Notes
-
[1]
Chiffre communiqué à la presse par le syndicat des médecins soudanais.
-
[2]
Sur l’impossibilité d’appréhender et d’expliquer les mobilisations dans des contextes d’intense répression par un certain nombre de théories des mobilisations, comme la théorie des choix rationnels, du choc émotionnel ou de la mobilisation des ressources, voir Adam Baczko, Gilles Dorronsoro, Arthur Quesnay, « Mobilisations par délibérations et crises polarisantes. Les protestations pacifiques en Syrie (2011) », Revue française de science politique, 2013, 63/5.
-
[3]
National Congress Party (au pouvoir), Popular Congress Party d’Hassan Al Tourabi (opposition modérée), etc.
-
[4]
Le Soudan était dominé lors des rares périodes électives par les deux grands partis confrériques : le Oumma Party de la famille Al Mahdi, adossé à la confrérie des Ansar, et le Democratic Unionist Party, mené par la famille Al Mirghani, adossé à la confrérie de la Khatmiyya.
-
[5]
Le Parti communiste soudanais, le Sudanese Congress Party, les différents partis Ba‘th, nassérien, socialiste, etc.
-
[6]
Barbara Casciarri, Munzoul Assal et François Ireton (dir.), Multidimensional Change in Sudan (1989-2011). Reshaping Livelihoods, Conflicts and Identities, Oxford / New York, Berghahn Books, 2015.
-
[7]
Sur le concept de cycle de protestation voir Sidney Tarrow, Democracy and Disorder, Protest and politics in Italy 1965-1975, Clarenton Press, Oxford, 1989. Sur les limites de ce concept voir entre autres Hélène Combes et Olivier Fillieule, « De la répression considérée dans ses rapports à l’activité protestataire. Modèles structuraux et interactions stratégiques », Revue française de science politique, 2011, 61/6.
-
[8]
Connu en arabe sous le nom d’al-Taghyir al’an, « le changement maintenant ». Ce mouvement utilise de manière indifférenciée son nom en arabe et en anglais.
-
[9]
Sur la notion de répertoire d’actions et ses limites, voir entre autres Charles Tilly, « Les origines du répertoire de l’action collective contemporaine en France et en Grande-Bretagne », Vingtième siècle. Revue d’Histoire, 1984, 4 ; Michel Offerlé, « Retour critique sur les répertoires de l’action collective (XVIIIe-XXIe siècles) », Politix, 2008, 81.
-
[10]
Marie-Emmanuelle Pommerolle « Routines autoritaires et innovations militantes. Le cas d’un mouvement étudiant au Cameroun », Politique africaine, 2007, 108.
-
[11]
Ces vendredis ont, non sans humour, été nommés les « Sandstorm Friday » en référence aux tempêtes de sable (haboub) courantes au Soudan ou les « Lick your elbow Friday » en réponse à l’un des cadres du régime soudanais, Nafie Ali Nafie, qui a déclaré suite aux premières manifestations qu’il était aussi impossible de faire tomber le régime que de lécher son coude.
-
[12]
Lors des manifestations de 2012 un certain nombre de manifestations à Omdurman étaient encadrées par des militants de Girifna pour gérer divers aspects : rendez-vous, parcours, soutien logistique pour les blessés et pour bloquer les rues, etc.
-
[13]
Cette campagne essayait de provoquer des manifestations par un travail de propagande intense dans un certain nombre de quartiers présélectionnés.
-
[14]
Ces partis « enregistrés » subissent une pression importante. Leur caractère légal est un frein à un certain nombre d’activités et les oblige à demander des autorisations quasi systématiquement refusées.
-
[15]
Mises en place par le régime, elles sont tout à la fois un instrument d’islamisation et une forme de contrôle social. Ces lois recouvrent plusieurs domaines : manières acceptables de s’habiller, interdiction de l’alcool, interdiction de réunions politiques en public, etc. Ce sont des lois aux formulations souvent peu précises qui laissent un pouvoir d’arbitrage fort à la police.
-
[16]
Sabine Planel (dir.) « Espaces autoritaires, espaces (in) justes ? », Justice spatiale | spatial justice, 2015, 8.
-
[17]
Fréférique Matonti, Franck Poupeau, « Le capital militant. Essai de définition », Actes de la recherche en sciences sociales, 2004, 155.
-
[18]
Contrairement au PCS, qui a une attitude méfiante, voire hostile par moments, à l’égard de ces nouveaux mouvements.
-
[19]
Pour des raisons de sécurité des personnes, les entretiens auxquels nous faisons référence ont été entièrement anonymisés.
