour le marché marocain en vue d’une possible installation. Nous avons aussi observé une hausse visible du nombre de commerciaux, d’entrepreneurs ou d’hommes d’affaires, souvent accompagnés de partenaires ou de traducteurs locaux, venus démarcher auprès des commerçants locaux ou chinois et prospecter le marché marocain tout en visitant le pays. Ainsi, nous avons rencontré un commerçant originaire de la ville d’Yiwu [45] qui fait fonctionner son activité transnationale en circulant de façon régulière entre différents pays où les conditions d’entrée sont moins strictes (Dubaï, Pakistan, Maroc) pour chercher de nouveaux clients et assurer la distribution de ses marchandises. Au Maroc, il dispose d’un appartement à Derb Omar qu’il loue à un commerçant chinois installé sur place et d’un entrepôt qui lui permet d’assurer le stockage et la livraison de la marchandise qu’il importe.

18 De nouveaux profils ont également fait leur apparition, à l’image des marchands ambulants, originaires de la province du Fujian, qui déambulent dans les cafés et les places fréquentées de Casablanca (autour de la place des Nations-Unis) ou dans d’autres villes du pays (Marrakech, Rabat). Colportant essentiellement de petits accessoires (téléphonie mobile, lunettes de soleil, montres), ils se fournissent dans des lieux d’approvisionnement spécialisés à cet effet comme Garage Hallal et Derb Sultan [46] et dans une moindre mesure Derb Omar. À noter aussi l’émergence en marge de nouveaux phénomènes comme celle de services chinois « spécialisés » (massage, prostitution) ou de pratiques telles que des vols organisés par des groupes chinois ciblant spécifiquement la population chinoise [47].

19 Toutefois les transformations les plus visibles sont directement liées à l’accroissement des mobilités touristiques chinoises qui ont atteint 100000 visites en 2017. Si ces dernières ont une répercussion positive sur l’économie locale, elles participent simultanément à la prolifération des services ethniques à Casablanca. Ville la plus fréquentée des touristes chinois selon l’OTM, notre dernière enquête conduite en 2018 nous a permis de recenser pas moins de 12 restaurants chinois à Casablanca contre 4 seulement en 2014. La plupart ont été ouverts par d’anciens commerçants de Derb Omar qui ont profité de l’essor du nombre de ressortissants chinois installés et de passage à Casablanca pour investir le créneau et diversifier leurs activités. Les établissements les plus récents, situés dans des quartiers plus huppés ou près de grandes artères, sont associés à des agences de voyages chinoises locales et ciblent clairement les groupes de touristes. Leur multiplication, directement liée à l’accroissement des flux touristiques, entraine une hausse des activités des fournisseurs chinois en produits alimentaires ethniques déjà présents à Casablanca qui livrent les restaurants chinois [48] et les services de restauration privés rattachés aux entreprises chinoises de tout le pays.

20 Le tourisme chinois se présente comme le secteur d’activité le plus dynamique et le plus porteur d’emplois auprès des aspirants migrants. Si les entrepreneurs chinois s’appuient en premier lieu sur marché du travail local (serveur, chauffeurs, manutentionnaires), ils se tournent vers le marché chinois pour recruter des profils aux compétences spécifiques (cuisiniers, vendeuses dans les commerces chinois, employées dans les agences de voyages). L’activité dont l’impact est le plus visible sur les migrations chinoises est celle de guide touristique. Alors qu’ils étaient moins d’une dizaine dans les années 2010 [49], ils seraient aujourd’hui plus de 300 à proposer leurs services aux agences de voyages chinoises de Casablanca. La législation marocaine imposant la possession d’une carte de guide que les Chinois ne peuvent pour le moment obtenir, ils opèrent en tant que traducteurs pour des salaires variant entre 1000 et 1500 dirhams par jour, dans des circuits touristiques de plusieurs jours organisés au Maroc et parfois à cheval avec la Tunisie. Ces nouvelles opportunités attirent des Chinois du monde entier, venus de Chine principalement, mais aussi d’Asie du sud-est, d’Europe ou d’autres pays arabes. Leurs profils sont assez variés et regroupent des professionnels du métier, des étudiants francophones ou arabophones et dans une moindre mesure d’anciens commerçants et des Chinois installés au Maroc. Les besoins saisonniers et fluctuants de l’activité touristique contribuent à la circulation internationale de ces acteurs qui ne résident pas tous sur place. C’est le cas notamment d’étudiants chinois se rendant au Maroc pour travailler quelques semaines durant leurs vacances scolaires ou des périodes de fortes fréquentation touristiques (nouvel an, fête nationale chinoise) avant de regagner le pays où ils étudient.