-
[20]
La torture a un effet fort sur les trajectoires des individus interrogés. Sur cette question voir Gilles Dorronsoro, « La torture discrète : capital social, radicalisation et désengagement militant dans un régime sécuritaire », European Journal Of Turkish Studies, 2008, ur1.ca/pg7v5.
-
[21]
Safia Ishag, militante de Girifna de 25 ans, a témoigné de son viol suite aux manifestations de janvier 2011 sur une vidéo mise en ligne et largement diffusée par Girifna.
-
[22]
« Moi et X nous n’avons pas eu de problèmes comme les autres femmes, nous venons de grandes familles. […] Ils ne savent pas si nous ne connaissons pas des gens importants. […] Ils voient où on habite, nos noms de famille, notre couleur de peau. […] Ils ne veulent pas de problèmes donc quand on demande à manger ils nous apportent ». Extrait d’entretien effectué le 18 novembre 2015 à Khartoum.
-
[23]
« Les conditions n’étaient pas bonnes quand j’ai été arrêté [en 2013] mais ils ne m’ont pas touché… enfin juste quelques coups tu sais… » Extrait d’entretien effectué à Khartoum le 14 décembre 2015.
-
[24]
Entretien avec Ahmed le 14 avril et le 8 décembre 2015 à Khartoum.
-
[25]
Entretien avec Hala le 21 avril 2015 à Khartoum.
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[26]
Entretien avec Mohamed le 8 décembre 2015 à Khartoum.
-
[27]
Hélène Combes et Olivier Fillieule, « De la répression considérée dans ses rapports à l’activité protestataire », op. cit.
-
[28]
Ces formations sont dispensées par des associations soudanaises en exil ou par des ONG internationales défendant les droits de l’homme. Elles prennent place le plus souvent en Ouganda, au Kenya ou en Égypte.
-
[29]
Entretien avec Mohamed M. le 9 décembre 2015 à Khartoum.
-
[30]
Ibid.
-
[31]
Cécile Pechu, « Les générations militantes à Droit au logement », Revue française de science politique, 2001, 51 et Mounia Bennani-Chraibi, « Parcours, cercles et médiations à Casablanca : tous les chemins mènent à l’action associative de quartier », in Mounia Bennani-Chraibi et Olivier Fillieule, Résistances et protestations dans les sociétés musulmanes, Paris, Presses de Sciences Po, 2003.
-
[32]
Douglas Mac Adam, « Recruitment to High Risk Activism. The case of Freedom Summer », American Journal of Sociology, 1986, 92/1 ; Xavier Crettiez « High risk activism : essai sur le processus de radicalisation violente », Pôle Sud, 2011, 35.
Des mouvements de contestation au Soudan ?
1 Khartoum et les principales villes soudanaises ont été, en 2012 puis en 2013, le théâtre d’importantes manifestations insurrectionnelles fortement réprimées, mais peu médiatisées. Déclenchées par la fin des subventions sur les carburants et l’augmentation des prix des produits de base, elles s’inscrivent dans un contexte marqué par une forte crise économique qui fait suite à la séparation du Soudan du Sud en 2011. Ces manifestations, limitées en juin-juillet 2012 à une population étudiante et à la jeunesse du centre-ville, prennent de l’ampleur en septembre 2013. Déclenchée sur des motifs économiques, cette nouvelle vague contestataire dépasse rapidement ce cadre pour demander la chute du régime, s’inscrivant à la fois dans la lignée des soulèvements des « Printemps arabes », et dans un contexte propre au Soudan. Le régime, conscient de l’ampleur du mouvement, réagit rapidement. En septembre 2013, le National Intelligence and Security Service (NISS) conduit une violente répression qui fera au moins 210 [1] morts en moins de trois jours et verra plusieurs milliers de manifestants et militants arrêtés. En amont, puis parallèlement à ces mobilisations, des mouvements de contestation urbains vont émerger au tournant des années 2010. Ces mouvements, Girifna, (« nous sommes rassasiés/ écœurés », « nous n’en pouvons plus »), et Sudan Change Now vont se structurer progressivement en toute illégalité dans un contexte de remise en cause de l’ordre établi.
2 À travers ces exemples récents et méconnus, cet article s’intéressera d’une part aux conditions d’émergence et de maintien de mouvements politiques – caractérisés par une organisation assez souple, une quasi-absence d’incitations sélectives, la mobilisation de ressources faibles (hors du capital social des militants) et un coût personnel extrêmement élevé [2] du militantisme – dans un environnement marqué par une répression féroce et multiforme, et d’autre part à comprendre l’évolution du champ politique soudanais au regard de l’émergence de ces mouvements. Nous reprendrons ici la catégorie utilisée par les acteurs en parlant de mouvements plutôt que de partis, car ils se créent en rupture avec l’espace partisan et n’ont pas vocation à prendre ou exercer le pouvoir. De plus leur système organisationnel diffère grandement de celui des partis politiques soudanais, qu’ils soient issus du mouvement islamique [3], des partis confrériques [4] ou de l’opposition de gauche [5].
3 La période ouverte par le coup d’État militaire de 1989 est marquée par de profondes transformations économiques, politiques et sociales [6]. On relèvera entre autres les politiques de libéralisation économique (1995-2000), les politiques d’islamisation de la société, l’afflux massif de pétrodollars (2000-2011), l’arrivée à Khartoum de très nombreux déplacés des conflits civils (Darfour, Monts Nouba, Est et Sud Soudan). Ces transformations participent de la production d’un espace urbain en mutation rapide, fortement inégalitaire et marqué par d’importantes tensions sociales et politiques.
4 Si la répression des opposants est l’un des traits caractéristiques du régime islamiste en place, celle-ci se comprend mieux comme enchaînement de plusieurs cycles [7]. Une première phase commence en 1989 et dure jusqu’au milieu des années 2000. Cette période est marquée par des purges d’ampleur dans les administrations, la police et l’armée, et par l’interdiction des organisations politiques. S’ouvre ensuite une période de calme relatif pendant laquelle les partis politiques sont autorisés et l’activité politique, toujours très contrôlée, se fait plus libre. Cette période d’ouverture est surtout marquée par les accords de paix signés en 2005 avec la Sudan People Liberation Army (SPLM) qui met fin à la seconde guerre civile soudanaise débutée en 1983. Ce processus d’ouverture va permettre la tenue d’élections présidentielle et législatives en 2010, qui reconduiront le National Congress Party (NCP) et le président Omar al-Bachir au pouvoir. Ce cycle de relative détente prend fin suite à l’indépendance du Sud Soudan en 2011. C’est à la fin de ce cycle politique particulier, avant la brutale reprise en main du régime en 2011, que vont apparaître les mouvements Girifna puis Sudan Change Now (SCN) [8]. Cet article est le fruit de plusieurs terrains de recherche menés en 2015 et 2016 sur ces mouvements à Khartoum et en Europe auprès d’exilés politiques.
5 Il nous semble qu’appréhender ces mouvements en termes de pratiques et de positionnements innovants, de contestation d’un ordre partisan, de trajectoires de militants, permet d’interroger les formes de la mobilisation mais aussi les tensions qu’ont produites ces nouvelles dynamiques, générées par l’irruption de nouveaux acteurs et répertoires d’actions [9], sur le modèle d’organisation partisane en contexte autoritaire. De plus, cette approche du partisan, à la lumière de mouvements qui redessinent les lignes des champs politiques, permet d’éclairer depuis une marge du monde arabe un mouvement de fond, commun à de nombreux pays de la région, d’émergence de nouvelles formes organisationnelles et de nouvelles manières de protester qui concurrencent les partis politiques.
6 Les mouvements Girifna puis Sudan Change Now (SCN) se singularisent par deux dynamiques qui permettent d’approcher leur émergence et leur persistance dans l’espace politique soudanais. D’une part, ils incarnent une rupture dans les pratiques contestataires, notamment au travers de leurs innovations militantes [10]. D’autre part, ils organisent ces pratiques dans des formes de clandestinité et d’illégalité construites en interaction avec les différentes formes de répression du pouvoir. Ces caractéristiques sont marquées de l’empreinte forte des réseaux de solidarité informels qui leur permettent de se maintenir, mais peuvent également expliquer les limites de leur diffusion au sein de la société soudanaise.
Repolitisation de l’espace urbain et innovations militantes : l’émergence de nouvelles formes de contestation au Soudan
Émergence de nouveaux mouvements de contestation
7 Girifna rappelle par son nom et ses pratiques d’autres mouvements du monde arabe et d’Afrique : « Kifaya » (« ça suffit ») en Égypte, « Y’en a marre » au Sénégal, etc. Ce mouvement trouve ses origines dans une campagne lancée en 2009 par un groupe d’étudiants pour encourager la population à voter aux élections de 2010 contre le pouvoir. Malgré la répression du régime, cette campagne prend de l’ampleur et attire de nombreux jeunes, membres de partis politiques, syndicalistes, étudiants, membres d’associations et d’ONG. Suite à la réélection d’Omar al-Bachir et face au succès de cette campagne, se pose la question de la poursuite du mouvement. Une partie des militants va former SCN à la fin de l’année 2010 même si la majorité choisit de rester au sein de Girifna. Si les deux mouvements partagent les mêmes revendications, de nombreuses pratiques, et collaborent sur la majorité des campagnes, c’est au niveau des structures et objectifs que les vues diffèrent. Girifna privilégie une structure horizontale, sans leaders dans son organisation et une méthode de propagande active et directe ; SCN, une organisation plus pyramidale et une volonté d’agir sur les partis, en plus de son activité de rue. Ces deux mouvements souhaitent par ailleurs voir tomber le régime sans négociation ; ils défendent l’idée d’un État séculier, demandent une plus grande justice sociale tout en dénonçant, dans un langage empruntant largement à la grammaire globalisée des droits de l’homme, les atteintes à l’intégrité physique des citoyens commises par le régime.