Conclusion

21 L’évolution du paysage migratoire chinois au Maroc est un exemple qui illustre l’influence de la Chine sur les dynamiques contemporaines des migrations internationales chinoises. Bien que les répercussions demandent à être étudiées sur le temps long, la suppression des visas court-séjour pour les ressortissants chinois, adoptée dans une phase de rapprochement entre les deux pays, a immédiatement été suivie d’une hausse spectaculaire du nombre de visiteurs chinois au Maroc. Apparues à Casablanca au début des années 2000, la migration chinoise dans le pays était principalement symbolisée par l’installation de commerçants chinois à Casablanca, dans le quartier de Derb Omar, lieu historique du commerce de gros dans le pays, devenu au fil du temps le quartier chinois de la métropole et un pôle dans la géographie des migrations chinoises en Afrique. Si la suppression des visas a eu des répercussions limitées sur le fonctionnement des activités marchandes de ces entrepreneurs-migrants, elle a surtout favorisé le développement des services liés au tourisme chinois, en atteste la multiplication d’agences de voyages et de restaurants chinois mais aussi la diversification des profils de migrants présents au Maroc, des guides touristiques aux vendeurs chinois.

22 Ainsi, la mondialisation des migrations internationales chinoises contemporaines constitue une des facettes de l’émergence de la Chine sur la scène internationale. Tandis que les comptoirs chinois apparus dans les années 1990-2000 en Afrique témoignaient de la relation étroite qui liaient ces migrations marchandes au commerce transnational, acteurs d’une mondialisation qui avait discrètement gagné l’Afrique, la hausse actuelle des circulations et des mobilités chinoises à travers le monde et la diversification des profils de migrants mettent en lumière l’influence grandissante du pays dans l’évolution spatiale de la diaspora à laquelle participent l’expansion mondiale des nouvelles routes de la soie.


Date de mise en ligne : 23/07/2019.