8 Ces mouvements ont initié ou participé avec d’autres mouvements militants, à plusieurs campagnes politiques ces dernières années. La première campagne d’importance après les élections de 2010 est Sudan Revolts, qui reçoit un écho puissant lors des manifestations de juin-juillet 2012. À travers un travail de propagande de rue, la diffusion de certains mots d’ordre et des rassemblements pour les manifestations du vendredi [11], voire dans certains quartiers par l’encadrement de manifestations [12] cette campagne visait à pousser la population à la révolte. Elle laissera ensuite place à d’autres campagnes, par exemple « Abena [13] » (« nous refusons »), qui cherchait également à provoquer un soulèvement et était en cours au moment où les manifestations de septembre 2013 éclatèrent.
Un répertoire d’actions innovant
9 L’irruption de ces deux mouvements a bouleversé le répertoire d’actions traditionnel de la contestation au Soudan. Ils vont en effet privilégier une action de rue protéiforme et d’intenses campagnes sur les réseaux sociaux là où les partis avaient plutôt tendance à utiliser un répertoire centré autour de dénonciations dans la presse ou de meetings politiques très encadrés par le pouvoir [14]. Ces nouveaux mouvements introduisent ainsi une rupture dans les manières de contester, notamment en ayant massivement recours aux outils numériques ; mais surtout en menant un « travail de rue » original et diversifié. Girifna et SCN organisent par exemple de nombreux public speeches sur les marchés de la ville, dans les gares, dans les bus et aux abords des universités, accompagnés d’une activité de tractage intense et d’une mise en scène aux couleurs du mouvement. De plus, une partie de l’activité consiste en la production d’une iconographie politique : tags, peintures murales, détournements des affiches politiques du parti au pouvoir. Ces actions, fortement innovantes dans le contexte soudanais, vont peu à peu se routiniser dans le paysage urbain jusqu’à être reprises par d’autres partis politiques. Cette repolitisation de l’espace urbain fait suite à une longue période de contrôle de l’espace public par le régime grâce notamment aux Public Order Laws [15] qui ont suscité, entre autres, une importante dépolitisation de cet espace. On assiste donc à une réappropriation partielle d’un espace public autoritaire [16] par ces mouvements.
10 Ce répertoire d’actions novateur se diffuse progressivement dans le reste de l’espace politique soudanais. Sa propagation s’effectue tant par le mimétisme des autres structures partisanes que par la multi-appartenance, multipositionnalité, des membres de Girifna et de SCN. Il est en effet courant que les militants appartiennent, ou aient appartenu, au Parti communiste soudanais (PCS), au Sudanese Congress Party (SCP), au syndicat étudiant Democratic Front, à des associations de quartier ou de défense des droits de l’homme. Pour autant, les relations entre les partis et ces nouveaux mouvements sont diverses et dépendent bien souvent de leur histoire mais aussi de la position occupée par le parti dans le champ politique soudanais. Par exemple, le SCP, de constitution plus récente, a tendance à valoriser les capitaux militants [17] acquis par ses membres actifs dans SCN et Girifna [18]. C’est ainsi qu’il a commencé à utiliser les public speeches et emprunte la forme d’un certain nombre de vidéos de SCN. Les militants du SCP peuvent alors reconvertir et faire valoir des capitaux militants acquis à l’extérieur et dont le parti, récent et en plein développement, a grand besoin.
11 L’émergence de ces mouvements et leur capacité à innover a profondément perturbé l’organisation d’une partie du champ politique soudanais, d’abord en poussant les partis traditionnels à se repositionner dans un espace d’opposition qu’ils dominaient largement jusqu’alors, puis en favorisant le transfert de capitaux militants à l’intérieur du champ, faisant ainsi évoluer la valeur relative d’une partie de ces capitaux sous forme de savoir-faire, comme la prise de parole publique, l’action de rue, la maitrise des nouvelles technologies.