https://doi.org/10.3917/come.109.0077

Notes

  • [1]
    Carine Pina-Guerassimoff, La Chine et sa nouvelle diaspora : la mobilité au service de la puissance, Paris, Ellipse Éditions, 2012.
  • [2]
    Saïd Belguidoum et Olivier Pliez, « Construire une route de la soie entre l’Algérie et la Chine », in Diaspora, Histoire et sociétés, 2012.
    Olivier Pliez, « Toutes les routes (de la soie) mènent à Yiwu (Chine). Entrepreneurs et migrants musulmans dans un comptoir économique chinois », in Espace Géographique, 2010.
    Ben Simpfendorfer, La nouvelle route de la soie : comment le monde arabe délaisse l’Occident pour la Chine, Paris, Autrement, 2011.
  • [3]
    Ben Simpfendorfer, op. cit., p. 5.
  • [4]
    Saïd Belguidoum et Olivier Pliez, « Mondialisation discrète et réseaux transnationaux entre la Chine et l’Algérie : Construire une route de la soie par le bas », in Confluences Méditerranée, 2019.
  • [5]
    Carine Pina-Guerassimoff, op. cit., p. 38.
  • [6]
    Liste des accords sur les visas entre la Chine et les États étrangers, mise à jour le 24/12/2018. http://cs.mfa.gov.cn/zggmcg/cgqz/qzxx_660462/t833978.shtml
  • [7]
    La RPC applique la réciprocité des visas avec 13 pays (Emirats arabes Unis, Equateur, Fidji, Seychelles) et l’exemption des visas pour les ressortissants Chinois est adoptée par 15 pays dans le monde (Haiti, Jamaïque, Tunisie, Polynésie française, Iles Samoa)
  • [8]
    Propos rapporté par Thierry Pairault dans interview accordée au Point le 20/02/2018. https://bit.ly/2JFN40J
  • [9]
    Jean-Raphaël Chaponnière, « Nouvelles routes de la soie : où en est-on exactement ? », asialist.com, 19/12/2017. https://bit.ly/2JI47iE
  • [10]
    Annoncé pour 2019, la construction de la technopole n’a toujours pas débuté. En cause, le retrait du groupe Haite, partenaire initial chargé de la construction du site. Le projet a été relancé le 2 avril 2019 avec la reprise du groupe CCCC (China Construction Communication Compagny).
    Will Morocco’s Chinese-Funded ‘Tech City’ Ever Break Ground ?, npr.org, 3/10/2018. https://n.pr/2W9aNwQ
    Tanger Tech, le chinois CCCC s’engage dans le projet en remplacement du groupe Haite, leboursier.ma, 26/04.2019. https://bit.ly/2LTwygw
  • [11]
    Construire ensemble la Ceinture économique de la route de la soie et la route de la soie maritime du XXIe siècle – Perspectives et actions, Mars 2015, publié par le Commission nationale du Développement et de la Réforme, le Ministère des Affaires étrangères et le Ministère du Commerce. https://www.fmprc.gov.cn/fra/zxxx/t1251984.shtml
  • [12]
    Discours d’ouverture du président chinois Xi Jinping lors du Forum « Belt and Road pour la coopération internationale » en 2017. http://ma.china-embassy.org/fra/zt/CeintureetRoute/t1461430.htm
  • [13]
    L’estimation tient compte des voyages effectués par les Chinois de RPC, Hong-Kong, Macao et Taiwan.
  • [14]
    Chiffres de la COTRI (China OutboundTourismRessearch Institute) cités par Oliver Smith, The unstopable rise of the Chinese travellers – where are they going and what does it means for over tourism ?, The Telegraph, 11/04/2018. https://bit.ly/2ILTM1w
  • [15]
    Propos du secrétaire général de l’OMT Zurab Pololikashvili, 21/01/2019. https://bit. ly/2JMmbtw
  • [16]
    Cnuced, Le développement économique en Afrique Rapport 2017, New York et Genève, Nations Unies, 2017, p. 24.
  • [17]
    L’octroi de visas entrave la venue des Chinois au Maroc, Challenge, 22/09/2015. https://bit.ly/2LJKgT1
  • [18]
    Site officiel du Ministère du Tourisme, du Transport Aérien, de l’Artisanat et de l’Économie Sociale. https://bit.ly/2EicIW2
  • [19]
    Lynn Pan, Encyclopédie de la diaspora chinoise, Paris, Les Éditions du Pacifique, 2000, p. 58.
  • [20]
    Cette description ne tient pas compte de l’Afrique du Sud où la migration chinoise remonte au milieu du XIXe siècle.
    Emmanuel Ma Mung, La Diaspora Chinoise Géographie d’une Migration, Paris, Ophrys, 2000, p. 81.
  • [21]
    Yoon Jung Park et Anne Wilhelmi, « Résidents temporaires ou permanents ? Migration chinoise contemporaine en Afrique », in Les Temps Modernes, 2010.