Répression et dynamiques des formes de clandestinité des nouveaux mouvements de contestation
Des mouvements marqués par une répression forte, multiple et variable
12 Il est important de revenir sur les formes de la répression que ces mouvements subissent pour comprendre les effets qu’elle produit sur les organisations et sur les individus, mais aussi les façons dont l’appareil répressif s’adapte aux nouvelles formes de l’activité protestataire dans ce qui semble dessiner un système d’interaction.
13 Cette répression prend des formes différentes selon les moments, les lieux et les personnes. Si la répression à l’encontre des membres de Girifna et SCN s’inscrit dans la durée, elle est également ciblée et variable selon la temporalité. Elle est avant tout le fait de la sécurité intérieure, la NISS. L’emprisonnement et les arrestations administratives permettent la mise au secret des militants et donnent souvent lieu à des actes de torture, qui vont du passage à tabac à l’électrocution [19]. Toutefois, l’usage de la violence physique et les types de sévices pratiqués varient d’un individu à l’autre, selon des critères de genre, d’appartenance ethnique ou de position sociale. Ainsi, les militantes, qui souffrent d’un accès restreint à l’espace public et d’un coût d’entrée à l’espace politique supérieur, peuvent également subir des violences sexuelles lors de leurs arrestations [20]. C’est le cas d’une militante de Girifna, sauvagement violée lors de son arrestation en 2011 par des membres de la NISS à Khartoum [21]. À l’inverse, une autre militante de SCN, Rana, membre d’une vieille famille de commerçants et habitant dans un quartier huppé de la capitale, sera bien traitée lors de son arrestation par les mêmes services en 2013 [22].
14 De même, un porte-parole de SCN, médecin et ancien cadre du PCS, évitera, probablement en raison de sa surface médiatique [23], le traitement reçu par un militant, torturé pendant trois mois et dont les séquelles l’obligeront à se rendre en Égypte pour se faire opérer de l’œil et du dos [24]. Enfin, nous observons des pics d’arrestations qui correspondent soit à une réaction de la NISS aux campagnes organisées par les mouvements ou lors des mobilisations de 2012 et 2013, soit à une action préventive lors des anniversaires de ces mobilisations ou lors d’élections. Néanmoins, ces pics d’arrestations ne concernent pas tous les militants : les services de sécurité ciblent les leaders de SCN et les militants les plus actifs de Girifna. Cette politique de répression forte mais variable crée une forte incertitude chez les militants.
15 Cette répression ne se limite pas aux sévices ou aux arrestations, mais prend également la forme de menaces sur les familles. C’est le cas de cette militante, Hala, dont la famille a reçu la visite d’officiers de la NISS, menaçant de réserver un sort peu enviable à leur fille et de répandre des rumeurs quant à sa « vertu » [25]. Ou encore ce militant dont le frère a été agressé physiquement par des membres de la NISS [26]. De manière moins évidente mais sensible pour les militants, la répression tend à créer une incapacité à militer par un harcèlement économique et administratif. Celui-ci, s’il n’est pas systématique, fonctionne néanmoins selon les lignes suivantes : une fois identifié, il devient impossible de travailler dans le secteur public, dans les grandes entreprises privées dirigées par une bourgeoisie affairiste liée au régime, pour des ONG internationales, car celles-ci doivent soumettre leur recrutement à la Humanitarian Aid Commission, une administration étatique. S’il n’est pas impossible de travailler, puisqu’un certain nombre de militants sont médecins, professeurs dans des institutions privées ou travaillent dans des entreprises ou associations non liées au régime, il reste difficile, sans l’aide familiale, pour des militants possédant un capital scolaire et culturel assez élevé, de trouver des emplois stables.
16 Les formes de la répression et de la contestation imposent de s’adapter – selon la technique de l’échange de coups [27]. Par exemple, Girifna avait pour habitude de filmer ses discours de rue, mais à partir de 2013-2014, les militants se sont rendus compte que ces vidéos commençaient à être utilisées dans les procédures menées par les autorités à leur encontre. Ils ont en conséquence arrêté de filmer ces interventions. De même, après avoir pris conscience de l’utilisation de contenu Facebook et Twitter comme preuve de leur implication dans les mouvements lorsqu’ils relayaient les posts ou tweets des sites et pages officielles des mouvements, de nombreux militants ont fermé les pages à leur nom et commencé à suivre des formations de sécurité informatique à l’extérieur du pays [28]. Suite aux répressions de 2013, les militants postent des guetteurs lors de manifestations à risque. Ce type d’exemples peut paraître anodin ; il illustre cependant la manière dont les stratégies mises en place par les institutions, les groupes ou les individus, produisent des effets dans les interactions entre répression et contestation.
17 Ces deux nouveaux mouvements, en partie conscients des risques liés à leur activité, ont mis en place très rapidement des pratiques de secret et des techniques pour éviter les arrestations. La majeure partie de ces techniques relève de formes de bricolage et repose sur des liens de sociabilité forts à l’intérieur des groupes et dans leur environnement social. Il ne faut pourtant pas négliger certains transferts de véritables capitaux militants de l’illégalisme et de la clandestinité, provenant d’un apprentissage à l’intérieur de partis politiques œuvrant dans une clandestinité beaucoup plus forte jusque dans le milieu des années 2000 comme le PCS par exemple.
Fluctuations et formes de la semi-clandestinité
18 L’enjeu ici est de comprendre les différentes dynamiques que produit la clandestinité au sein de ces mouvements, au regard de l’illégalisme et de la construction de savoir-faire spécifiques relevant du secret. Nous préférons parler de semi-clandestinité, car ces mouvements interdits par les autorités mènent des actions illégales vécues comme légitimes, et le secret qui caractérise les savoir-faire spécifiques ne provoque pas pour autant un passage dans une clandestinité complète, marquée par une discipline très stricte et des changements d’identité.
19 Ces mouvements de contestation sont en permanence tiraillés entre leur objectif de faire tomber le gouvernement, et donc la nécessité d’entretenir une certaine visibilité, une ouverture à l’espace social public, et les besoins organisationnels et personnels imposés par la répression. Ainsi, lors des discours sur les marchés ou aux stations de bus, les militants postent des guetteurs ou prévoient une voiture pour fuir rapidement. Les réunions sont toujours tenues secrètes, y compris vis-à-vis d’une partie des militants. Ces mouvements, par le biais de réseaux de solidarité informels ou familiaux, ont par ailleurs recours à des safe houses dans lesquelles ils se cachent lors des vagues d’arrestations. Ce sont le plus souvent des caches ad hoc et informelles. Ce fut le cas pour plusieurs membres de Girifna, qui se sont cachés pendant plusieurs semaines dans un appartement appartenant à un ami d’un des recherchés [29]. Les membres de Girifna notamment possèdent des réseaux informels d’entraide très forts. Ils ont ainsi réussi à plusieurs reprises à exfiltrer hors du pays des personnes recherchées activement via différentes techniques requérant des réseaux importants et des savoir-faire clandestins très précis [30].
20 La répression sanglante des journées de septembre a provoqué une prudence encore plus accrue de la part des militants. Cette tension permanente entre sécurité et visibilité entraine des effets forts sur les organisations et avant tout sur les processus de recrutement. Cette dernière question prend une dimension particulière pour un mouvement politique en clandestinité. La capacité de ces mouvements à attirer de nouvelles personnes est indéniable, ce que l’on peut noter au travers d’un renouvellement militant et l’existence, en très peu de temps, de plusieurs générations de militants [31]. Pour autant, ce recrutement s’effectue avant tout par réseaux : réseaux d’interconnaissances de voisinage, de groupes d’amis, de camarades étudiants, d’anciens militants, de réseaux culturels. Les solidarités de quartier jouent ici un rôle particulièrement important. Il est en effet commun que des quartiers, ou subdivisions de quartiers, possèdent une identité forte pour diverses raisons (histoire, homogénéité sociale, économique, ethnique ou tribale liée, entre autres, aux processus de regroupement de la famille élargie dans les mêmes rues ou blocks, à la faible mobilité urbaine des habitants, etc.). Ainsi un certain nombre de militants racontent comment ils ont pu s’échapper lors de tentatives d’arrestations, l’un dans le coffre d’un voisin âgé n’ayant aucune sympathie pour le mouvement, d’autres par les accès existant entre maisons mitoyennes appartenant à des voisins ou des membres de la famille élargie.
21 Si la superposition de ces réseaux crée une dynamique de recrutement évidente, elle la limite également. Le fait que les nouveaux membres doivent appartenir à ces réseaux, à des cercles de confiance, fait obstacle à un élargissement de leur base et à la diversification sociale, géographique et ethnique des membres du groupe. Pour autant cette relative homogénéité sociale, et surtout les liens de sociabilité préexistants et forts, constituent l’une des conditions rendant possible cette dynamique contestataire aux pratiques semi-clandestines et son inscription dans le temps. Dès lors, il n’est pas surprenant qu’à l’intérieur de ces deux groupes, Girifna et SCN, un certain nombre de sous-groupes ou de générations aient développé des liens très forts. Les militants les plus anciens ont connu ensemble, à l’université, alors qu’ils appartenaient à différentes organisations politiques, la très violente répression des années 1990 et forment une cohorte homogène. C’est notamment cette génération, du fait de son expérience de clandestinité dans les années 1990, qui va transmettre pratiques et savoir-faire. Par ailleurs, une cohorte peut aussi prendre la forme de groupes habitant le même quartier, s’étant socialisés ensemble par étapes au politique et partageant des expériences communes comme les manifestations de 2012, des arrestations, etc. Ces liens de sociabilité forts qui dépassent largement les cercles de la pratique militante ont tendance à créer des communautés d’émotions suffisamment puissantes pour rendre coûteuse une sortie définitive. La répression des organes du mouvement ou de certains acteurs ciblés, si elle affaiblit les mouvements, ne les empêche alors pas de poursuivre leur action : les militants, en plus d’une filiation militante importante et d’expériences militantes antérieures qui rend l’engagement à haut risque [32] plus envisageable, s’appuient sur un entrelacs de réseaux de solidarité et de sociabilité aux échelles très fines du quartier, de la famille, de l’université pour construire leurs actions.