  • [22]
    China Daily, rapportant les estimations publiées dans The Annual Report on Overseas Chinese Study de 2017. https://bit.ly/2wyyPWO
  • [23]
    Carine Pina-Guerassimoff, op. cit.
  • [24]
    Carine Pina-Guerassimoff, op. cit.
  • [25]
    Yoon Jung Park, « Les Chinois résidant temporairement en Afrique : les “séjourneurs” », in Hommes et Migrations, 2009.
  • [26]
    Alain Tarrius, La mondialisation par le bas : les nouveaux nomades de l’économie souterraine, Paris, Balland, 2002.
  • [27]
    Ibidem.
  • [28]
    Le chiffre de 1500 est donné par Mme XangLinglin, cheffe de la section politique pour l’ambassade de Chine au Maroc, rapportés dans le site lavieeco.com. Les estimations qui reviennent le plus souvent tournent autour des 2000 bien que certaines personnes interrogées évoquent le chiffre de 4000. https://bit.ly/2JGqtkz
  • [29]
    Le chiffre de 40 000 ressortissants chinois est évoqué par la conseillère politique de l’ambassade de Chine en Algérie Mme He Hongyan dans l’article en ligne de Noreddine Izouaouen, Leur nombre devrait baisser en 2015, près de 40 000 travailleurs chinois en Algérie, leconews.com, 7/01/2015. https://bit.ly/2WLPVce
  • [30]
    Nous estimons leur nombre inférieur à 1000 dans chaque des pays.
  • [31]
    Emmanuel Ma Mung, « Le prolétaire, le commerçant et la diaspora », in Revue Européenne Des Migrations Internationales, 2009.
  • [32]
    Farida Souiah, « L’Algérie made by China », in Méditerranée : revue géographique des pays méditerranéens, 2011.
  • [33]
    L’ouverture des Instituts Confucius au sein de l’Université Mohammed V de Rabat (2009), de l’Université Hassan II de Casablanca (2013) et plus récemment à Tanger et à Tétouan au sein de l’Université Abdelmayek Essaâdi (2017)
  • [34]
    Fathallah Oualalou, La Chine et nous : répondre au second dépassement, Casablanca, La Croisée des Chemins, p. 283.
  • [35]
    Carine Pina-Guerassimoff, op. cit., p. 210.
  • [36]
    Brigitte Bertoncello et Sylvie Bredeloup, « Chine-Afrique ou la valse des entrepreneurs-migrants », in Revue Européenne Des Migrations Internationales, 2009, p. 46.
    Jean-Pierre Taing, « Les migrations chinoises au Maroc : les commerçants séjourneurs de Casablanca », in Migrants au Maroc : Cosmopolitisme, présence d’étrangers et transformations sociales [en ligne], Rabat, Centre Jacques-Berque, 2015
  • [37]
    Au Maroc, les kissariat désignent traditionnellement des galeries marchandes qui regroupent des petites boutiques spécialisé autour de segments de marchés spécifiques.
  • [38]
    D’après les enquêtes de terrain et les entretiens réalisés entre 2014 et 2018
  • [39]
    Emmanuel Ma Mung, « Le prolétaire… », op. cit., p. 108.
  • [40]
    Si les premières migrations étaient directement de Chine, des reflux migratoires en provenance du Sénégal notamment ont constitué au départ une part importante des migrations marchandes au début des années 2000.
  • [41]
    Brigitte Bertoncello et Sylvie Bredeloup, op. cit., p. 54.
  • [42]
    Jean-Pierre Taing, op. cit.
  • [43]
    Saïd Belguidoum et Olivier Pliez, “Building a “Silk Road” : AView from Below of the Trans-regional Links Between Algeria and China”, in des Nahe Ostenund Nordafrika in transregionaler Perspektive, Nomos, 2018.
    Saïd Belguidoum et Olivier Pliez, « Mondialisation discrète… », op. cit.
  • [44]
    Armelle Choplin et Olivier Pliez, La mondialisation des pauvres : loin de Wall Street et de Davos, Paris, Le Seuil, 2018.
  • [45]
    Chine, province du Zhejiang,
  • [46]
    Il s’agit de deux quartiers marchands populaires situés dans le prolongement de Derb Omar le long du boulevard Mohammed VI.
  • [47]
    Entretien réalisé auprès d’un restaurateur chinois à Casablanca en mars 2018.
  • [48]
    En dehors de Casablanca, nous avons recensé une dizaine de restaurants tenus par des Chinois, à Rabat, Fès, Marrakech ou encore Ouarzazate.
  • [49]
    Entretien réalisé auprès d’un guide chinois à Casablanca en octobre 2018.
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