22 Ainsi, l’émergence de nouveaux groupes contestataires a bousculé l’espace politique soudanais. Cet élan nouveau, qui s’incarnera dans les manifestations de 2012 et 2013, subit néanmoins un ralentissement ces dernières années et une forme de digestion de ses pratiques par les partis politiques. En effet les vagues de répression, en plus d’épuiser les militants, ont tendance à entrainer la fermeture de mouvements pensés comme inclusifs au départ et poussent de nombreux militants à des exils plus ou moins longs. Pour autant, comme le montre la campagne « Les élections du sang » menée lors des dernières élections en mai 2015, ces mouvements possèdent encore une vitalité certaine qui s’adosse à des liens de solidarité et de sociabilité antérieurs ou forgés par l’expérience commune. Il semble que ces liens forts soient l’une des conditions de l’inscription dans le temps de ce type nouveau de mouvement de contestation au Soudan. Enfin ces mouvements font face depuis deux ans à la question de leur pérennisation et de leur institutionnalisation. Pour autant, il semble que SCN, qui a réussi à tenir secrètement son congrès en 2016 à Khartoum et à renouveler une partie de ses cadres, s’installe dans la durée et soit de plus en plus accepté comme un joueur hybride par l’opposition soudanaise. ■
Notes
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[1]
Chiffre communiqué à la presse par le syndicat des médecins soudanais.
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[2]
Sur l’impossibilité d’appréhender et d’expliquer les mobilisations dans des contextes d’intense répression par un certain nombre de théories des mobilisations, comme la théorie des choix rationnels, du choc émotionnel ou de la mobilisation des ressources, voir Adam Baczko, Gilles Dorronsoro, Arthur Quesnay, « Mobilisations par délibérations et crises polarisantes. Les protestations pacifiques en Syrie (2011) », Revue française de science politique, 2013, 63/5.
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[3]
National Congress Party (au pouvoir), Popular Congress Party d’Hassan Al Tourabi (opposition modérée), etc.
-
[4]
Le Soudan était dominé lors des rares périodes électives par les deux grands partis confrériques : le Oumma Party de la famille Al Mahdi, adossé à la confrérie des Ansar, et le Democratic Unionist Party, mené par la famille Al Mirghani, adossé à la confrérie de la Khatmiyya.
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[5]
Le Parti communiste soudanais, le Sudanese Congress Party, les différents partis Ba‘th, nassérien, socialiste, etc.
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[6]
Barbara Casciarri, Munzoul Assal et François Ireton (dir.), Multidimensional Change in Sudan (1989-2011). Reshaping Livelihoods, Conflicts and Identities, Oxford / New York, Berghahn Books, 2015.
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[7]
Sur le concept de cycle de protestation voir Sidney Tarrow, Democracy and Disorder, Protest and politics in Italy 1965-1975, Clarenton Press, Oxford, 1989. Sur les limites de ce concept voir entre autres Hélène Combes et Olivier Fillieule, « De la répression considérée dans ses rapports à l’activité protestataire. Modèles structuraux et interactions stratégiques », Revue française de science politique, 2011, 61/6.
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[8]
Connu en arabe sous le nom d’al-Taghyir al’an, « le changement maintenant ». Ce mouvement utilise de manière indifférenciée son nom en arabe et en anglais.
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[9]
Sur la notion de répertoire d’actions et ses limites, voir entre autres Charles Tilly, « Les origines du répertoire de l’action collective contemporaine en France et en Grande-Bretagne », Vingtième siècle. Revue d’Histoire, 1984, 4 ; Michel Offerlé, « Retour critique sur les répertoires de l’action collective (XVIIIe-XXIe siècles) », Politix, 2008, 81.
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[10]
Marie-Emmanuelle Pommerolle « Routines autoritaires et innovations militantes. Le cas d’un mouvement étudiant au Cameroun », Politique africaine, 2007, 108.
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[11]
Ces vendredis ont, non sans humour, été nommés les « Sandstorm Friday » en référence aux tempêtes de sable (haboub) courantes au Soudan ou les « Lick your elbow Friday » en réponse à l’un des cadres du régime soudanais, Nafie Ali Nafie, qui a déclaré suite aux premières manifestations qu’il était aussi impossible de faire tomber le régime que de lécher son coude.
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[12]
Lors des manifestations de 2012 un certain nombre de manifestations à Omdurman étaient encadrées par des militants de Girifna pour gérer divers aspects : rendez-vous, parcours, soutien logistique pour les blessés et pour bloquer les rues, etc.
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[13]
Cette campagne essayait de provoquer des manifestations par un travail de propagande intense dans un certain nombre de quartiers présélectionnés.
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[14]
Ces partis « enregistrés » subissent une pression importante. Leur caractère légal est un frein à un certain nombre d’activités et les oblige à demander des autorisations quasi systématiquement refusées.
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[15]
Mises en place par le régime, elles sont tout à la fois un instrument d’islamisation et une forme de contrôle social. Ces lois recouvrent plusieurs domaines : manières acceptables de s’habiller, interdiction de l’alcool, interdiction de réunions politiques en public, etc. Ce sont des lois aux formulations souvent peu précises qui laissent un pouvoir d’arbitrage fort à la police.
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[16]
Sabine Planel (dir.) « Espaces autoritaires, espaces (in) justes ? », Justice spatiale | spatial justice, 2015, 8.
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[17]
Fréférique Matonti, Franck Poupeau, « Le capital militant. Essai de définition », Actes de la recherche en sciences sociales, 2004, 155.
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[18]
Contrairement au PCS, qui a une attitude méfiante, voire hostile par moments, à l’égard de ces nouveaux mouvements.
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[19]
Pour des raisons de sécurité des personnes, les entretiens auxquels nous faisons référence ont été entièrement anonymisés.
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[20]
La torture a un effet fort sur les trajectoires des individus interrogés. Sur cette question voir Gilles Dorronsoro, « La torture discrète : capital social, radicalisation et désengagement militant dans un régime sécuritaire », European Journal Of Turkish Studies, 2008, ur1.ca/pg7v5.
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[21]
Safia Ishag, militante de Girifna de 25 ans, a témoigné de son viol suite aux manifestations de janvier 2011 sur une vidéo mise en ligne et largement diffusée par Girifna.
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[22]
« Moi et X nous n’avons pas eu de problèmes comme les autres femmes, nous venons de grandes familles. […] Ils ne savent pas si nous ne connaissons pas des gens importants. […] Ils voient où on habite, nos noms de famille, notre couleur de peau. […] Ils ne veulent pas de problèmes donc quand on demande à manger ils nous apportent ». Extrait d’entretien effectué le 18 novembre 2015 à Khartoum.
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[23]
« Les conditions n’étaient pas bonnes quand j’ai été arrêté [en 2013] mais ils ne m’ont pas touché… enfin juste quelques coups tu sais… » Extrait d’entretien effectué à Khartoum le 14 décembre 2015.
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[24]
Entretien avec Ahmed le 14 avril et le 8 décembre 2015 à Khartoum.
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[25]
Entretien avec Hala le 21 avril 2015 à Khartoum.
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[26]
Entretien avec Mohamed le 8 décembre 2015 à Khartoum.
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[27]
Hélène Combes et Olivier Fillieule, « De la répression considérée dans ses rapports à l’activité protestataire », op. cit.
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[28]
Ces formations sont dispensées par des associations soudanaises en exil ou par des ONG internationales défendant les droits de l’homme. Elles prennent place le plus souvent en Ouganda, au Kenya ou en Égypte.
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[29]
Entretien avec Mohamed M. le 9 décembre 2015 à Khartoum.
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[30]
Ibid.
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[31]
Cécile Pechu, « Les générations militantes à Droit au logement », Revue française de science politique, 2001, 51 et Mounia Bennani-Chraibi, « Parcours, cercles et médiations à Casablanca : tous les chemins mènent à l’action associative de quartier », in Mounia Bennani-Chraibi et Olivier Fillieule, Résistances et protestations dans les sociétés musulmanes, Paris, Presses de Sciences Po, 2003.
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[32]
Douglas Mac Adam, « Recruitment to High Risk Activism. The case of Freedom Summer », American Journal of Sociology, 1986, 92/1 ; Xavier Crettiez « High risk activism : essai sur le processus de radicalisation violente », Pôle Sud, 2011, 35.